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Comment écrire au président de la République
et ne recevoir aucune réponse
– et autres guitares
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• 22 février 2017
Leçon 221. – Problème de ponctuation

Citation* :

[L’Express] Que représentent les violences à caractère sexuel parmi les procédures ouvertes à l’IGPN? 

— [Mme Monéger-Guyomarc’h, directrice de l’IGPN] Les enquêtes relatives à des violences sexuelles sont très marginales. Elles concernent très rarement des affaires de relations sexuelles entre un policier et une personne fragilisée ou des accusations d’attouchements durant des palpations de sécurité.
 
— Comprenez-vous la défiance à l’égard des policiers qui enquêtent sur les policiers? 

— Le procès fait à l’IGPN de protéger les policiers est un procès que je n’accepte pas. Nous avons d’ailleurs au sein de la police la réputation inverse, que je n’accepte pas davantage.

Jeu : quelle différence entre « concernent très rarement des affaires de relations sexuelles entre... » et « concernent, très rarement, des affaires de relations sexuelles entre... », avec deux virgules ?

Après « concernent très rarement des affaires de relations sexuelles entre... », on s’attend, par exemple, à lire : « et elles concernent le plus souvent des affaires de relations sexuelles entre... », mais rien ne vient, le propos s’arrête là, et le journaliste passe à un autre sujet (la défiance à l’égard des policiers).
Il faut donc mettre deux virgules, et conclure que les violences sexuelles dans la police ne concernent que les deux cas cités (le lecteur peut cependant en imaginer d’autres).
L’absence de virgules laisse planer un doute sur ou dénature légèrement le sens du propos de Mme Monéger-Guyomarc’h (surtout si elle a bien marqué les virgules par une pause vocale et une intonation particulière).

La solution aurait été de dire ou d’écrire (en supposant que la directrice de l’IGPN a pu relire le texte de l’interview avant de donner son accord pour la publication) : « Les enquêtes relatives à des violences sexuelles sont très rares. Elles concernent uniquement des affaires de relations sexuelles entre... ».

——
* http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-patronne-de-l-igpn-personne-ne-nie-que-l-affaire-theo-est-epouvantable_1881210.html

 

• 5 mars 2017
Leçon 222. – La Marseillaise : même pas capables de s’accorder sur un couplet commun, les Français

Les Français semblent incapables de s’accorder sur un couplet chanté commun, donc non cacophonique.

Paroles selon le site de l’Assemblée nationale :

Allons ! Enfants de la Patrie !
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L’étendard sanglant est levé ! (Bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes

Parmi les variantes chantées, on entend cohabiter :

— L’étenda-ard sanglant/L’étendard san-anglant
— Entendez-vous dans les campagnes/Entendez-vous dans vos campagnes
— Ils viennent jusque dans vos bras/Ils viennent jusque dans nos bras
— Égorger vos fils [fi-sseu], vos compagnes/ Égorger vos fils et vos compagnes

Faut-il chanter « L’étendard san-an-glant est levé » ou « l’étenda-ard sanglant est levé » ? Question à trancher par une personne sachant lire une partition.
N. B. Pour avoir souvent chanté la Marseillaise et l’avoir souvent entendu chanter, je peux dire qu’on ne fait plus la liaison de sang impur [sankinpur], comme on la fait, par exemple, dans suer sang et eau [sankéo], dans Bourg-en-Bresse [bourkanbress], etc.

— Même le Larousse 2011 patauge un peu dans l’équivoque :

Marseillaise (la) : chant patriotique [...] devenu l’hymne national français. [...] Il [ce chant] prit le nom de Marseillaise.

Il prit le nom de Marseillaise ou de la Marseillaise ? Le nom du chant est la Marseillaise selon le Larousse lui-même. Entrée : « Marseillaise (la) ».

— Sur le site de l’Elysée, c’est pire, c’est même apocalyptique (nombreuses fautes de ponctuation, comme « Allons enfants de la patrie » [sans ponctuation après Allons], d’orthographe grossières jamais corrigées quoique signalées par moi à François Hollande par courriel, etc.). rose Mise à jour 2023 : la Marseillaise, partiellement corrigée, est ici.
J’en ai parlé ici dans les textes intitulés Troisième courriel, Quatrième courriel, Cinquième courriel et Leçon 1.

rose Mise à jour. Voir la leçon 961 et ses suivantes.
marronnasse Mots clés : prononciation, diction.

 

• 8 mars 2017
Leçon 223. – La Marseillaise, suite

Mireille Mathieu chantant La Marseillaise en 1988* :

— L’étenda-ard sanglant est levé [et non L’étendard san-anglant...]
— Ils viennent jusque dans nos bras [au lieu de ... vos bras]
— Égorger nos fils, nos compagnes [au lieu de ... vos fils, vos compagnes]
— Qu’un sang impur [prononcé san inpur au lieu de san kinpur]

rose Mise à jour.Voir la leçon 961 et ses suivantes.
marronnasse Mots clés : prononciation, diction.

——
* https://youtu.be/7va62mL_LYU

 

• 19 mars 2017
Leçon 224. – « Une virgule à dix millions de dollars »

Aux États-Unis, la place d’une virgule dans un contrat pourrait faire basculer un procès. Une histoire de grammaire rapportée par le New York Times.
PAR 6MEDIAS**
Publié le 19/03/2017 à 19:02 | Le Point.fr

——
* http://www.lepoint.fr/monde/justice-une-virgule-a-dix-millions-de-dollars-19-03-2017-2113111_24.php

Archive : https://archive.is/MvsQG

** Attention cependant, j’ai remarqué que l’agence 6Medias n’est pas toujours fiable.

Mise à jour du 16-II-18. Voir la leçon 422.

 

• 6 avril 2017
Leçon 225. – « Et tout le bataclan »
, « détail » et « inapproprié »

— « Et tout le bataclan », voilà une expression que nous pourrons plus utiliser avant longtemps — seulement dans nos monologues intérieurs.
A partir de 1987, il en a été ainsi pendant quelques années du mot « détail ».

Littré : « bataclan, s. m. Attirail embarrassant. Il a renvoyé tout son bataclan. Populaire ».

— En revanche, certains mots sortent de l’ombre, pour des raisons que l’on connaît également*, comme « inapproprié », et sont servis à toutes les sauces.

Exemple ce 6 avril 2017 : « L’évêque de Dax (Landes) a présenté sa démission après avoir été accusé d’“attitudes et de paroles inappropriées” vis-à-vis de jeunes. »

http://www.leparisien.fr/societe/attitudes-inappropriees-a-l-egard-de-jeunes-demission-de-l-eveque-de-dax-06-04-2017-6830283.php

——
* Affaire Bill Clinton-Monica Lewinsky, 1998.

 

• 7 avril 2017
Leçon 226. –
Les aliénés du NPA tendance Claire*

Extrait de https://tendanceclaire.org/article.php?id=1178** :

Il est impossible et il n’est pas souhaitable de décréter qu’un groupe de camarade [sic] est plus ou moins aliéné·e [sic].

Noter que le point interne de aliéné·e s’écrit légèrement au-dessus de la ligne de base.
Ce point est appelé « point milieu » dans le Manuel d’écriture inclusive publié par Mots-Clés en 2016, téléchargeable ici.

Extrait du Manuel d’écriture inclusive :

Le point milieu permet d’affirmer sa [sic] fonction singulière d’un point de vue sémiotique et par là d’investir « frontalement » l’enjeu discursif et social de l’égalité femmes /hommes.

——
* Claire : « Communisme, la Lutte Auto-organisée, Internationaliste et RévolutionnairE ».

** Archive de l’article du NPA : https://archive.is/eCLuK

 

• 20 avril 2017
Leçon 227. –
Tweet de l’Elysée sur le chemin des Dames

"Ils furent un million à participer à la bataille et à tomber tous les jours"
@fhollande #CheminDesDames

https://twitter.com/Elysee/status/853545587379232771

Un million de tués ou de blessés par jour, ça commence à faire beaucoup. Vivement que François Hollande reprenne le chemin de Tulle, qui lui va beaucoup mieux que le chemin des Dames.

Archive : https://archive.is/s1CmI

 

• 20 avril 2017
Leçon 228. –
Le Paris historique et littéraire

Incursion en date du 20 avril 2017 hors de mon domaine sur le site https://www.facebook.com/groups/paris.insolite à propos de l’histoire de l’église Saint-Roch de Paris.
Dans cette église se trouve la tombe (ou le cénotaphe ?) du grand Corneille, mort en 1684.

 

• 20 avril 2017
Leçon 229. –
Guillemets de citation galvaudés. Dilettantisme et mépris du lecteur

Les principes de base, puérils et honnêtes de la communication écrite une fois de plus royalement ignorés par un de ceux qui se disent des professionnels de l’information et qui nous le font parfois un peu lourdement savoir.

Selon l’article*, François Hollande aurait déclaré :

« Je laisserai à mon successeur un pays en bien meilleur état que celui que j’ai trouvé. »

Ce qui donne le titre fautif suivant :

François Hollande : « Je laisserai un pays en bien meilleur état que je l’ai trouvé. »

Au moins deux fautes dans le titre cet article : la disparition de « à mon successeur » n’est pas signalée par des crochets ; et « que celui que j’ai trouvé » a été remplacé par « que je l’ai trouvé », peut-être pour faire plus court.
Le seul titre court qui eût pu convenir est le suivant : « Je laisserai [...] un pays en bien meilleur état que celui que j’ai trouvé. »
Si une citation n’est pas exacte, on ne met pas de guillemets sans avoir signalé entre crochets les modifications qu’on y a faites. En dehors de ça, nous sommes une fois de plus dans la défèque-news et dans l’amateurisme ordinaire galopant ; guillements plutôt que guillemets et citation arrangée plutôt que citation.

——
* http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/04/20/35003-20170420ARTFIG00187-francois-hollande-je-laisserai-un-pays-en-bien-meilleur-etat-que-je-l-ai-trouve.php

Archive : https://archive.is/ll2bB

 

• 25 avril 2017
Leçon 230. – D
es « créanciers gais et illégitimes »

Singulier emploi du mot « gai » dans César Birotteau, de Balzac.

Les créanciers gais et illégitimes sont comme de faux électeurs introduits dans le Collége Electoral. Que peut faire le créancier sérieux et légitime contre les créanciers gais et illégitimes ? s’en débarrasser en les attaquant ! Bien. Pour chasser l’intrus, le créancier sérieux et légitime doit abandonner ses affaires, charger un Agréé de sa cause, lequel Agréé, n’y gagnant presque rien, préfère diriger des faillites et mène peu rondement ce procillon. Pour débusquer le créancier gai, besoin est d’entrer dans le dédale des opérations, de remonter à des époques éloignées, fouiller les livres, obtenir par autorité de justice l’apport de ceux du faux créancier, découvrir l’invraisemblance de la fiction, la démontrer aux juges du tribunal, plaider, aller, venir, chauffer beaucoup de cœurs froids ; puis, faire ce métier de don Quichotte à l’endroit de chaque créancier illégitime et gai, lequel, s’il vient à être convaincu de gaîté, se retire en saluant les juges et dit : — Excusez-moi, vous vous trompez, je suis très-sérieux. Le tout sans préjudice des droits du Failli, qui peut mener le don Quichotte en Cour royale. Durant ce temps, les affaires de don Quichotte vont mal, il est susceptible de déposer son bilan.
Morale : Le débiteur nomme ses Syndics, vérifie ses créances et arrange son Concordat lui-même.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k912389/f250.item.r=ill%C3%A9gitimes

On peut dire qu’ici « gai » s’oppose à « sérieux » et qu’il a le sens de « factice, non réel ».

 

• 2 mai 2017
Leçon 231. – Le journalisme à la louche : bâclage ou amateurisme, 1

Remarquer la différence entre le titre et le texte :

Cité de la musique : 1000 artistes contre le FN

et

Un millier de représentants du monde de la culture

Un représentant du monde de la culture n’est pas nécessairement un artiste (exemple, la ministre de la Culture Audrey Azoulay, présente à cette manifestation, n’est pas une artiste, mais peut être considérée comme une représentante du monde de la culture).

——
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/05/02/97001-20170502FILWWW00327-cite-de-la-musique-1000-artistes-contre-le-fn.php

Archive : https://archive.is/OAmRv

 

• 3 mai 2017
Leçon 232. – Le journalisme à la louche : bâclage ou amateurisme, 2

A lire, un bon exemple d’analyse de texte complètement loupée (mal écrite, exemples trop rares et surtout non convaincants, voire farfelus ; aucun exemple n’est convaincant ni même compréhensible). Le titre était pourtant très prometteur pour qui s’intéresse à la langue française :

Macron et Le Pen : leurs 6 erreurs de style oratoire

http://www.lefigaro.fr/entrepreneur/2017/04/29/09007-20170429ARTFIG00008-macron-et-le-pen-leurs-6-erreurs-de-style-oratoire.php

Archive : https://archive.is/hSbAd

Le journalisme à la louche est de plus en plus répandu dans les grands médias du web (les textes de l’AFP en font partie). C’est pire chaque année et dix fois pire qu’il y a dix ans. Il est manifeste que les journalistes stagiaires ont pris le pouvoir sur le web d’information professionnel.

 

• 6 mai 2017
Leçon 233. – Littré, s’embarbotter et s’embarbouiller

s’embarbotter
v. réfléchi.
Ne pas pouvoir sortir des phrases qu’on a commencées.
“Va donc, et ne t’embarbotte pas comme tout à l’heure”, Théaulon et Bayard, le Père de la débutante, III, 4.

s’embarbouiller
v. réfléchi.
Se perdre dans ce qu’on dit.
“Les conférences continuaient à Rastadt ; Villars s’y embarbouilla si mal, qu’il fallut le désavouer”, Saint-Simon, 353, 151.

« Si mal, qu’il fallut », la virgule de l’exemple est fautive ; on trouve de très nombreux exemples de « tant, que... » et de « tellement, que... » dans la littérature et dans la prose courante ; si nombreux qu’on dirait que, par exemple au XIXe siècle, mettre là une virgule était la règle.

Beaumarchais (1732-1799), Requête à MM. les représentants de la commune de Paris :

« Tant de gens m’en semblent avides , qu’un homme las qui se retire , doit trouver grâce devant eux. »

Observer aussi les espaces avant les virgules, pratique fréquente autrefois.
La formulation correcte est sans virgule aucune : « Tant de gens m’en semblent avides qu’un homme las qui se retire doit trouver grâce devant eux. »

 

• 9 mai 2017
Leçon 234. – « Elle m’a manquée »/« Elle m’a manqué »

Lettre de Marion Maréchal-Le Pen à Vaucluse Matin-le Dauphiné libéré* :

« J’ai beaucoup manqué à ma petite fille dans ses premières années si précieuses. Elle m’a aussi terriblement manquée. Il est essentiel que je puisse lui consacrer plus de temps », écrit-elle.

« Elle m’a manquée » et « Elle m’a manqué » sont possibles sous la plume d’une femme parlant d’une femme, mais les significations sont bien différentes : manquer quelqu’un n’est pas manquer à quelqu’un. Ici il fallait écrire « Elle m’a manqué ».

——
* http://www.ledauphine.com/vaucluse/2017/05/09/pourquoi-j-arrete-marion-marechal-le-pen-s-explique-dans-un-courrier-transmis-a-notre-redaction

Archive : https://archive.is/s2YZL

 

• 15 mai 2017
Leçon 235.
– Règles officielles de l’état civil : l’utilisation des signes diacritiques dans les prénoms, les lettres interdites

[Citation.]
Les voyelles et consonne accompagnées d’un signe diacritique connues de la langue française sont : à, â, ä, é, è, ê, ë, ï, î, ô, ö, ù, û, ü, ÿ, ç.
Ces signes diacritiques peuvent être portés tant sur les lettres majuscules que sur les minuscules.
[...]
Les parents peuvent choisir les prénoms de leurs enfants, pouvant à cet égard faire usage d’une orthographe non traditionnelle, sous réserve toutefois qu’elle ne comprenne que les lettres diacritées [...] ci-dessus rappelées.
[Fin de citation.]

Suite des règles ici (où il est également question des ligatures admises) : http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2014/07/cir_38565.pdf

Voir aussi l’article d’Ouest France « Son fils ne pourra pas s’appeler Fañch » (le ñ n’étant pas accepté par l’état civil) :

http://www.ouest-france.fr/bretagne/quimper-29000/finistere-son-fils-ne-pourra-pas-s-appeler-fanch-4990874

Archive de l’article : https://archive.is/agXxR

 

• 21 mai 2017
Leçon 236.
– Philippe Meyer contre l’invasion de l’anglais

Article du 21 mai 2017.

http://www.lamontagne.fr/paris/opinion/2017/05/21/servitude-volontaire_12410198.html

 

• 25 mai 2017
Leçon 237.
– L’oxymore du jour : un « incident terroriste », par Ingrid Riocreux

http://blog.causeur.fr/lavoixdenosmaitres/loxymore-du-jour-un-incident-terroriste-00497.html

(A mon avis, c’est plus un problème d’incompétence en langue française chez la canaille plumitive qu’une volonté de minimiser. J’ai remarqué plus d’une fois qu’elle ignore — ou veut ignorer — les nuances de langue les plus évidentes pour le Français moyen, mais personne parmi les gens de la profession ne proteste. L’AFP et la plupart des journaux du web sont des nids de bafouilleurs. La plupart des articles gratuits du web semblent être écrits par des débutants et par des stagiaires.)

 

• 26 mai 2017
Leçon 238.
– Les fausses citations du Point.fr

[Titre] Macron promet à May de faire "tout son possible" contre le terrorisme
[Texte] Emmanuel Macron fera "tout ce qui est possible" pour aider le Royaume-Uni à lutter contre le terrorisme. Telle est la promesse du président français faite à la dirigeante britannique Theresa May.
Source AFP
Publié le 26/05/2017 à 12:17 | Le Point.fr

Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron n’a pas pu déclarer « Je ferai tout son possible. »
Cela dit, le spécialiste, le champion toute catégorie des fausses citations dans les titres est sans conteste Fdesouche.com* (site de non-professionnels, voire d’amateurs bricoleurs ; que les amateurs se conduisent en amateurs, rien de surprenant, mais que les professionnels se conduisent en amateurs est choquant).
Noter que la source de l’article est l’AFP, que j’accuse ici souvent d’amateurisme.

Enfin, on peut se demander s’il s’agit véritablement d’une promesse (« Telle est la promesse du président ») ou si c’est un simple engagement (moins solennel que la promesse) ; on peut se demander si l’emploi du verbe promettre ne vise pas à racoler, à sensationnaliser l’information, qui est au demeurant très fade, banale et on ne peut plus attendue.

Il y aurait deux ou trois autres remarques à faire sur ce très court texte, mais je ne veux pas lasser le lecteur.

Guillemets de citation galvaudés, voir aussi la leçon 229 ci-dessus.

——
* Fdesouche (qui signifie « François Desouche » — et non « Français Desouche », comme le disent certains journalistes) s’autoprésente parfois comme « le premier blogue politique de France » et, même s’il répercute (souvent maladroitement : cacographies, faux-sens, inexactitudes, exagérations, fatras fumant de bouts de texte lamellés-collés, traductions très sui generis, non-événements...) un bon nombre d’infos intéressantes, voire même s’il est une revue de presse remarquable et sans équivalent en France, pourrait avoir comme deuxième slogan « Nous bricolons vaillamment depuis dix ans » (le site est né vers 2005, il n’est toujours pas adulte et, curieusement, Décodex est très indulgent envers lui).
Quand Fdesouche.com et ses commentateurs se gaussent des journalistes professionnels (appelés aussi presse-tiputes, journaputes, journapisses, journacrottes, journacons, journamerdes, etc., dans les commentaires) et des grands merdias, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Deux ou trois bons commentateurs émergent du lot des cacographies, des approximations, des paralogismes et des exagérations faciles admises dans l’entre-soi patriotique.
Noter que c’est sur Fdesouche que commentait l’excellent Father Mackenzie (archives à https://fathermackenzie.wordpress.com), jamais égalé.
rose Mise à jour de la note ci-dessus. Sur le dilettantisme de Fdesouche.com en matière de citation, voir la leçon 972.


• 26 mai 2017
Leçon 239.
– La « canaille plumitive »

Beaumarchais (1732-1799), Requête à MM. les représentants de la commune de Paris.

 

• 28 mai 2017
Leçon 240.
– Il y a reconnaître et reconnaître. Marlène Schiappa, une sophiste au pouvoir

Reconnaître a plusieurs acceptions, et Marlène Schiappa, diplômée en communication (selon Wikipedia) et ex-journaliste du web qui est aujourd’hui secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, en joue ici ou se joue de son lecteur ou se joue d’elle-même en se payant de mots.
En effet, elle écrit* :

L’article 1er** de la loi de 1905 prévoit que la République "ne reconnaît ne salarie ne subventionne aucun culte"***. Ni plus ni moins. Interdire le voile c’est reconnaître le voile comme signe religieux, donc reconnaître une religion, interdire le voile à l’école est donc contraire à la loi de 1905. Interdire aux femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires de leurs enfants relève ni plus ni moins de l’islamophobie.

Voici la seule traduction du début de la troisième phrase qui me paraît possible ; et le sophisme éclate au grand jour :

Interdire le voile, c’est reconnaître [= considérer après réflexion, identifier] le voile comme signe religieux, donc reconnaître [= déclarer valide et légitime l’autorité de] une religion.

Le premier reconnaître est utilisé dans son acception la plus courante, le deuxième reconnaître est utilisé dans son acception spécialisée, juridique, celle de la loi de 1905.
Remarquez aussi les deux donc : « C’est [...] donc reconnaître une religion, [...] donc contraire à la loi de 1905 », mais ce n’est pas en accumulant les donc que l’on arrive à convaincre — et ce serait trop facile. Et ce n’est pas non plus à coups de « ni plus ni moins » tranchants et définitifs : « L’article 1er de la loi de 1905 prévoit [...]. Ni plus ni moins. Interdire le voile [...] relève ni plus ni moins de l’islamophobie. »
L’auteur a conscience que sa démonstration est bancale, d’où cette répétition de marques destinées à montrer au lecteur que l’auteur est sûr de soi : donc et ni plus ni moins. Il dit au lecteur : si vous n’êtes pas convaincu, sachez que moi je le suis ; laissez-vous faire et suivez mon panache blanc.
Bref, entourloupettage et tours de passe-passe.
A noter aussi : « L’article 1er de la loi de 1905 prévoit que... » ? Ne serait-ce pas plus exactement « dispose que... » ?

*
*  *

Enfin, c’est la même Marlène Schiappa qui, dans une lettre**** très verbeuse et un peu ambiguë à Alain Finkielkraut, déclare que Don Quichotte se battait contre « des moulins qui n’existaient pas » :

Vous [Alain Finkielkraut] vous transformez en Don Quichotte : lui combattait des moulins qui n’existaient pas, vous combattez une position que je n’ai jamais eue. 

Rappelons que, si les géants de Don Quichotte n’existaient pas, les moulins, eux, existaient bel et bien.

Voyez également le faux-sens dans l’extrait de sa lettre photographié ci-dessus : « Je tenais en respect l’opinion de mes amis » au lieu de « J’avais du respect pour l’opinion de mes amis ». A vouloir être élégant...

Inutile de souligner lourdement qu’on attendait mieux de la part d’une diplômée en communication, ex-journaliste du web et secrétaire d’Etat.

Voir aussi :
http://www.lci.fr/elections/marlene-schiappa-la-nouvelle-secretaire-d-etat-macron-philippe-a-l-egalite-entre-les-femmes-et-les-hommes-clarifie-sa-position-sur-le-voile-a-l-ecole-2052634.html
http://www.liberation.fr/france/2017/05/27/finkielkraut-ma-reponse-a-marlene-schiappa_1572731

——
* http://www.huffingtonpost.fr/marlene-schiappa-bruguiere/manuel-valls-quartiers-populaires-antisemites_b_5606114.html
** Inexact. Ce n’est pas l’article 1er, mais l’article 2.
*** Citation inexacte et défaut de ponctuation. La formule exacte de l’article de loi est « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » V. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006070169&dateTexte=20080306
**** http://www.liberation.fr/france/2017/05/26/attaquee-par-finkielkraut-schiappa-lui-repond-vertement_1572515

Mise à jour du 31 mai 2017. Caroline Valentin pose le doigt sur une autre erreur, et écrit :

Marlène Schiappa convoque Rudyard Kipling, qui n’en demandait pas tant, et son fameux «if» («tu seras un homme, mon fils»). Mais là encore, patatras: sur les deux vers que Madame Schiappa cite, l’un ne figure tout simplement pas dans le poème. Si Rudyard Kipling écrit bien «si tu peux supporter de voir tes paroles travesties par des gueux pour exciter des sots et, les entendant mentir, sans toi-même mentir d’un seul mot», le vers s’arrête là et n’est pas suivi des mots «pour répondre et te défendre» ; malchance, c’est cet ajout inventé qui prétendait mobiliser ce vers en sa faveur.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/05/30/31003-20170530ARTFIG00246-polemique-schiappa-finkielkraut-pourquoi-la-secretaire-d-etat-devrait-relire-ses-classiques.php

On peut lire une traduction de If ici.

 

• 29 mai 2017
Leçon 241.
– Claude Duneton et les raisons du charabia

Claude Duneton donne peut-être une explication au charabia ci-dessus de Marlène Schiappa. Il écrit* :

Il y a, à mon avis, une lente érosion du sens des mots et des phrases que l’on peut attribuer à l’habitude qu’ont prise les gens normalement lettrés de ne plus chercher à comprendre dans le détail. Pourquoi? Parce que depuis un demi-siècle on a trop abusé du charabia pseudo-scientifique, qui s’est propagé comme un chancre mou dans tous les domaines de la vie courante. L’individu de langue française subit depuis deux ou trois générations une mithridatisation au pédantisme. À force de ne comprendre qu’à moitié, il s’est empoisonné le cerveau!

Est-ce là la bonne explication ? je l’ignore, mais on ne néglige pas un avis de Claude Duneton.

——
* http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/2017/05/19/37003-20170519ARTFIG00018-la-faute-d-orthographe-ou-le-nivellement-par-le-bas-du-francais.php

 

• 30 mai 2017
Leçon 242.
– Hors sujet :
Yves Jamait

« On parle, on parle, mais il se fait tard ; c’est bientôt la fin du monde, et j’ai plus rien à boire » :
https://www.youtube.com/watch?v=HGlcKtiu6y8

C’est pas tous les jours qu’on entend une chanson bonne et belle, et c’est la raison de ce hors-sujet exceptionnel.

Et cette version n’est pas mal non plus :
https://www.youtube.com/watch?v=NKTvRlr01Fg

Mon commentaire (qui a disparu de YouTube quinze minutes après que je l’ai mis*) :

Ça, c’est de la chanson ! à l’ancienne, dirai-je. Qualité d’avant-guerre.
Notre bon vieil accordéon, souvent injustement délaissé ; style réaliste ; humour ; chanté avec du sentiment.
Et quelques bonnes trouvailles, comme "On parle, on parle, mais il se fait tard ; c’est bientôt la fin du monde, et j’ai plus rien à boire".
"Pour tout te dire, je suis amer !" Amer Picon, s’entend.
Ça change tellement agréablement de la bouillie dominante.
Merci, Yves Jamait.
Santé à vous !

La qualité de l’interprétation, la musique prenante, les deux ou trois phrases choc nous font oublier les nombreuses platitudes du texte.

——
* Mystère de la modération (c’est-à-dire de la censure, souvent aveugle) ! Modération a remplacé le mot censure, comme incivilité a remplacé un temps le mot délinquance.

 

• 31 mai 2017
Leçon 243.
– Fausse citation et faux guillemets, suite

Il manque à beaucoup trop de journalistes certaines qualités indispensables, comme le goût de la rigueur, de la cohérence, de la précision et de l’exactitude, sans lesquelles il n’y a pas de journalisme, mais péché d’amateurisme ou canaillerie plumitive.
Extrait :

[Intertitre] «Assassinat», un mot «mal calibré», reconnaît Mélenchon
[Texte] «De grâce! Vous ne savez pas ce que c’est qu’un meeting, un discours qui dure trois quarts d’heure?» a-t-il [Jean-Luc Mélenchon] conclu, ajoutant que «dans un meeting de 45 minutes il peut arriver qu’un mot ne soit pas calibré exactement».

http://www.leparisien.fr/politique/mort-de-remi-fraisse-cazeneuve-pret-a-retirer-sa-plainte-si-melenchon-s-excuse-30-05-2017-6997596.php

Le mot mal devrait être hors des guillemets.
Sur le même sujet, voir les leçons 229, 238 et 240.

 

• 2 juin 2017
Leçon 244.
– Un tout autre « exhaustif », celui de Littré

Un tout autre « exhaustif » que celui qu’on entend ou lit presque tous les jours depuis quelques années. Voici la définition de Littré.

exhaustif, adj. Néologisme. Qui épuise, qui enlève à un terrain les éléments productifs.
« Introduire dans les terrains épuisés les éléments phosphatés et alcalins qui peuvent leur manquer après certaines cultures exhaustives » [Journ. offic. 14 mars 1873, p. 1771, 3e col.].
ETYMOLOGIE
Lat. exhaustum, supin de exhaurire, épuiser. Ce néologisme n’est pas fort nécessaire, car on a : cultures épuisantes.

Ci-dessus une occurrence de cette acception dans le Stupide XIXe siècle de Léon Daudet, 1922. (Un ouvrage dans lequel on trouve une sévère critique de la presse à grand tirage, qui est au service du mensonge et de « l’affaissement et l’intimidation des élites » ; Léon Daudet, qui était journaliste, a consacré tout un livre à son métier, intitulé Bréviaire du journalisme*.)

——
* Téléchargeable ici.

 

• 4 juin 2017
Leçon 245.
– Twittérature francophone et ministérielle

Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes : "L’empowerment des femmes n’ira pas sans le dispowerment des hommes."
LOL.
Elle twitte avec gourmandise une phrase qu’elle a prononcée lors d’une conférence pour Happy Men Share More (v. https://www.youtube.com/watch?v=oL4hfr05ixo à 3 min 30 s).

https://twitter.com/MarleneSchiappa/status/870299466993209345 (archive : https://archive.is/MCSy6)

Ah que mais ! il faut dispowérer les keums pour empowérer les meufs ! Marlène Schiappa empowératrice en chef.

Notons pour finir qu’on ne dit pas dispowerment, mais disempowerment.

 

• 5 juin 2017
Leçon 246.
– « Point milieu »*, le CSA s’y met, lui aussi

https://twitter.com/csaudiovisuel/status/870656627212513280

Ici aussi :

Le CSA recrute un·e ingénieur·e.

https://twitter.com/csaudiovisuel/status/869838838163808256

Et ça se lit comment à haute voix un·e chargée·e de mission et un·e ingénieur·?

——
* « Point milieu », voir leçon 226 ci-dessus.

 

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