Vous êtes à http://lesmediasmerendentmalade.fr/Courriels-a-l-elysee-et-autres-guitares-7.html
Comment écrire au président de la République
et ne recevoir aucune réponse
– et autres guitares, 7
• Page d’accueil et sommaire • Page précédente
• 2 juillet 2015
Leçon 82. – Ça, c’est du French !
Copie d’écran d’une page du site de l’Elysée, 2 juillet 2015
Le texte qui légende la vidéo :
Élysée In&Off [sic] : Le [sic] protocole
Découvrez les coulisses du service du protocole de l’Élysée.
Publié le 30 Juin [sic] 2015
RUBRIQUE : INTERNATIONAL, DÉVELOPPEMENT ET FRANCOPHONIE [sic !]
[Commentaire : « In&Off », bon sang, quelle clownerie ! quelle trouvaille ! Idem pour « francophonie ».
Correction : le protocole, juin]
_____
Source : http://www.elysee.fr/videos/elysee-in-off-le-protocole/
• 2 juillet 2015
Leçon 83. – Les Shadoks à l’Elysée
Deux copies d’écran de la vidéo* présentée ci-dessus dans la leçon 82.
Le chef du protocole français colle une étiquette sur un siège :
Sa Sainteté le Patriarche Oecuménique
BARTHOLOMÉE 1er
[Correction : œcuménique, 1er]
Le cadreur de l’Elysée s’attarde – avec une insistance coupable – sur le dossier que tient en main Sylvaine Brizon, membre du service du protocole de l’Elysée. L’image ne sera pas coupée au montage. On peut lire :
Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche.
En d’autres termes, la devise du service du protocole de l’Elysée est Plus on est nul, plus on réussit.
C’est pas faux.
_____
* http://www.elysee.fr/videos/elysee-in-off-le-protocole/
• 2 juillet 2015
Leçon 84. – Ça la fout mal, Julien
Le journaliste de l’Express Julien Jouanneau proposait le 11 juin 2015 un exercice d’orthographe provocateur intitulé « Corrigez la lettre d’amour du Français nul en grammaire ».
Julien Jouanneau est tellement pas nul en orthographe et il se sent tellement grammairien qu’il a inventé une règle : « pas d’accord du participe passé suivi de l’infinitif » (voir la copie d’écran) ; il propose donc sa version corrigée de l’exercice : « les rêves que j’ai vu défiler ».
Des commentateurs, dont Hester Monk, lui ont vite réappris les règles de l’orthographe, ça n’a pas traîné ; il fallait en effet écrire « les rêves que j’ai vus défiler ».
Ah, ces journalistes, ces pros du blabla subventionnés toujours prêts à donner des leçons au petit peuple.
• 2 juillet 2015
Leçon 85. – Editions Larousse. Vite fait mal fait
• 5 juillet 2015
Leçon 86. – Editions Larousse. De la difficulté de faire un bon dictionnaire des difficultés, 1
A signaler, entre autres, en page 611 du Dictionnaire des difficultés du français de Péchoin et Dauphin dans son édition 2001 chez Larousse, l’article « Tiret » : outre que Péchoin et Dauphin oublient de mentionner qu’il existe deux sortes de tirets*, un long (—), ou « tiret cadratin », et un court (–), ou « tiret demi-cadratin », ils commettent des erreurs dans l’utilisation desdits tirets ; double bévue donc.
Péchoin et Dauphin dignes successeurs d’Adolphe V. Thomas ? Pas sûr !
En tout cas, pour ma part, j’en reste à l’antique Adolphe V. Thomas.
Depuis trois ans, selon mon expérience et « selon mon vécu », comme dirait mon voisin qui est abonné à Libération, le métier de la correction est sinistré, et les choses n’iront qu’empirant. Le métier agonise lentement mais sûrement face à une demande d’écrits de qualité qui est de plus en plus faible, de plus en plus rare. Si les consommateurs ne demandent pas d’écrits de qualité, quelles raisons auraient la presse, l’édition et les entreprises de communication de salarier des correcteurs ? Pas de demande, pas d’offre, c’est aussi simple que ça. Nous sommes condamnés à ne plus lire à court terme que de la bouillie, voire du vomi ; la faute aux consommateurs, pas aux employeurs.
N. B. 1. « Trente-quatre éléments à assembler » ? d’accord ; mais, plutôt qu’« une clé de dix », j’aurais écrit « une clé de 10 ».
N. B. 2. Etrange également, le pluriel des noms déposés selon Péchoin et Dauphin : par exemple, le nom déposé Klaxon ferait au pluriel Klaxons. Jusqu’à hier, les noms déposés écrits avec leur capitale initiale étaient invariables. On innove, chez Larousse, on innove.
_____
* Ne pas confondre tiret et trait d’union ; ainsi, dans « trente-quatre éléments », c’est un trait d’union qui est utilisé.
• 12 juillet 2015
Leçon 87. – Editions Larousse. De la difficulté de faire un bon dictionnaire des difficultés, 2
En 2014, soit seize ans après la première édition du Dictionnaire des difficultés du français (voir la leçon 86 ci-dessus), Larousse publie un nouveau dictionnaire des difficultés du français, augmenté et, en principe, corrigé et amélioré, intitulé Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française.
Mais ça commence mal. Dans l’avant-propos de l’édition 2014 de ce Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française, cinq erreurs sur le titre de l’ouvrage lui-même, cinq fois la même erreur ; cette persévérance n’est pas commune. Un exemple parmi cinq : « Larousse propose aujourd’hui son Grand Dictionnaire des difficultés & pièges du français », alors que la couverture, la quatrième de couverture, le dos et la page 1 portent le titre « le Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française ».
L’erreur est également présente en page 2, donc six erreurs en tout.
L’adjectif porno est dit variable en page 480 (« des films pornos »), mais il est dit invariable page 725. Contradiction.
Page 725, bizarrement l’adjectif cargo est dit invariable.
Règles d’écriture des noms de lieux : page 546, on doit écrire « place Charles-de-Gaulle » ; mais, page 695, c’est « place Charles-De Gaulle » qu’on doit écrire. Contradiction, et même innovation.
Résidant/résident : les auteurs changent leur fusil d’épaule. Un changement malvenu. Pour ma part, j’en reste à la première version, celle de 2001.
2001 : « Parking réservé aux résidants ».
2014 : « Les résidents d’une maison de retraite ».
Inquiétante prolifération des traits d’union dans ce dictionnaire. P. 722 et 723 : des produits-phares, des mesures-chocs, des sacs-poubelles (N. B. les Petit Larousse 2004 et 2011 : des sacs-poubelle, sans s final), des contrats-types (Petit Larousse 2011 : des contrats types), et même des présentateurs-vedettes... Prélude à une invasion trait-d’unionesque anarchique et à la tête du client.
La définition donnée page 241 du mot féminin espace est fautive : « blanc entre deux mots » (noter que la définition que donne le Robert ne vaut pas mieux).
« Blanc entre deux mots » ? Et quid du blanc (en l’occurrence une espace fine en bonne typographie) avant un point-virgule, qui n’est pas un mot ; et quid du blanc entre un point-virgule et le mot qui suit, qui ne sont pas deux mots ?
Sous l’entrée cent, page 118 : « On écrit : cent un [...], cent unième [...]. Mais : la cent-vingtième fois (avec un trait d’union). »
Et le rédacteur d’insister : « avec un trait d’union » !
Certes on écrit un cent-vingtième (1/120), deux cent-vingtièmes (2/120), mais pas la cent-vingtième fois ni ce coureur est arrivé le cent-vingtième dans le marathon.
Voir aussi cette intéressante page où je parle de ce sujet avec un certain Crocodile.
• 14 juillet 2015
Leçon 88. – Editions Larousse. Recension du Thésaurus par Bruno Dewaele
Consternant, et à peine croyable.
http://www.parmotsetparvaux.fr/chron/chron76.html
http://www.parmotsetparvaux.fr/chron/chron78.html
http://www.parmotsetparvaux.fr/jeux/jeux76.html
• 14 juillet 2015
Leçon 89. – Et je le prouve
Kevin n’a que 6 ans et entre deux très grosses bêtises il est adorable ; on lui pardonne, on pense qu’il mûrira. Larousse a plus de 160 ans ; on lui pardonne, on pense qu’il est gâteux.
Je pense souvent à ce refrain parfaitement déclamé, parfaitement craché « Il n’y a plus rien » de la chanson homonyme chantée par Léo Ferré, qui aurait pu être une immensissime chanson si elle n’avait pas été écrite par Ferré, mais par un Rimbaud, un Léon Bloy ou un Céline contemporains.
Je le redis avec le rictus de l’auteur : il n’y a plus rien. J’aurais pu ajouter : et je le prouve.
• 15 juillet 2015
Leçon 90. – Une orthographe et une syntaxe audacieuses*
Orthographe
Vous en connaitrez […], des présidents aussi audacieux que moi […] ?
je ne vais pas ici annoncer quelle que candidature que ce soit
pourquoi me feraient ils confiance
la Grèce qui connait ces difficultés
nos amis Allemands [deux fois]
nos amis Européens
abimer les protections nécessaires
Syntaxe
Cela dépend de comment nous faisons.
Et j’en passe. Et une ponctuation... !
_____
* Retranscription par le site de l’Elysée de l’entrevue de François Hollande avec les journalistes Claire Chazal et David Pujadas du 14 juillet 2015 : http://bit.ly/1CDUDNO
• 15 juillet 2015
Leçon 91. – Un drôle d’effet quand même
Déclaration de François Hollande ce jour* :
« Je veux également vous dire que, cette semaine, nous avons également prévenu des actes terroristes qui auraient pu être produits. Le ministre de l’Intérieur fera une communication demain à cet effet. »
« A cet effet » ? A l’effet de leur production, afin qu’ils aient lieu ?
Le deuxième « également » n’a aucune justification.
On peut supposer que « à cet effet » a le sens de « sur ce sujet ».
• 23 juillet 2015
Leçon 92. – « Déclaration [de François Hollande] à l’issue de la rencontre avec les organisations professionnelles agricoles »*, publié le 23 juillet 2015
Un festival de puissance pour ce texte court : 17 fois le verbe « pouvoir » (sous les formes « puisse », « puissent » ou « peuvent ») :
— dont 4 fois « pouvoir pouvoir » (« pour [...] qu’il puisse y avoir des prix qui puissent rémunérer les éleveurs », « faire en sorte qu’il puisse y avoir des approvisionnements qui puissent soutenir », « que [...] des pays acheteurs puissent être directement sollicités pour que nos produits puissent être davantage valorisés », « prendre des politiques qui puissent [...] faire en sorte que notre agriculture [...] puisse être valorisée pleinement et que les agriculteurs puissent être considérés pour ce qu’ils sont ») ;
— et 1 fois « permettre de pouvoir » (« permettant que cette transition énergétique puisse être utile »).
La phrase qui est à encadrer :
... prendre [sic !] des politiques qui puissent [...] faire en sorte que notre agriculture [...] puisse être valorisée pleinement et que les agriculteurs puissent être considérés pour ce qu’ils sont...
Selon moi, derrière ces dix-sept « pouvoir », une impotence, une impuissance grandissante, chaque jour plus manifeste et plus inquiète, secrètement inquiète.
Dix-sept occurrences du mot « pouvoir », soit dix-sept pansements – dix-sept cache-misère – sur un corps national profondément blessé, partout déchiré, je dirai agonisant.
Je ne veux pas faire de ce site un site politique, c’est un site sur la langue ; mais comment aujourd’hui pourrais-je ne rien dire et ne pas relever ces deux déliquescences exactement parallèles et fuyant vers le même abîme, déliquescence du pouvoir et déliquescence de la langue utilisée par ce pouvoir ?
Cet abîme est proche, cet abîme est certain.
N. B. Pour « permettre d’être capable », « être capable de pouvoir » et autres tournures hollandiennes tout aussi récurrentes du même genre, voir aussi, entre autres, mes leçons 19, 22, 23, 24, 26, 30, 38, 48, 49, 58 et 68.
• 24 juillet 2015
Leçon 93. – François Hollande 2012-2017, l’impuissance tranquille
François Hollande 2012-2017, l’impuissance tranquille.
Un petit coup d’épaule, et le pouvoir tombe.
• Page d’accueil et sommaire • Page précédente • Page suivante
Dossiers
• Le style c’est l’homme, analyse de l’expression macronienne ici
• Lesdites « Rectifications de l’orthographe » de 1990, analyse d’un cafouillage ici
• Le style déplorable des historiens ici
• Le piège de la locution « sauf à » ici
⁂
LMMRM — Je dédie ce site à Mamette, à Claudine et à mes amis Mondo Huygelen, Jack Bonamy et Tadeusz Matynia