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« Le jour baissait, les cocotiers s’agitaient au-dessus de nos têtes,
secouant sur nous leurs cent-pieds et leurs scorpions »,
le Mariage de Loti, Pierre Loti, 1880

 

La pathologie des médias

 

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Le style des historiens, analyse critique

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• Arlette Farge, la Vie fragile. Violence, pouvoirs et solidarités à Paris au XVIIIsiècle, Seuil, coll. Points, 1992
(Reprise des notes 257-261 de février 2008.)

Arlette Farge petit-savoyard* de la littérature, 1/5

La Vie fragile. Violence, pouvoirs et solidarités à Paris au XVIIIsiècle, livre d’Arlette Farge (collection Points, Seuil, 1992), bel exemple de blabla puéril et prétentieux d’une historienne directrice de recherche au CNRS et enseignante à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Selon le site de l’EHESS, Arlette Farge est « intéressée par l’image, la photographie et l’écriture de l’histoire ».
Quelques exemples parmi d’autres :

– Le couple [Montjean et son épouse, artisans parisiens de la rue Croix-des-Petits-Champs] fabrique des ouvrages de modes à l’aide d’une employée, p. 103 (photo ici)
– Les disputes conjugales, dont les causes, traditionnellement, sont la violence, l’ivresse et l’adultère, p. 102
– Elle est effrayée par avance de la menace qu’il fait peser sur elle, p. 112
– Deux feuilles volantes forment des ajouts sur quelques détails supplémentaires oubliés, p. 102
– En marge de la lettre, [il] appose cette petite phrase laconique, p. 100
L’autorité monarchique et les élites, qui dominent la pensée du temps et commentent les événements auxquels ils assistent, définissent la foule en termes éminemment contradictoires, tout en l’associant de façon irréversible et indispensable à la bonne marche de l’ordre public, p. 197
– Cette gentillesse [...], cette complaisance, malgré peine, humeurs et disputes, coulent sur la femme Montjean comme l’eau sur la pluie, p. 108 (photo ici)

Noter aussi le truisme et la mièvrerie du titre : la Vie fragile, titre qui, de plus, a assez peu de rapports avec le contenu du livre. Littérature de mirliton.

* Un petit Savoyard est un ramoneur d’autrefois, on peut l’imaginer barbouillé de suie de la tête aux pieds. Voir ici un autre extrait du livre d’Arlette Farge.
.==> Mots clés : mirliton, littérature simplifiée, litterature simplifiee


Arlette Farge petit-savoyard de la littérature, 2/5
Pour le lecteur paresseux, voici les phrases remaniées :

– Le couple fabrique des ouvrages de mode avec l’aide d’une employée
– Les disputes conjugales, dont les causes, le plus souvent, sont la violence, l’ivresse et l’adultère
– Elle est effrayée par la menace qu’il fait peser sur elle
– Deux feuilles volantes forment des ajouts sur quelques détails oubliés
– En marge de la lettre, [il] appose cette phrase laconique
L’autorité monarchique et les élites, qui dominent la pensée du temps et commentent les événements auxquels elles assistent
– Cette gentillesse [...], cette complaisance, malgré peine, humeurs et disputes, laissent la femme Montjean indifférente


Arlette Farge petit-savoyard de la littérature, 3/5
Non seulement le style est malade, mais la pensée boitille.

Même en prison, les voleurs maintiennent des contacts avec l’extérieur, tentent des évasions, s’écrivent régulièrement à propos de tel ou tel trafic, p. 180
– Situation qui souligne la sollicitude inquiète des parents pour leurs enfants : ils assument leur défense, recueillent l’enfant fugueur à force de coups, protège [sic] même ceux qui auraient l’âge de résister tout seuls, p. 138
– Meurtri de coups de poing et de pierre, le malheureux crie miséricorde et demande à genoux un confesseur. La Duparc, marchande de marée, nie avoir été la dernière à l’achever, p. 320


Arlette Farge petit-savoyard de la littérature, 4/5

– Si [...] Billiard [...] refuse de baisser son bonnet sur ses yeux, et revêt ostensiblement le plus bel habit de deuil de son épouse morte un an auparavant, [...] c’est parce qu’il [...], p. 229

Traduction : Si [...] Billiard [...] refuse de baisser son bonnet sur les yeux, s’il a revêtu ostentatoirement son plus bel habit, qu’il portait lors du deuil de son épouse, morte un an auparavant, [...] c’est parce qu’il [...].


Arlette Farge petit-savoyard de la littérature, 5/5
Quelques échantillons d’un abominable style universitaire et pseudoartiste, affecté, bling-bling, torturé et prétentieux.

– J’aime aussi penser l’archive comme une irruption. [...] Texte rugueux, où chaque incident se pense à travers l’avènement du singulier, p. 12
Le surgissement [chez le spectateur d’une exécution publique] d’une identification au supplicié qui s’établirait hors de la séquence obligée, punition, volonté royale, repentir, soumission et ordre public, p. 208
Au cœur de la ritualisation lente de l’agonie et du regard prolongé de la foule sur elle [sur l’agonie, c’est-à-dire sur la personne qui agonise lors d’une exécution publique], se logent sans aucun doute le goût, le désir de percer enfin ce qu’est ce mystère : perdre la vie, p. 218
– Parfois même le don de la vie et le surgissement rapide de la mort se confondent en elle [en la femme en général], tant il lui arrive de donner naissance à des enfants qui bientôt mourront, p. 219

La langue de Pierre Miquel est opaque (voir ci-dessous), celle d’Arlette Farge est, en plus, prétentieuse.
Il n’y a pas chez Pierre Miquel de volonté d’être opaque, Pierre Miquel n’est que maladroit, bâcleur et paresseux. En revanche chez l’irruptrice, advenante et surgissante Arlette Farge, aux défauts de Pierre Miquel s’ajoute une volonté prégnante d’être opaque.

N. B. Il existe aussi des historiens qui écrivent correctement : Octave Aubry, Pierre de Vaissière, Philippe Erlanger, Michel Vovelle,...
J’ai dans ma bibliothèque un autre livre de Farge, Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle. Probablement ne l’ouvrirai-je jamais, j’ai une bonne centaine d’autres livres à lire et une dizaine à relire.

 

• Pierre Miquel, Arlette Farge, Joël Schmidt...
–– L’Exode, 10 mai-20 juin 1940, de Pierre Miquel, Pocket, 2005
Consternant. Jamais lu peut-être un ouvrage aussi mal écrit (a). Pourtant j’en ai lu (essentiellement pour des raisons professionnelles), des textes écrits avec les pieds.
Dans l’Exode, 10 mai-20 juin 1940, de l’historien Pierre Miquel, le lecteur est arrêté à chaque page, essayant de comprendre, de deviner pourquoi tel mot est là, ce qu’il fait là et par quel mot approchant mais adéquat il faudrait le remplacer pour donner un sens à cette phrase qu’il a déjà lue deux fois sans pouvoir la comprendre.
Saisissant.

En attendant les extraits, voici les quatre premières lignes de la quatrième de couverture : « Au début de mai 1940, l’armée française somnole dans les casemates de la ligne Siegfried. Elle s’effondre en quelques semaines devant la fulgurante attaque allemande. »
Je m’interroge : l’armée française, après une courte incursion jusqu’aux abords de la ligne Siegfried en septembre 1939 (pour soulager la Pologne, attaquée par les Allemands), n’avait-elle pas regagné la France en octobre de la même année ? Au lieu de Siegfried, ne faut-il pas lire Maginot ? (Noter que c’est probablement l’éditeur, et non Pierre Miquel, qui a rédigé la quatrième de couverture.) Photo ici.
Publié chez Pocket en 2005, le livre a déjà été publié chez Plon en 2003 : avec la même quatrième de couverture ?

Actualisation
a. Arlette Farge, historienne et enseignante, n’est pas mal non plus (voir ci-dessus). Quant à Joël Schmidt (Jules César, collection Folio), il trouve sa juste place entre ces deux grands écrivains. On aura une idée de l’intérêt de l’œuvre de Joël Schmidt (officier des arts et des lettres, médaille de vermeil de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre) en allant sur son site officiel et en en lisant l’introduction (deux fautes d’orthographe et une belle faute de ponctuation) :

"Mais pourquoi grattes-tu toujours du papier blanc?" me demandait, au temps de mes treize ans, un ami irrité. J’aurais pu lui répondre quarante ans plus tard, "parce que l’écriture, dans des conditions privées et familiales difficiles, a été mon issue de secours, ma liberté et mon identité que je n’ai jamais cessées de cultiver." Une femme me disait récemment et non sans agacement: "Mais pour vous écrire, c’est vivre?" Eh bien oui! Mais j’aurais du ajouter, en ce second volet de mon existence, "c’est écrire dans l’écriture des autres, avec la vie et dans la vie". Aujourd’hui, avec le privilège de l’âge, je m’autorise cet additif: "Ecrire, c’est oser."

Je donnerai bientôt des exemples plus convaincants et plus sérieux tirés de son Jules César.

 

• Pierre Miquel, l’Exode, 10 mai-20 juin 1940, 450 p., Pocket, 2005

– Cette opération prévue au plus tard le 1er septembre [= prévue pour le 1er septembre au plus tard – ce qui est tout autre chose], p. 17

– La société Krupp s’est appropriée [sic] le tiers des actions de la firme suédoise Bofor fabriquant des canons antiaériens à tir rapide qui feront merveille en 1940 [ah, la petite merveille que tous ces Français couchés par la mitraille], p. 42

Qui peut se douter le 10 mai de cette surprise de taille : les plus hautes autorités morales de l’armée française, couvertes de gloire en 1918, semblent d’avance résignées à la défaite ?, p. 50

– Généralisée aux armées, l’écoute radio politise la guerre et permet de souder en un fer de lance les éléments éparpillés de la Wehrmacht reliés dans la mystique de guerre par la voix officielle, p. 59

– L’Etat s’arroge le droit de proclamer la déchéance des maires élus [il existait donc des maires non élus en France en mai 1940 ?] qui ont abandonné leurs concitoyens, p. 64

– Au pire de la déroute, les passions politiques demeurent, ne serait-ce qu’en justification de la lâcheté, p. 66

Il a parfait ce que le maréchal Hindenburg n’avait pu faire [comment peut-on parfaire quelque chose qui n’a pas été fait ?], p. 67

– Quand ils rentrent chez eux, ils n’ont plus rien, sauf à mendier [sans commentaire ; vous en voulez un ?] des prébendes dans l’institution autoritaire qui se met en place, p. 68

– Ceux qui sont proches de la frontière commencent à prendre la route sans plus attendre. Ils sont beaucoup plus nombreux le 14 mai, après le raid de la Luftwaffe sur Rotterdam qui engage [= déclenche] le véritable exode. [...] Si Rotterdam capitule, il n’y aura plus de résistance possible pour [obscur] un pays en guerre, p. 73. [Bons exemples du caractère approximatif, flou, imprécis du langage miquélien.]

– Les réfugiés luxembourgeois racontent à quel point la surprise reposait chez eux sur la trahison [charabia], et sur l’information des agents ennemis sous toutes ses formes, p. 81

– Gamelin avait estimé à six jours au moins la résistance [= la capacité, la durée de résistance] des troupes royales sur le canal Albert, p. 85

– Les appareils anglais sont en partie détruits au sol, et les chasseurs sont trop nombreux pour réagir [= les chasseurs allemands sont trop nombreux pour que les Anglais puissent réagir efficacement, victorieusement], p. 117

– La décision administrative a donc initié un départ non organisé de gens qui fuient les attaques aériennes, p. 123

– Une femme est prête d’accoucher [= près d’accoucher ; justement elle n’est pas prête du tout] dans une grange, seule, sans mari, sans parents, p. 129

– Les gens s’engouffrent dans des autocars et comblent les wagons des trains en partance, p. 146

– Les gares parisiennes sont débordées, elles ne sont pas envahies et le trafic reste régulé [allez comprendre !], p. 155

– Les nouvelles à dessein [mots inutiles] mensongères répandues par les agents de l’ennemi, dont quelques-uns ont eté démasqués et arrêtés et d’autres molestés à tort [des agents de l’ennemi répandant de fausses nouvelles molestés à tort ? avons-nous bien compris ?], p. 157

– Les réfugiés cherchent des vivres par la force [= cherchent à se procurer des vivres par la force], p. 157

– Les marcheurs exténués, les cyclistes ingambes [contresens : l’auteur veut dire dont les jambes sont fatiguées, qui n’ont plus de jambes, c’est-à-dire exactement le contraire d’ingambes], p. 164

– Le préfet avait réquisitionné boulangers et meuniers pour nourrir les habitants restés sur place [...] et les réfugiés morts de faim [= affamés, mais vivants ; dans un pareil contexte de guerre, il vaut mieux éviter le sens figuré], p. 182

– La guerre aérienne marquait une pose [= pause], p. 192

– Elle a débarqué dans une gare bombardée, au milieu des wagons incendiés, rejetés [= couchés ?] sur les voies, et des trous de bombes encadrant les rails, p. 193

– Du moins Frère exige-t-il du préfet de l’Oise qu’il veuille bien rester lui-même dans son hôtel de Beauvais [je me demande parfois si Pierre Miquel est francophone ou si c’est sa deuxième langue (a)], p. 202

– Ni pillage [au sens propre] ni famine dans Paris abandonné. Ceux qui restent ont depuis longtemps fait leurs provisions, pillant [au sens figuré ?] les magasins d’alimentation qui n’ont pas tous fermé [= , qui n’avaient pas tous fermé ?], p. 246

– Les femmes fabriquent des paillasses avec des feuilles de maïs séchées pour n’avoir pas à sortir et rester couchées le plus longtemps possible [traduction : des femmes qui fuyaient les Allemands se sont réfugiées dans un grenier ; elles s’y sont fait des paillasses avec des feuilles de maïs pour se créer un confort minimal, car elles craignaient de devoir y rester longtemps cachées], p. 275

– La petite ville de Jargeau est fortement arrosée de bombes et le pont suspendu est devenu inutilisable. C’est le dernier ouvrage encore intact avant Orléans [contradiction insoluble], p. 279

Je fais grâce au lecteur de nombreuses autres bizarreries : la prose de ce livre est à l’image de la débâcle de 1940.
Combien de personnes auront pu livre ce livre jusqu’au bout ?

a. Si j’en crois cette page du Figaro, Pierre Miquel (mort en 2007) était agrégé d’histoire, diplômé de philosophie et docteur ès lettres. Surprenant, n’est-ce pas ?

 

• Joël Schmidt, Jules César, 360 p., Gallimard, coll. Folio, 2005


Texte original. « César ne s’en formalisera pas, et il sait bien qu’il faut mieux parler de lui, même en s’en moquant, que de l’ignorer », p. 33.
Correction. César ne s’en formalisera pas, et il sait bien qu’il vaut mieux que les gens parlent de lui, même en s’en moquant, plutôt qu’ils l’ignorent.

Texte original. « Ne vient-il [César] pas de composer une tragédie sur Œdipe [...] ? », p. 46.
Correction. Ne vient-il pas de composer une tragédie, intitulée Œdipe [...] ?
Commentaire. César est non seulement l’auteur de mémoires sur la guerre des Gaules, mais aussi d’un Eloge d’Hercule, d’un Recueil de mots remarquables, d’une tragédie (Œdipe), d’écrits « licencieux » (selon Joël Schmidt), etc.
On n’écrira pas : « Victor Hugo a écrit un livre sur les Misérables », mais « Victor Hugo a écrit le livre les Misérables » ou « Victor Hugo a écrit un livre sur les pauvres gens ». Ecrire que César vient de « composer une tragédie sur Œdipe » est une manifestation d’inculture flagrante (peut-être d’irréflexion). Surprenant de la part d’un homme qu’on pouvait supposer expérimenté, cultivé, lettré.
La faute est fréquente dans la presse. Peut-être même est-ce, dans certains cas, une faute volontaire parce que à la mode (comme cette autre faute à la mode dans les médias parlés : « L’association a publié une lettre ouverte aux pouvoirs publics leur demandant qu’est-ce qu’ils envisagent de faire »).

Texte original. « [Les sénateurs] ne souhaitent guère que le réseau routier tombe entre les mains des curateurs et leur serve de tremplin pour ambitionner d’autres plus hautes fonctions », p. 55.
Correction. [Les sénateurs] ne souhaitent guère que le réseau routier tombe entre les mains des curateurs et leur serve de tremplin pour ambitionner de plus hautes fonctions.

Texte original. « Il développe sa démonstration hostile à toute conquête, comme l’est l’extrême majorité des sénateurs », p. 68.
Commentaire. Multicharabia. Pour ne pas lasser mon lecteur, je ne relèverai ici que « l’extrême majorité » (signifiant probablement « la quasi-totalité »).

Texte original. « Le projet de loi agraire de Publius Servilius Rullus qui pour plaire à ses électeurs plébéiens s’affiche en plus dans un accoutrement négligé », p. 76-77.
Commentaire. Très drôle, excellent même, cet « accoutrement négligé ».

Texte original. « Il n’est pas indifférent [...] de citer quelques extraits de ces trois harangues prononcées, la première le 1er janvier 64 au Sénat, et les trois autres (il ne nous en est parvenu que deux) devant le tribunat du peuple », p. 77.
Commentaire. Cafouillage grotesque dû à une rédaction bâclée et paresseuse. Scan ici.

Texte original. « Le coup est direct contre César et ses amis, conseillers occultes de Rullus. Il [César] est ainsi accusé, par personnes interposées, de vouloir attenter au régime républicain et d’aspirer au pouvoir d’un seul contre tous », p. 79
Commentaire. Multicharabia. Entre autres ce coup direct par personnes interposées.

Texte original. « Cicéron termine son second discours sur la Loi agraire en se flattant de l’union qu’il a cimentée entre son collègue et lui [Antonius], si l’on sait qu’Antonius est un ami de Catilina qui rôde dans Rome pour préparer quelque futur mauvais coup et que César a certainement pris des contacts avec lui », p. 82.
Commentaire. Multicharabia bien épais. Je ne relèverai ici que le plus drôle : « préparer quelque futur mauvais coup ».

Texte original. « Cicéron [à côté de César] fait figure de petit personnage sans grande envergure », p. 110.
Correction. Cicéron fait figure de petit personnage, d’homme sans grande envergure.
Commentaire. Ridicule achevé.

Texte original. « César est certes débarrassé d’un rival, mais aussi d’un financier qui pouvait lui [lui : César] être utile », p. 198.
Correction. César est certes débarrassé d’un rival, mais il perd un financier qui pouvait lui être utile.

Texte original. « Il [Pompée] tente alors pendant deux ans, tout en ne sortant jamais des voies légales, de gêner le plus possible les futures ambitions de César », p. 218.
Commentaire. Il s’agit probablement des ambitions tout court.

Texte original. « Deux bateaux chargés de soldats [...] se sont échoués contre la digue que César a tenté de construire en hâte pour empêcher en vain la fuite de Pompée », p. 243.
Commentaire. Multicharabia.
Correction. Il aurait mieux valu écrire : « la digue que César a tenté, en vain, de construire en hâte pour empêcher la fuite de Pompée ».

Texte original. « Ce décret permet aux riches de se dévoiler et de payer parfois aux créanciers des sommes qu’ils prétendaient auparavant ne pas posséder », p. 257.
Correction. Ce décret oblige les riches à se dévoiler et parfois à payer aux créanciers des sommes qu’ils prétendaient auparavant ne pas posséder.

Texte original. « Si Cicéron est arrêté et mis à la torture, il est sûr selon eux [eux : les conjurés anti-César] qu’il risque de parler », p. 325.
Plusieurs corrections possibles :
– il est sûr selon eux qu’il parlera
– le risque est très grand selon eux qu’il parle
– ils sont sûrs qu’il parlera
etc.

Texte original. « [... La femme de Brutus] demandant à chaque passant qui semble revenir du Forum où est Brutus, qu’est-ce qu’il fait », p. 330.
Plusieurs corrections possibles :
– [... La femme de Brutus] demandant, à chaque passant qui semble revenir du Forum, où est Brutus, ce qu’il fait
– ou
[... La femme de Brutus] demandant à chaque passant qui semble revenir du Forum : « où est Brutus ? qu’est-ce qu’il fait ? »
– ou (indécidable, comme souvent chez Joël Schmidt, qui ne sait pas ponctuer, qui est ignare en matière de ponctuation, qui semble ignorer à quoi sert une virgule)
[... La femme de Brutus] demandant, à chaque passant qui semble revenir du Forum (où se trouve Brutus), ce que fait son mari.

Texte original. « Impressionné par les personnalités imminentes [...], personne n’ose broncher », p. 344.
Commentaire. Maladroit, plus que tangent. « Personne » a ici le sens de « personne parmi le peuple », d’où la correction rapide proposée ci-dessous.
Correction.
Impressionné par les personnalités imminentes [...], le peuple n’ose broncher.

La seule chose décidable et sûre est que Joël Schmidt écrit mal.
Des dizaines d’années de pratique de l’écriture (une trentaine d’ouvrages publiés) et de la lecture pour en arriver à ce charabia, à ces maladresses de bachelier.
Qui dénonce aujourd’hui les gloires volées, tombées du camion ? Les médias passent mille fois plus de temps à créer de fausses gloires qu’à les débusquer. Encenser une œuvre est plus facile, plus confortable que de la critiquer ; encenser ne demande presque aucun travail et surtout n’implique pas un travail d’argumentation exemples à l’appui ; en revanche, critiquer implique d’argumenter exemples et preuves à l’appui (préventivement, entre autres raisons) et, parfois, de proposer des solutions de remplacement, des « alternatives », comme disent — à tort — les demi-lettrés.
J’ajouterai qu’encenser est festif et qu’il faut à tout prix au consommateur fournir quelques raisons de se réjouir.
Nous pourrions présenter d’autres citations, mais elles ne feraient qu’alourdir cette note et nous pensons avoir convaincu.
Il me reste à faire le même genre de notes sur l’Exode, 10 mai-20 juin 1940, de Pierre Miquel, livre que je n’ai pu terminer tant il est mal écrit.

On peut, assez raisonnablement, se demander si les épreuves de ce livre ont été relues par un correcteur humain : les fautes de graphie ne sont pas nombreuses et ne concernent que des accords, fautes indétectables à coup sûr par les logiciels correcteurs (prétendument et très prétentieusement) grammaticaux – des jean-foutriciels hystériques, onéreux et chronophages, qui détectent moins de fautes que de non-fautes.
Voici la liste des fautes repérées par moi à l’occasion de ma lecture, lecture – je le précise – de loisir, non professionnelle et bénévole, autrement dit axée sur le plaisir, sur le sens et non sur l’orthographe : « tous couvraient César d’éloge [éloges] », p. 62 ; « des nations gauloise [gauloises] », p. 159 ; « prenant autant de risque [risques] qu’un simple légionnaire », p. 190 ; « il s’est fait précédé [précéder] de ses licteurs », p. 271. Mais le grave et l’important ne sont pas là, ils sont dans les fautes (le charabia) que je signale plus haut, et, ces fautes-là et cent autres encore (bourdons, ponctuation, doublons, contradictions,...), aucun logiciel n’est capable de les repérer.

 

• Catherine Vincent, Introduction à l’histoire de l’Occident médiéval, 224 p., le Livre de poche, coll. Références, 2003

P. 15. Le mouvement puise tout un ensemble d’informations [ça, c’est de l’information précise] dans les données fournies par l’archéologie.

P. 15-16. L’exploration des sépultures permet d’évaluer l’évolution des rites d’inhumation en vigueur [mots inutiles] et de mesurer ainsi [mot inutile] la progression de la nouvelle religion chrétienne.

P. 18. Ils fuyèrent [verbe fuyer, bien sûr] vers l’ouest dans l’anarchie.

P. 23. Au nom de ce principe, les souverains francs n’ont pas hésité à [tic journalistique] partager entre les fils le royaume du père, jusqu’à un certain degré de morcellement au-delà duquel ils ne se sont pas engagés [longue lapalissade prétentieuse].

P. 152. Il n’est donc pas vain d’évoquer [le mot évoquer n’est pas le mot qui convient, car l’auteur a parlé explicitement p. 151 et 152 du « gouvernement » de l’Eglise – ici évoquer est seulement un joli mot à la mode] pour l’Eglise un véritable gouvernement à l’image de ceux dont se dotent les Etats : par la qualité de ses rouages, il leur aurait même [pourquoi ce conditionnel ?] servi de modèle... [Que signifient ces points de suspension ?]

P. 162. Des bibliothèques privées se multiplient parmi les membres de l’aristocratie et jusque dans les milieux aisés de la bourgeoisie : l’accès aux textes n’intervient [l’accès intervient, comme c’est bien dit] plus uniquement lors de rassemblements collectifs [petit pléonasme], fêtes ou sermons, mais également dans l’intimité d’un cabinet de lecture.

P. 163. Pièces uniques [les Très Riches Heures du duc de Berry, les Heures d’Etienne Chevalier, livres d’heures enluminés], véritables objets de collection, elles sont également pour les princes, plus [mot inutile] prosaïquement, des lieux [ce n’est pas le mot qui convient] d’investissement.

Le style de Catherine Vincent n’est pas spectaculairement mauvais comme celui d’Arlette Farge (voir ci-dessus) ni comme celui de Joël Schmidt (voir ci-dessus), par exemple ; mais il distille un ennui profond qui s’installe après la lecture des vingt premières pages, ennui dont on ne sortira plus qu’en refermant le livre.
Le style de Catherine Vincent n’est pas exactement du charabia, mais le sens est souvent fuyant, inconsistant même après deux relectures, c’est-à-dire trois lectures.
Le style de Catherine Vincent abuse des points d’exclamation et des points de suspension finaux, des mots voir, prévaloir et s’avérer.
Combien de personnes auront pu livre ce livre jusqu’au bout ?

Ci-dessous la page 166.

 

 

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