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Comment écrire au président de la République
et ne recevoir aucune réponse
– et autres guitares
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• 1er janvier 2018   
Leçon 371. – Pour ouvrir l’année

Un sapin encore vert et illuminé pour ouvrir l’année, image que nous souhaiterions apotropaïque pour un monde européen sonné de mensonges et de naïveté qui est entré des deux pieds dans l’ensauvagement et la barbarisation et qui aveuglément, sans défense et sans résistance va au chaos et à sa mort.
C’est tout le talent altitonnant d’un Léon Bloy qu’il nous faudrait pour la haranguer et la décrire, la France — ou bien les cris d’un chat enragé.

 

• 1er janvier 2018   
Leçon 372. –  « Pierre est radin, mais Paul est plus généreux »

« Pierre est radin, mais Paul est plus généreux » ! combien de fois n’a-t-on pas entendu ou lu ce type vicieux de phrases ?
Un exemple d’hier dans la bouche de Christophe Castaner :

L’accueil de ceux « qui ont vocation à s’installer durablement dans le pays » suppose également d’« éloigner plus systématiquement ceux qui n’ont pas obtenu le droit d’asile », fait-il [Christophe Castaner] valoir, rappelant que « seuls 4% des déboutés » font aujourd’hui l’objet d’une mesure d’éloignement*.

Bonneteau lexical, marchandise frelatée à destination des gueux, des veaux et des sans-dents. Charlatan des charlatans et petit commerçant vendant à faux poids !

————
* http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/12/31/97001-20171231FILWWW00027-castaner-l-accueil-des-refugies-ne-peut-plus-continuer-ainsi.php

 

• 1er janvier 2018   
Leçon 373. –  Quelques livres sur la correction à télécharger à Gallica

Manuel pratique et bibliographique du correcteur, J. Leforestier, 1890
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6481621x

 L’Art d’écrire un livre, de l’imprimer et de le publier, Eugène Mouton, 1896
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k637198

Le Correcteur typographe. Essai historique, documentaire et technique, L.-E. Brossard, 1924-1934
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58246973

 

• 1er janvier 2018   
Leçon 374. –  Ouvrages exempts de divisions. Curiosités

division, s. f.
Terme d’imprimerie. Petit tiret qui se met au bout d’une ligne entre une partie d’un mot et celle qui est rejetée à la ligne suivante. (Littré.)

La division des mots se fait entre les syllabes d’après l’épellation française ou parfois d’après l’étymologie.


 Manuel pratique et bibliographique du correcteur, J. Leforestier, 1890 (v. leçon 373).

 

• 1er janvier 2018   
Leçon 375. –  Règles des titres en 1890 selon J. Leforestier

[Citation] Dans les dénominations des œuvres littéraires et artistiques les mots le, la, les, du, des, un, une et les prépositions de et sur signifiant touchant, concernant, relativement à, qui font partie du titre ne prennent pas la majuscule. [Fin de citation]


 Manuel pratique et bibliographique du correcteur, J. Leforestier, 1890 (v. leçon 373).

Selon la règle d’aujourd’hui on écrira différemment : Une vieille maîtresse, Du pape, De l’esprit des lois... De la terre à la lune ne change pas.

Pour notre part nous écririons mieux en supprimant la virgule bleue :

— Les prépositions de et sur signifiant touchant, concernant, relativement à, qui font partie du titre...

D’autres règles ont changé. Ainsi on n’écrira plus...

43,567,432 hectares

... mais 43 567 432 hectares.

— Nous nous sommes demandé parfois si l’ouvrage est entièrement fiable, pourtant voici la fiche de J. Leforestier (Joseph-Pascal-Michel Leforestier) selon https://gw.geneanet.org/garric?lang=fr&n=leforestier&oc=0&p=joseph+pascal+michel :

Né le 12 avril 1855 (jeudi) - TOCQUEVILLE EN CAUX 76
Décédé le 11 avril 1929 (jeudi) - SAINT VALERY EN CAUX 76, à l’âge de 73 ans
Correcteur d’imprimerie (1895) chez Larousse.

A prendre quand même avec des pincettes.

N. B. Le Nouveau Larousse illustré de 1897 (en sept volumes) sub verbo « Barbey d’Aurevilly » écrit Une vieille maîtresse (et non une Vieille Maîtresse).
Noter aussi que, selon ce même Nouveau Larousse illustré de 1897, Montesquieu a écrit un livre intitulé l’Esprit des lois et non De l’esprit des lois...

 

• 2 janvier 2018   
Leçon 376. – Tout ce qui écrit...

Tout ce qui écrit et tout ce qui parle est menacé.
Ajoutez : et tout ce qui lit.
Le simple fait de relayer les doléances de Charlie Hebdo et de les approuver n’est pas sans danger, elle nous désigne aux barbares, c’est dire si l’heure est grave.

[Citation] Trois ans après l’attentat dont a été victime Charlie Hebdo, le directeur de la rédaction Riss regrette que la liberté d’expression devienne "un produit de luxe", déplorant le coût consacré à la sécurisation du journal, dans un numéro à paraître mercredi. "Chaque semaine, au moins 15.000 exemplaires, soit près de 800.000 exemplaires par an, doivent être vendus uniquement pour payer la sécurisation des locaux de Charlie Hebdo", écrit Riss dans un édito intitulé "Liberté d’expression, combien ça coûte ?". [Fin de citation]

C’est dire si l’heure est grave.
On se réveille quand, lecteur ?
Qu’on aime ou qu’on n’aime pas Charlie Hebdo, on ne pourra nier que cette publication est un baromètre de la liberté d’expression en France, voire le dernier baromètre public en fonction. Tous les autres sont depuis longtemps bloqués sur « beau temps » et sur « c’était moins bien avant ». Charlie Hebdo est un repère ; que l’on casse ce repère, et nous pauvres têtes faibles, folloyantes, oublieuses et ô combien manipulables (nous l’affirmons) ne saurons plus si nous sommes libres ou esclaves. Sa disparition serait un précieux cadeau fait à nos gouvernants, dont le soutien à l’hebdomadaire est parfaitement hypocrite et contraire à leurs intérêts.
(Quoi qu’il en soit, sur bien des points nos gouvernants sont les alliés objectifs de l’ensauvagement et de la barbarisation de la France, mais ici n’est pas le lieu pour en parler.)

— http://www.europe1.fr/societe/la-liberte-dexpression-devient-un-produit-de-luxe-regrette-riss-3535346
Archive : http://archive.is/HTWvG
— http://www.lepoint.fr/medias/charlie-hebdo-trois-ans-dans-une-boite-de-conserve-et-toujours-la-rage-03-01-2018-2183685_260.php
Archive : http://archive.is/CX3yC

 

• 2 janvier 2018   
Leçon 377. – « Ces outils pro aux couleurs fluo sont formid »

« Formid », toute une époque. Un mot que les moins de 40 ans n’ont probablement jamais entendu.

 

• 5 janvier 2018   
Leçon 378. – Rassemblement des correcteurs précaires le mardi 9 janvier à Paris, 1

RV le 9 janvier, 9 heures, devant le siège du @SNEedition.

http://bit.ly/2CIpWvy

Voir aussi https://www.actualitte.com/.

 

• 9 janvier 2018   
Leçon 379. – Rassemblement des correcteurs précaires le mardi 9 janvier à Paris, 2

Selon le député Michel Larive, « les périodes de chômage [que les correcteurs] subissent ne sont pas rémunérées et ils n’ont pas accès aux allocations pour lesquelles ils cotisent pourtant ».

Par quel mystère, par quel tour de passe-passe ? On aimerait connaître les raisons avancées par l’Assurance chômage.

Source : http://questions.assemblee-nationale.fr/q15/15-4374QE.htm

 

• 9 janvier 2018   
Leçon 380. – Rassemblement des correcteurs précaires le mardi 9 janvier à Paris, 3

Ci-dessous un article écrit par Marie Darrieussecq (il semble dater d’avril 2017), qui oublie que les correcteurs ne se contentent pas de corriger les fautes de graphie : ils corrigent ou signalent aussi les fautes de maquette (citons les erreurs de folio, de renvoi...), de typographie, de syntaxe, de lexique (faux-sens, contresens...), les contradictions, les incohérences, les invraisemblances, les impossibilités logiques, les erreurs de faits, les manques qui empêchent la compréhension, les obscurités, les double-sens, entre autres. Ils sont l’œil neuf et à nombreuses facettes, ils sont l’œil professionnel, attentif, dévoué et sincère. Article très réducteur donc.

Le métier de correcteur tel que nous le présente Marie Darrieussecq ressemble à celui du professeur qui corrige l’orthographe des copies de ses élèves. Très mauvais article finalement.

N. B. On se demande un peu ce qui justifie la graphie farfelue COR/R/ECTION. La trace de deux coups de fouet ?

Source : https://twitter.com/editionsPOL/status/855318957007396864/photo/1

 

• 10 janvier 2018   
Leçon 381. – Renaud Camus à l’écoute ce jour de France Musique et de France Culture

Renaud Camus poursuit sur son compte Twitter sa « revue de l’effondrement syntaxique » et présente sa récolte du jour :

— France Musique
« La rareté de ce document en fait tout son prix »
« … étant succédé par Daniele Gatti… »
— « La Grande Table » de France Culture
« On peut débattre de qu’est-ce que ça veut dire islamique »
« Un génie incapable à satisfaire »
« Peut-être un mot sur comment on a fait ce travail »
— France Culture
« Les différentes parties [s]’autocaricaturent elles-mêmes »*

La ptôse syntaxique, épiphénomène d’une ptôse morale quasi généralisée. On trouvera ci-dessus une des raisons pour lesquelles nous n’écoutons plus France Culture depuis vingt-cinq ans.

Renaud Camus ajoute :

— Qu’est-ce que la nasalisation féminine ? Eh bien par exemple Mme Marlène Schiappa, sur @franceculture NOW.

Oui, on voit bien ce qu’il veut dire, et la rhinolalie nous semble être une mode chez les femmes jeunes.
Et l’infantilisation des voix féminines ? parlons de cet envahissant phénomène : des femmes adultes à voix de petite fille, d’ado minaudante qui plus est et un peu bêtasse. Ces voix sont terriblement présentes dans le monde du livre audio professionnel, nous en concluons qu’elles sont recherchées par les éditeurs. Affreux, crispant, horripilant, insupportable.
C’est peut-être aussi le cas à la radio et à la télévision, médias plus vénéneux encore que la presse écrite et que nous ne fréquentons pas (maximum de dix minutes de radio par an et zéro minute de télévision par quart de siècle — sauf quelques extraits choisis sur YouTube ou Vimeo).
Renaud Camus est un des bons twittos francophones** : il sait resserrer sa pensée et sa phrase et ne dire que le strict nécessaire pour être compris ; il écrit court mais en nombre. Dans le long il est limpide, souvent original et inventif***. Pour les médias il n’existe pas.

————
* Renaud Camus a écrit « d’autocaricaturent elles-mêmes », mais le d est sur le clavier à côté du s.
** Sauf exceptions non rares :

Oh là là, que ces fatigant, tous ces gens qui ne maîtrisent ni la langue, ni la logique (c’est d’ailleurs la même chose).
https://twitter.com/RenaudCamus/status/951429266037669889
*** En revanche, ses barbouillages à 6 000 euros...
Voir la leçon 301 de juin 2018.

 

• 12 janvier 2018   
Leçon 382. – Rassemblement des correcteurs précaires le mardi 9 janvier à Paris, 4

http://aparte.editionsalto.com/article/les-reviseuses/

Voilà un article qui décrit bien mieux le travail du correcteur que ne le faisait Marie Darrieussecq dans un article de Charlie hebdo relayé ici dans la leçon 380.

Archive : https://archive.is/dD6Bo

 

• 13 janvier 2018   
Leçon 383. – « VOEUX AUX ELU·E·S 20 18 »

A la Mairie de Paris, on sait faire le point médian, mais pas l’e dans l’o, et VŒUX devient VOEUX.
Ne parlons pas de l’espace qui sépare 20 de 18 : 20 18.
Bande de frimards rancis !

Voyez aussi le ridicule de la formulation, Anne Hidalgo présente ses vœux aux élus, donc à elle-même.

Source photographique : J.-B. de Froment, https://twitter.com/jbdef/status/951031105662214145

 

• 13 janvier 2018   
Leçon 384. – L’outrecuidant Facebook

Nous avons depuis peu de temps un compte Facebook, qui nous permet d’accéder à des pages Facebook et d’y faire éventuellement d’inutiles commentaires que personne ne lit ou ne comprend. Mais Facebook a la grosse tête.
« Quelqu’un [sic !] nous a demandé d’examiner [sic !] votre profil », nous écrivait hier l’outrecuidant média, et, s’il s’intéresse à notre compte, nous pouvons parier que nous n’avons plus que quelques jours à vivre.
Facebook croit-il qu’on a besoin de lui ? Pense-t-il qu’il est indispensable ? Irait-il jusqu’à croire que sans lui le monde serait promis à l’ennui ? et que sans sa censure sage et avisée du moindre propos pessimiste ou critique le monde serait voué à une apocalypse immédiate et au chaos ?
Nous dirions la même chose à Twitter.
Faites-vous plaisir, Mark Zuckerberg et consorts, et bannissez donc tout ce qui ne se satisfait pas de ne parler qu’en émojis légumes : 🍆 🥦 🥕🍎.
Fais-toi plèz, bac à légumes !

 

• 14 janvier 2018   
Leçon 385. – Pour servir à Wikipedia, article « Bernard Moitessier »*, navigateur d’exception, 1

SANCIR, v. n. To sink, to founder. Couler à fond sous voiles et à l’ancre lorsque l’eau s’embarque par les hauts, se porte à l’avant de la cale et empêche le bâtiment de pouvoir se relever à la lame. Ainsi le navire qui sancit plonge et s’abîme en s’enfonçant par l’avant, tandis que les verbes chavirer, sombrer, capoter ou faire capot s’appliquent à la perte d’un navire qui s’abîme en tournant sur le côté ou autour de son axe longitudinal.


Dictionnaire de la marine à voile, (baron Pierre-Marie-Joseph de) Bonnefoux et (Edmond) Pâris, Editions de la fontaine au roi (EFR), Paris, 1987, fac-similé de l’édition de 1856 (date probable).

Nous avons modifié la ponctuation et la typo de la définition afin de la rendre plus claire.
On voit que la définition de Bonnefoux et de Pâris est plus restrictive et plus précise que celles que donnent le Wiktionary, le Littré et Wikipedia ; celle de Wikipedia est la plus large. Si l’on considère que la définition de Bonnefoux et de Pâris est bonne, le verbe sancir dans l’article sur Moitessier ne convient pas et pourrait peut-être être avantageusement remplacé (deux fois sur la page) par couler en plongeant par l’avant. Pour Bonnefoux et Pâris, un bateau qui sancit doit, entre autres, être à l’ancre. Curieux.
A un connaisseur de la marine de trancher.

———
* https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Moitessier

 

• 14 janvier 2018   
Leçon 386. – Pour servir à Wikipedia, article « Bernard Moitessier », navigateur d’exception, 2

Etre à l’ancre, c’est être amarré, à poste, dans le lieu de mouillage.

Dictionnaire de la marine à voile, Bonnefoux et Pâris, Editions de la fontaine au roi (EFR), Paris, 1987, fac-similé de l’édition de 1856 (date probable).

 

• 15 janvier 2018   
Leçon 387. – Pour servir à Wikipedia, article « Bernard Moitessier », navigateur d’exception, 3

« Sancir, ou couler sur les amarres » :

Quand un bâtiment a laissé tomber toutes ses ancres, lorsqu’il a ménagé le filage de leurs câbles de manière que ceux-ci soient toujours également tendus ou éprouvent un effort aussi égal que possible, et que l’un d’eux se trouve appeler droit de l’avant ; lorsqu’on a ôté au vent autant de prise qu’on l’a pu, il arrive quelquefois que les câbles résistant toujours, la mer devient furieuse, se rend maîtresse du navire, déferle sur le pont, se fait jour, emplit la cale, et fait Sancir, ou couler sur les amarres*.

Manœuvrier complet, ou Traité des manœuvres de mer, soit à bord des bâtiments à voiles, soit à bord des bâtiments à vapeur*, p. 16 et 17, baron de Bonnefoux, 1852 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6569167c

Mise à jour du 12-II-2018. On trouve trois ou quatre fois le verbe « sancir » dans la Longue Route de Bernard Moitessier (bon livre, bien écrit et où ne ne s’ennuie pas un instant, à mille milles du ratage du Chanson douce de Leïla Slimani dont il est parlé dans les leçons 397, 398 et suivantes ci-dessous). L’auteur le définit ainsi : « chavirer par l’avant, cul par-dessus tête » ; à plusieurs reprises, alors que le bateau n’est pas à l’ancre il craint que celui-ci ne sancisse.

Mots clés : définition de sancir.
#1Lib1Ref.

 

• 15 janvier 2018   
Leçon 388. – Pour Leïla Slimani, « le français, c’est cool », 1/3

"Déringardiser le français": la romancière franco-marocaine Leïla Slimani, "Mme francophonie" d’Emmanuel Macron, veut prouver que "le français, c’est cool".

https://twitter.com/afpfr/status/952642984658391040

"En Chine [!], on ne peut pas imaginer le nombre d’apprenants de la langue française [...]", s’enthousiasme la jeune femme [Leïla Slimani] au flot de paroles vif.

— "Cool" est aujourd’hui "rentré [sic] dans la langue française".

— "Pour [sic] beaucoup de gens, la langue française est considérée comme une langue de boudoir."

— "La France doit être à l’avant-garde de l’apprentissage du français", acquiesce Mme Slimani, misant sur le "grand plan pour la langue française" que Macron présentera l[e] 20 mars, lors de la Journée internationale de la francophonie, et qu’il avait déjà esquissé en novembre lors de son discours de Ouagadougou.

On apprend également dans cet article qu’Emmanuel Macron a déclaré que « le français est un atout pour l’avenir ».

https://www.ladepeche.fr/article/2018/01/14/2721367-leila-slimani-mme-francophonie-de-macron-veut-deringardiser-le-francais.html

Parce que nous n’en avons pas la patience, parce que la médiocrité de la France d’en haut nous épuise et nous décourage, nous ne ferons pas d’autre commentaire que celui-ci : pour François Hollande tout était atout, il découvrait des atouts et des chances partout (voir ici entre autres dans l’hilarante leçon 52), et Emmanuel Macron est son digne successeur lorsqu’il déclare que « le français est un atout pour l’avenir ».
Enfin noter que, comme Emmanuel Macron, François Hollande ne dédaignait pas le très commode et facile à placer « en même temps » (v. leçon 52) :

En même temps, la Guyane est une chance pour la République. La République doit donc lui donner toute sa chance. Merci.

Sic. On a du mal à y croire.

 

• 16 janvier 2018   
Leçon 389. – Janotisme et charabia

— "En Chine, on ne peut pas imaginer le nombre d’apprenants de la langue française [...]", s’enthousiasme la jeune femme [Leïla Slimani] au flot de paroles vif.

C’est, bien sûr, « On ne peut pas imaginer le nombre d’apprenants de la langue française en Chine » qu’il fallait dire.

— Pour beaucoup de gens, la langue française est considérée comme une langue de boudoir.

Eh bien, non ! Ce n’est pas pour, mais par qu’il eût fallu dire : « Par beaucoup de gens, la langue française est considérée comme une langue de boudoir » ou, mieux, « La langue française est considérée comme une langue de boudoir par beaucoup de gens » ou « Pour beaucoup de gens, la langue française est une langue de boudoir ».

A sa décharge, Leïla Slimani parlait, elle n’écrivait pas. Nous voilà cependant obligé de lire Chanson douce (prix Goncourt 2016), deuxième roman de Leïla Slimani, pour nous faire une idée de la compétence littéraire de l’auteur, et évaluer l’adéquation Leïla Slimani-Mme Francophonie, bref, sa légitimité.
Nous abordons cette lecture comme une corvée nécessaire et avec un préjugé plutôt défavorable, craignant que ce prix Goncourt (dont nous sommes loin de nous exagérer la valeur réelle) ne résulte d’une manœuvre de discrimination positive : la petite Franco-Marocaine qui a réussi, cette marionnette dont ont tellement besoin nos gouvernants, nos élites, nos médias.
Rappelons enfin par qui Leïla Slimani a été nommée, par Emmanuel Macron, lequel a déclaré que la culture française n’existe pas — et cette  déclaration nous devons la garder en tête.
Nous rendrons compte ici de cette lecture.

 

• 16 janvier 2018   
Leçon 390. – Une décision surprenante et discutable

Patrick Jankielewicz
@PJankielewicz
Rédacteur en chef à La Voix du Nord
Nous prenons nos distances avec les politiques : ils ne pourront plus relire et corriger leurs interviews avant publication, pratique qu’ils imposent à toute la presse écrite depuis des décennies. Ça va faire de la place dans nos colonnes.
https://twitter.com/PJankielewicz/status/952800141731356672

Ne pas pouvoir relire un long interview avant publication, c’est déjà trop.
Ne pas pouvoir remanier est gênant, car le parler n’est pas l’écrit.
Un bon point : cette décision témoigne d’un certain mépris envers les politiques, ce qui est la marque d’un esprit équilibré.
L’un dans l’autre et tout bien pesé, c’est peut-être une bonne chose, ça fera réfléchir les personnes concernées, qui parfois en prennent à leur aise et instrumentalisent grossièrement le journassot. Il a sa fierté, le journassot ! Il se rebelle, il est un homme libre* !
Le « Ça va faire de la place dans nos colonnes » est énigmatique et très bizarrement venu, comme si le but de cette phrase était de faire oublier ce qui précède en déroutant le lecteur, en attirant ailleurs son attention. Fausse résolution donc ? Et quid, entre autres, des interviews d’artistes connus, de personnalités non politiques ? Même punition ?

———
* Indépendance de la presse et subventions à icelle, la Voix du Nord : 1 030 775 euros.
http://droit-finances.commentcamarche.net/faq/33224-presse-subventionnee-les-20-journaux-les-plus-aides-par-l-etat#la-voix-du-nord

Mise à jour, tardive, du 12-II-18. Merci à Patrick Jankielewicz, qui nous a communiqué l’image ci-dessous.

Mise à jour du 22 mai 2019. Voir la leçon 848.


 

• 18 janvier 2018   
Leçon 391. – De la continuité sans solution

En mars 2014, il y a presque quatre ans (voir ici), nous avons alerté François Hollande soi-même par courriels que de monstrueuses coquilles émaillaient le site Elysee.fr. Cinq courriels entre mars 2014 et janvier 2015, auxquels jamais il ne fut répondu — pas même un accusé de réception — et jamais les coquilles ne furent corrigées.
Sur les pages du site Elysee.fr qui n’ont pas disparu* avec le départ de François Hollande, certaines de ces coquilles sont toujours là.
Un exemple avec les paroles de la Marseillaise :

Tremblez, tyrans et vous perfides[,]
L’opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prets à se battre !

On reconnaîtra que la coquille « leurs prix » est assez savoureuse et qu’elle croque sous la dent. Attention néanmoins aux plombages.
Sans parler de la mise en page catastrophique de la présentation de l’hymne et sans parler de la disparition d’une illustration, dont seules subsistent des ruines, la légende et la source : « Joseph Rouget de Lisle chantant la marseillaise [sic ! sans capitale ni italique]. Paul Adolphe Rajon (XIXème [sic] siècle), BnF ».

Normal que le mot bâclage soit le premier qui nous vienne à la bouche.

http://www.elysee.fr/la-presidence/la-marseillaise-de-rouget-de-lisle/
Archive : http://archive.is/StC2f

Bourdes en cascade, le site Marefa.org traduit logiquement « Vont enfin recevoir leurs prix ! » par « Will finally receive their prizes! ». Confusion quasi inévitable price/prize.
Archive : http://archive.is/XZjCd

Il aurait fallu au moins deux correcteurs à plein temps sur le site Elysee.fr, mais François Hollande avait d’autres préoccupations (ses cheveux, ses maîtresses, la bonne chère, les inaugurations, les visites, les commémorations, les voyages...). Avec le recul nous dirons qu’il n’en avait qu’une seule, « profiter de la vie », et ç’a été un succès.

————
* Ont disparu tous ses discours (les vidéos et leurs transcriptions), ses agendas, entre autres, mais on trouvera sur ce site, qui est en grande partie un conservatoire et un musée des horreurs, quelques copies d’écran et des copiés-collés.

 

• 19 janvier 2018   
Leçon 392. – Chanson douce, de Leïla Slimani

Lu la moitié, littérature plate et paresseuse. Le plus courageux, c’est nous, car nous tentons d’aller jusqu’au bout.

Quel culot ! Quel pouf ! (V. la leçon 331.) 

 

• 20 janvier 2018   
Leçon 393. – L’assimilation par la langue française, c’est pas pour demain matin

LA MAIRIE VEUX FERMER
GOOD PRICE
SALARIÉS AUX CHÔMAGE

Hauts-de-Seine : les clients de la supérette halal de Colombes refusent la fermeture, 20 janvier 2018 (Le Parisien).

« La totale ! », comme dit la djeunesse.
Epicerie « Good Price » : qui parlait de « déringardiser » la langue française ? Tout bien réfléchi, ne serait-ce pas plutôt l’anglais qui fait ringard ? comme faisait ringard déjà en son temps le nom de scène « Johnny Hallyday »*. Notons que, malgré ce pseudonyme éminemment ridicule, le chanteur a fait une assez belle carrière, du moins en nombre de disques.

Archive : http://archive.is/Zjzaf

————
* Idem pour Dick Rivers, de son vrai nom Hervé Forneri. (Ce qui ne nous interdit pas cependant de beaucoup apprécier certaines chansons de Rivers pleines d’une fraîcheur merveilleuse, presque enfantine, comme J’ai pris dans tes yeux.)

 

• 21 janvier 2018   
Leçon 394. – Pour Leïla Slimani, « le français, c’est cool », 2/3

Par le journaliste Jean Talabot du Figaro et par l’AFP le 15-1-2018 :

« Pour beaucoup de gens, la langue française est considérée comme une langue de boudoir, de lettrés mais pas comme une langue pragmatique, qui sert à trouver du travail », reconnaît la récipiendiaire [du] prix Goncourt 2016 pour Chanson douce, plus prestigieuse récompense littéraire française.

Outre la faute de langue de Leïla Slimani signalée dans la leçon 389 ci-dessus, on remarquera le « du » manquant, mais surtout le stupéfiant « reconnaît » introduit par le journassot du Figaro ou par celui de l’AFP.
Le mot « reconnaît » n’a rien à f... ici (c’est « déclare » qu’il eût fallu écrire, par exemple), et il est d’autant plus incongru qu’il avalise une phrase bancale et ratée à souhait.
Enfin, pas sûr que « récipiendaire » soit le mot convenable, car Leïla Slimani n’est pas admise à l’académie Goncourt, mais elle en reçoit le prix ; ordinairement on dit « lauréate ».

Ils se sont mis à deux récipients d’air pour écrire cet article, voyez le résultat.

http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/francophonie/2018/01/14/37006-20180114ARTFIG00048-leila-slimani-avec-emmanuel-macron-pour-faire-du-francais-la-deuxieme-langue-du-monde.php

Archive : http://archive.is/iOmFv

 

• 21 janvier 2018   
Leçon 395. – Pour Leïla Slimani, « le français, c’est cool », 3/3

« Le français, c’est cool »... C’est tellement cool que le français n’a que le mot cool pour le dire.

 

• 22 janvier 2018   
Leçon 396. – Quand tout se lâche, l’orthographe et la parole

La peine encoure [encourue] serait alors de 12 ans. Surtout, l’image du voyou de cité multirécidiviste [Jawad Bendaoud], d’une bêtise insondable [...].

L’ADN du logeur Jawad Bendaoud pourrait l’impliquer dans un "acte terroriste", Paris Match, 22-1-2018, par Philippe Cohen-Grillet.

Alors c’est fini, la langue de bois ?

Archive : https://archive.is/NIKY6

 

• 23 janvier 2018   
Leçon 397. – Les ravages du genre chez Leïla Slimani, 1/2

Le capitaine (de police) dont il est question ci-dessous est une femme.

Le capitaine imprime des documents qu’elle leur tend.
[...]
Le capitaine a les yeux cernés. Des poches violettes et gonflées alourdissent son regard et, bizarrement, la rendent plus jolie encore.
[...]
Le capitaine a eu l’air de le comprendre. Tout à l’heure, elle a scruté son visage impassible et elle lui a souri.
[...]
Le capitaine Nina Dorval garde les yeux ouverts, allongée sur son lit.

Etc.
Un effet incongru du féminisme ou du snobisme de l’inclusivité ? Imagine-t-on d’écrire « la victime est choqué » ou « la sentinelle est absent » si la victime et la sentinelle sont de sexe masculin ? (Cela dit, n’exagérons pas le problème, Leïla Slimani n’est pas encore élue à l’Académie française, même si cette perspective n’est nullement irréaliste.)
Il y a d’autres problèmes dans les phrases ci-dessus, mais passons — nous y reviendrons peut-être.

Source : Chanson douce, de Leïla Slimani, prix Goncourt 2016.

 

• 25 janvier 2018   
Leçon 398. – Compte rendu de lecture de Chanson douce de Leïla Slimani, 1/5

Lecture terminée, nous en arrivons à notre compte rendu.
Notre première appréciation était juste et non entachée d’exagération et de précipitation : littérature paresseuse, et disons tout de suite que le « style sec et tranchant de Leïla Slimani » dont parle la quatrième de couverture nous ne l’avons trouvé nulle part, absolument nulle part. Cette qualification de « style sec et tranchant » est une énorme supercherie, et c’est tout le contraire que nous avons trouvé entre deux soupirs accablés par nous exhalés.
Supercherie monumentalesque aussi pour la « poésie ténébreuse » et pour le « suspense envoûtant ».
Ce qui nous a le plus frappé dans Chanson douce et qui nous a beaucoup dérangé c’est l’inadéquation des mots, l’approximatif de son lexique (mots imprécis, maladroits, excessifs ou qui détonnent). De nombreuses fois, l’auteur hésite, tâtonne, cherche le mot en direct, là sous nos yeux, écrit d’abord celui qui lui vient, puis, nous laissant voir tout de son embarras à atteindre à l’expression exacte de sa pensée, ajoute une deuxième approximation à la première en pensant qu’une accumulation d’approximations finira par aboutir à une représentation claire.
Parfois il semble être allé piocher dans le dictionnaire des synonymes et y avoir pris le plus élégant (tant qu’à faire ! c’est le même prix), le plus littéraire, mais hélas il est inadéquat.
Il confond synonyme et équivalent quand, par exemple, il choisit de dire pisser plutôt qu’uriner ; accomplir plutôt que faire ; chier plutôt que soulager ses intestins ; ces mots mal choisis détonnent dans le contexte alors qu’ils auraient été adéquats dans un contexte différent.
L’auteur a un problème avec le lexique et avec l’expression de sa pensée. Nous pouvons appeler ce problème la paresse ou l’immaturité littéraire.

Nous notons que Chanson douce, de Leïla Slimani, a obtenu quatre prix : prix Goncourt 2016, Prix des lecteurs Gallimard 2017, Grand Prix des lectrices Elle 2017, Grand Prix des lycéennes Elle 2017. Palmarès !
Mise à jour du 20 novembre 2018. Leïla Slimani classée deuxième parmi les cinquante Français les plus influents du monde (!) en 2018 :
https://www.vanityfair.fr/pouvoir/medias/story/classement-vanity-fair-les-50-francais-les-plus-influents-du-monde-en-2018/4521#3-kylian-mbappe-footballeur-19-ans-3

 

• 25 janvier 2018   
Leçon 399. – Que faire du Goncourt ?

Dans le cas où les jurés ne trouvent pas de bon roman à récompenser, la solution est simple, qu’ils créent le prix du Moins mauvais roman (ainsi éventuellement qu’un prix du Plus mauvais roman) ; ce serait pour les mauvaises années de mauvais cru une porte de sortie astucieuse, élégante, honnête et amusante (avec un succès médiatique assuré), un moyen de ne pas disparaître en tant qu’association, de ne pas être réduits à se dissoudre et de continuer à faire parler d’eux (et à manger chez Drouant, à la célébrité duquel vaillamment ils contribuent).
Les statuts de l’association n’obligent pas les jurés à décerner un prix à un roman qui ne le mérite nullement et qui, de plus, dévalorise le prix, son image, sa renommée (s’il en reste aujourd’hui). Les statuts de l’association n’obligent pas non plus les jurés à s’humilier pour un plat de lentilles chez Drouant.
Le suspense serait accru : y aura-t-il un vrai Goncourt cette année ou un faux Goncourt de remplacement ?
On imagine le président du jury déclarant devant la presse : « Le prix du Moins mauvais roman est attribué cette année à... ». Tableau !

 

• 26 janvier 2018   
Leçon 400. – Les ravages du genre chez Leïla Slimani, 2/2

Le capitaine imprime des documents qu’elle leur tend.

Nous revenons sur cette phrase doublement (v. leçon 397 ci-dessus) absurde et remarquons entre autres choses que le capitaine ne peut en même temps imprimer des documents et les tendre à quelqu’un.
Il eût fallu écrire :

Le capitaine imprime des documents, puis les leur tend.
ou
Le capitaine a imprimé des documents, qu’il leur tend.

 

• 27 janvier 2018   
Leçon 401. – Compte rendu de lecture de Chanson douce de Leïla Slimani, 2/5

Les tics de langage, comme se mettre à suivi d’un infinitif (30 occurrences) :

1: La sonnette se met à retentir.
2: Ils se mettent à évoquer des souvenirs.
3: Que l’autre se mette à lui faire des remarques en arabe.
4: Elle se met à croire que Louise est vraiment partie.
5: Louise se met à ranger la salle de bains.
6: Tout le monde se met à danser.
7: Paul se met à parler d’elle.
8: Leurs corps se mettent à flotter.
9: Ils se mettent à danser.
10: Ses mains se mettent à trembler.
11: Elle se met à astiquer la lampe.
12: La pluie se met à tomber.
13: Des hommes se mettent à se battre.
14: Elle se met à hurler.
15: Ses genoux se mettent à flancher.
16: Il ouvrait la fenêtre et se mettait à fumer.
17: Ils se mettront à rire.
18: Louise, brusquement, se met à rire.
19: Le téléphone se met à sonner.
20: Au corps qui se met à dérailler.
21: L’enfant, réveillé en sursaut, se met à hurler.
22: Nina se met à croire qu’elle connaît Louise mieux que quiconque.
23: Mila s’est mise à rire aux éclats.
24: Mila s’est mise à découvrir les cachettes.
25: Ils font signe à Mila, qui s’est mise à ricaner.
26: Elle s’est mise à disparaître, des week-ends entiers.
27: Louise s’est mise à dormir plus profondément que jamais.
28: Et il s’est mis à rire.
29: Ils se sont mis à parler d’argent.
30: Paul s’est remis à donner rendez-vous à sa femme.

Peut-être avons-nous oublié quelques occurrences.
Ce tic se fait d’autant plus repérer et remarquer que sa répétition est souvent inutile (La sonnette se met à retentir/La sonnette retentit ; Ils se mettront à rire/Ils riront ; etc.), et son visage nous devient vite familier ; mais il est une scorie parmi beaucoup d’autres.
Inutile de préciser que les tics de langage indisposent généralement le lecteur et sapent lentement la crédibilité de l’auteur, qui semble n’avoir rien à dire de vraiment nouveau, et répète sa pauvre idée fixe. L’auteur a une seule solution, une solution unique et enfantine à tous ses problèmes d’expression, solution dont il abuse paresseusement, ici le « se mettre à » ; nous verrons plus bas le tic « finir par », également dérisoire.
Les tics se repèrent très vite.
Une qualité finalement à ce roman, nous n’y avons pas trouvé de coquille.

 

• 27 janvier 2018   
Leçon 402. – Compte rendu de lecture de Chanson douce de Leïla Slimani, 3/5

Parmi les autres tics de langage : agacer (7 occurrences), hystérique (8) et surtout finir par suivi d’un infinitif (26 occurrences) :

1: Myriam finit par céder.
2: ... avait fini par dire Myriam à Paul.
3: Une rage maniaque qui finit par payer.
4: Elle [...] finit par promettre que...
5: Mila, elle aussi, finit par avoir peur.
6: Ils finissaient toujours par lui demander un service.
7: Mme Rouvier a fini par demander à Stéphanie de...
8: Tout le monde finit par connaître Louise.
9: Le chanteur a fini par proposer à Paul de réaliser son...
10: Elle avait fini par parler de ses problèmes.
11: Elle avait fini par développer un don.
12: L’inconnue finit par se lever.
13: Adam finit par se débattre et par pleurer.
14: Les pompiers ont fini par ouvrir la porte.
15: Elle cherche partout, finit par les apercevoir.
16: Le futur époux a fini par changer d’avis.
17: Elle finit par s’habituer.
18: Ils finiraient par abandonner.
19: Quelqu’un finit par leur donner le numéro.
20: Elle finit par accepter de prendre un verre.
21: Elle finit par tout savoir.
22: On finit par lui proposer quelque chose.
23: Louise finit par se lever.
24: C’est lui qui finit par les empiler.
25: Thomas finit par poser sur la table le cubi.
26: La policière a fini par perdre patience.

Peut-être avons-nous oublié quelques occurrences.
La même conclusion : paresse, manque d’imagination, pauvreté de vocabulaire, l’ouvrier manque d’outils pour travailler.

 

• 27 janvier 2018   
Leçon 403. – Compte rendu de lecture de Chanson douce de Leïla Slimani, 4/5

Il y a encore beaucoup de choses à dire sur toutes les platitudes, les généralités fadasses et ennuyeuses, sur les maladresses et les incertitudes de langage que nous avons rencontrées dans ce roman, mais il faut en finir pour ne pas tomber dans le harcèlement* et pour ne pas lasser le lecteur, à qui nous demandons cependant un avant-dernier effort.
Nous désirons faire un sort, comme il était à la mode de dire il y a quarante ans, à une péripétie forcée du roman, à une fausse péripétie qui illustre bien un climat, une tendance de la société française actuelle (multiculturelle, multiconflictuelle, disloquée, où le chat ne retrouve jamais ses petits, où se côtoient les pires archaïsmes, les mentalités les plus archaïques, les plus cavernicoles et les plus époustouflantes et admirables innovations matérielles), une tendance, disions-nous donc, à voir partout du racisme et toujours du même côté.
Nous présentons le passage qui suit sans coupure pour que le lecteur puisse bien juger et pour que nous ne soyons pas soupçonné de rien lui dissimuler.

[Myriam Charfa, Maghrébine, qui est un des personnages principaux] s’est rendue dans une agence [agence qui recrute des nounous et met en rapport parents employeurs et nounous employées] qui venait d’ouvrir dans le quartier. Un petit bureau, décoré simplement, et que tenaient deux jeunes femmes d’une trentaine d’années. La devanture, peinte en bleu layette, était ornée d’étoiles et de petits dromadaires dorés. Myriam a sonné. À travers la vitre, la patronne l’a toisée. Elle s’est levée lentement et a passé la tête dans l’entrebâillement de la porte.
« Oui ?
— Bonjour.
—  Vous venez pour vous inscrire ? Il nous faut un dossier complet. Un curriculum vitae et des références signées par vos anciens employeurs.
— Non, pas du tout. Je viens pour mes enfants. Je cherche une nounou. »
Le visage de la fille s’est complètement transformé. Elle a paru contente de recevoir une cliente, et d’autant plus gênée de sa méprise. Mais comment aurait-elle pu croire que cette femme fatiguée, aux cheveux drus et frisés, était la mère de la jolie petite fille qui pleurnichait sur le trottoir ?
La gérante a ouvert un grand catalogue au-dessus duquel Myriam s’est penchée. « Asseyez-vous », lui a-t-elle proposé. Des dizaines de photographies de femmes, pour la plupart africaines ou philippines, défilaient devant les yeux de Myriam. Mila [c’est la toute jeune fille de Myriam Charfa] s’en amusait. Elle disait : « Elle est moche celle-là, non ? » Sa mère la houspillait et le cœur lourd elle revenait vers ces portraits flous ou mal cadrés, où pas une femme ne souriait.
La gérante la dégoûtait. Son hypocrisie, son visage rond et rougeaud, son écharpe élimée autour du cou. Son racisme, évident tout à l’heure. Tout lui donnait envie de fuir. Myriam lui a serré la main. Elle a promis qu’elle en parlerait à son mari et elle n’est jamais revenue.

Bref, simplement parce que Myriam Charfa, Maghrébine, a été « toisée » (par une Européenne**, devons-nous supposer), l’auteur (le narrateur, diront peut-être certains, mais le mot nous semble inadéquat ici***) conclut au racisme « évident ».
On a également du mal à comprendre pourquoi « la gérante la dégoûtait ».
La société française est gravement malade — et chacun en est persuadé —, donc sa littérature, donc son Goncourt.
Ce roman raté mais plusieurs fois primé est un des signes de notre déliquescence, et la seule chose que ce roman n’a pas raté c’est le Goncourt.
Le pire, le désespérant, l’affligeant c’est que les élites politiques, médiatiques et littéraires, qui pourtant ne sont pas aveugles, applaudissent et priment. Implicitement ils en redemandent.

————
* Il est inconfortable voire périlleux de critiquer une femme, qui plus est une femme maghrébine. Les accusations de misogynie et de racisme ne tardent pas (précisons que nous sommes un homme de racines européennes).
Nous avons minutieusement et opiniâtrement/opiniâtrément (Littré) critiqué (on peut même dire tourné en ridicule) sur ce site la prose et les discours de François Hollande pendant des années, nous n’avons reçu aucune plainte de harcèlement. (Merci à Fraise des Bois.)

** Apparemment, qui dit rougeaud (quatre occurrences de ce mot dans le roman, dont celle citée ci-dessus) dit Européen ou indigène français. Il nous semble possible de le déduire de la première occurrence et de ces trois autres occurrences de rougeaud :

— Une nuit, elle s’était levée et elle avait ouvert le pot au nom de Jules, un nourrisson rougeaud dont les ongles pointus lui avaient griffé la joue.
— Ils prennent le métro ensemble et Hervé pose sa main rougeaude sur le genou de Louise.
— Elle était mal à l’aise quand ces femmes au teint rougeaud, aux cheveux courts, les ongles coupés ras, accueillaient la camionnette de l’accusé [Michel Fourniret, le tueur en série] par des insultes et des crachats. [Exemple moins probant certes ; on se demande ce que viennent faire ici les cheveux courts et surtout les ongles coupés ras (!) : quel genre de personnes sont-ils censés caractériser ? Des vieilles, des femmes du peuple ? C’est un des nombreux mystères de la prose slimanienne.]

On dirait un mot codé, mais nous pouvons nous tromper, et cette épithète n’est pas illégitime ; l’Africain noir ou le basané, par exemple, étant rarement rougeauds. Quoi qu’il en soit, cette récurrence du mot nous a frappé (quatre fois dans un même roman, c’est beaucoup).

*** Leïla Slimani dit dans un interview qu’elle a eu plusieurs nounous et qu’elle a voulu parler dans ce roman de leur vie parfois difficile. J’identifie donc le narrateur à l’auteur.
Pas sûr que le terme nounou employé par Leïla Slimani tout au long de son livre soit le terme adéquat : nounou (c’est-à-dire nourrice), baby-sitter (il faudrait enfin oser le terme gardeuse d’enfant, avec un gardeuse qui ne se limiterait plus aux animaux et qui permettrait d’effacer du paysage francophone l’humiliant, le répugnant, le grotesque baby-sitter ; et pourquoi pas garde d’enfant voire bergère d’enfant ? qui est joliet) ou assistante maternelle ? Plutôt une assistante maternelle, mais nous croyons savoir que l’assistante maternelle reçoit les enfants chez elle, ce qui n’est pas le cas pour l’héroïne. Encore un problème de lexique.

 

• 28 janvier 2018   
Leçon 404. – Compte rendu de lecture de Chanson douce de Leïla Slimani, 5/5

— Quand l’auteur cherche un synonyme de « choses »
[La nounou] apprend à Mila à ranger derrière elle et la petite fille accroche, sous les yeux ébahis de ses parents, son manteau à la patère. Les biens inutiles ont disparu. Avec elle, plus rien ne s’accumule, ni la vaisselle, ni les vêtements sales, ni les enveloppes qu’on a oublié d’ouvrir et qu’on retrouve sous un vieux magazine.

— Crise du logement
Pour la première fois depuis longtemps, elle éprouve un désir gratuit, futile, égoïste. Un désir d’elle-même. Elle a beau aimer Paul, le corps de son mari est comme lesté de souvenirs. Lorsqu’il la pénètre, c’est dans son ventre de mère qu’il entre, son ventre lourd, où le sperme de Paul s’est si souvent logé.

— C’est compliqué
Elle avait toujours refusé l’idée que ses enfants puissent être une entrave à sa réussite, à sa liberté. Comme une ancre qui entraîne vers le fond, qui tire le visage du noyé dans la boue.

— Attention, pléonasme
Il mentait sur son temps de repos, se consolait de tout en calculant l’argent qu’il n’avait pas dépensé, satisfait de lui-même, d’être capable de s’infliger de tels sacrifices en prévision d’une fortune future.

Remarque 1. Il fallait bien sûr meubler après « fortune » (« en prévision d’une fortune » ne pouvait convenir), mais pas en répétant paresseusement une idée qui est contenue dans le mot « prévision ». (« En prévision d’une fortune qui le mettrait à l’abri de... », par exemple.)
Remarque 2. Si nous arrêtons là ce compte rendu, ce n’est certainement pas parce que nous n’avons plus de matière, car chaque ligne de ce roman est matière.
Remarque 3. Important : qui est le plus fautif dans cette affaire ? Certainement pas, à nos yeux, Leïla Slimani, qui n’est — grosso et grossissimo modo — coupable que de paresse et de colossale maladresse. Ceux qui sont le plus à blâmer : les jurés et les médias qui l’ont primée et encensée, ceux qui applaudissent au mal, et ainsi l’encouragent et le font passer pour le bien, et ceux qui laissent faire le mal, ceux qui se taisent.

Mise à jour du 13-II-18. Peut-être aurais-je dû plus explicitement écrire : « ceux qui applaudissent au mal (le mal-écrire), et ainsi l’encouragent et le font passer pour le bien, et ceux qui laissent faire le mal (le mal-écrire, le mal-jugé, ou galvaudage d’un prix encore assez prestigieux), ceux qui se taisent ».

 

• 29 janvier 2018   
Leçon 405. – Ajouter au malheur du monde

Nous nous citons.

Ceux qui sont le plus à blâmer : [...] ceux qui applaudissent au mal, et ainsi l’encouragent et le font passer pour le bien, et ceux qui laissent faire le mal, ceux qui se taisent.

Les lecteurs qui auront trouvé cette dernière phrase grandiloquente n’auront probablement pas vu l’allusion à une phrase célèbre qu’on attribue tantôt à Einstein, tantôt à Tocqueville.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait aussi l’autre*. Oui, et récompenser la médiocrité littéraire aussi. Donner une prime littéraire publique et retentissante (qu’on nous cite un seul média qui n’en ait pas parlé le jour même) à de la pseudo-littérature, c’est mal nommer les choses et c’est ajouter au malheur du monde en général — et à son abrutissement, au dévoiement de son goût et de son esprit critique, devrions-nous ajouter, et à la colère de ceux qui ne sont pas encore complètement abrutis — et de la littérature en particulier.
Tous les hommes ne sont pas conscients, hélas, que, dans un monde qui est sur la pente de la décadence, tout ce qui ajoute à la vitesse de sa descente peut être catastrophique — certains ne voient même pas la pente.

————
* C’est en tout cas ce qu’on prétend qu’il — un certain Camus — a dit, mais l’important est qu’il y a une sorte de consensus sur la validité de cet aphorisme. Quant à Platon, il aurait écrit à juste titre : « La perversion de la cité commence par la fraude des mots. »
V. http://jeanpierredacheux.blogspot.fr/2011/01/mal-nommer-est-meurtrier.html

 

• 30 janvier 2018   
Leçon 406. – Le prévenu pas mieux que le journassot de base

Mohamed Soumah montre ensuite sa jambe blessée au tribunal. En 2012, il a pris une balle dans la jambe, rappelle la présidente. "On a dû me confondre par erreur madame."

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01/29/01016-20180129LIVWWW00107-en-direct-proces-jawad-bendaoud-quatrieme-journee-logeur-daech-terroristes-attentat-paris.php

Même panier.
Le journassot ignore l’usage de la virgule (elle manque après « erreur »).
« Il a pris une balle dans la jambe », formulation un peu voyou proche de « Il s’est pris une balle dans la jambe ». Est-ce vraiment le président qui parle ainsi ou est-ce une reformulation pour le peuple ? Mieux : « Il a reçu une balle dans la jambe. »

 

• 31 janvier 2018   
Leçon 407. – « Le français, c’est cool »

Mme Francophonie a oublié de dire à l’inénarrable Marlène Schiappa que le français c’est cool.
En effet la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes préfère l’anglais, et écrit le 30 janvier 2018 :

Pour tous ceux qui demandent un exemple de « victim-blaming » dans le récit, en voici. [...]

https://twitter.com/MarleneSchiappa/status/958406827456200704

 

• 31 janvier 2018   
Leçon 408. – Un député effondré

Renaud Camus :

La revue de l’effondrement syntaxique
@franceculture
Mme Frédérique Dumas, députée [...] : « Il faut une feuille de route sur on veut un service public fort et attractif »

https://twitter.com/RenaudCamus/status/958670554474713088

Non mais quelle idée aussi d’écouter France Culture ! Il doit y avoir du masochisme chez ce Renaud Camus (voir la leçon 381 ci-dessus).

 

 

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