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Comment écrire au président de la République
et ne recevoir aucune réponse
– et autres guitares, 36

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500/833 = 500e leçon sur un total de 833 leçons et notes

 

• 1er mai 2019
Leçon 825/1158. – Sous de sombres auspices

C’est sous les sombres auspices d’un déséquilibre et d’une contradiction manifestes et éclatants que commence le mois de mai. Résumons la conférence de presse* du président du 25 avril...
En arrière-plan lointain, flou, trouble, oublié, des yeux crevés, des mains arrachées, des pieds mutilés, des crânes fracturés, enfoncés et leurs nombreuses et graves séquelles à vie**.
Au premier plan, un Macron pimpant toujours, sûr de soi envers et contre tout, à l’aise, guilleret, heureux, léger, souriant, tout miel, séducteur toujours, poseur, pontifiant et déclarant entre autres en demi-charabia qu’il faut « assumer la clarté, la force d’un investissement dans les grandes transitions pour bâtir la confiance »*** !
Macron meublant le vide ou cachant ses vraies intentions sous sa logorrhée sinueuse, serpentine, sédative et déglinguée.
Dans les deux camps opposés, la détestation monte. Désormais irréconciliables, nous semble-t-il.
Mai sera agité et probablement furieux.

(Nous avons conscience que, dans ces conditions, il est chaque jour plus dérisoire de parler de la prononciation de Macron, de la syntaxe de Macron, du lexique de Macron, du style de Macron, du charabia de Macron. Idem pour les journalistes, toujours plus nombreux à être du côté du manche, du manche qui castagne et enfonce des crânes.)

———
* Mise à jour du 16 janvier 2020. Sans parler des emprisonnés ferme (comme ce Bruno qui s’est inscrit à des activités, entre autres à « un atelier d’écriture dans le journal de la prison… sauf que le mot "gilet jaune" y était interdit ») : http://archive.ph/RIIvl.
** https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/04/25/conference-de-presse-grand-debat-national (archive : http://archive.is/tfbk5)
*** Voir la leçon 822.
Mise à jour du 8 mai 2019. Vingt-quatre yeux perdus à ce jour, vingt-quatre yeux qui ne contempleront plus le « nouveau monde » de M. Macron : https://twitter.com/davduf/status/1125867942883807233.
Mise à jour du 11 mai 2019. Ce que nous disons dans cette leçon 825 est très analogue à ce que nous disions en avril dans la leçon 801, où nous concluions : « Dans le “nouveau monde” de Macron, tout est bancal et prêt à tomber, et tout naît bancal. Il serait surprenant que la chute ne fût pas proche et bruyante. » Aujourd’hui nous ne pouvons que souhaiter passionnément la chute du régime Macron, dont nous disons qu’il est ignoble.
Mise à jour du 15 mai 2019. A propos de la prononciation de Macron. Nous apprenons que certaines personnes ne se sont pas aperçues du zézaiement de Macron (sur Google, taper Macron zézaiement), certainement parce qu’il est faible et rare et que peu de gens ont écouté comme nous Macron pendant des heures. Sur la prononciation de Macron, voir la leçon 596.
Mise à jour du 23 mai 2019. « Mai sera agité et probablement furieux »... Finalement non. Alors juin ?

 

 

• 1er mai 2019
Leçon 826. – Elodie Mielczareck, sémiologue, décrypte Macron, 1/2

https://twitter.com/mielczareck/

Si l’on en croit le twitte ci-dessous, Elodie Mielczareck, « sémiologue, spécialisée dans le langage et bodylanguage [sic !], conseil aux dirigeants, auteure [sic] de "La stratégie du caméléon" », a été grossièrement et violemment attaquée verbalement par le clan macronolâtre pour avoir défavorablement décrypté notre président :

Pourtant celles de ses analyses que nous avons lues sur la Toile nous ont semblé peu virulentes (exemple : https://www.huffingtonpost.fr/entry/emmanuel-macron-est-il-malade_fr_5cc6ad76e4b0fd8e35be9a4a ; archive : http://archive.is/Ob3v6).

Plus haut, capture d’écran du 30-IV-19 à 16 h 25 à https://twitter.com/mielczareck/status/1123181974145916928, adresse aujourd’hui invalide — le twitte semble avoir disparu, mais on en trouve des traces ici : http://archive.fo/BVWJ9.

Mise à jour. Lu une deuxième fois l’article d’Elodie Mielczareck, qui conclut entre autres au narcissisme de Macron. Pour notre part, nous pensons que ce n’est pas le moteur principal de Macron.
L’« auteure » (voir ci-dessus) a le tort d’être parfois imprécise, peu claire, voire obscure et de ponctuer mal.
Intéressante — mais, pour plusieurs raisons, mal dite —, cette analyse de la sémiologue :

Prenons, par exemple, cette phrase illustratrice [de Macron]: “La fierté qui est la mienne de voir nos concitoyens participer aux débats (...) j’ai moi-même beaucoup appris.” Cela n’est pas “nos concitoyens peuvent-être fiers d’avoir participé”, c’est de manière plus subtile et maquillée un “je suis fier que nos concitoyens…”. Le sentiment de fierté n’est donc plus attribué aux concitoyens mais devient le fait de la démarche présidentielle. Ce type d’arrangements syntaxiques est trop important dans l’allocution présidentielle pour être le fruit du hasard.

Dans cette citation, seul « [de Macron] » est de nous.
Nous pourrions ajouter à cette analyse que Macron, sentant peut-être qu’il parle trop de lui, rapporte trop de choses à lui (trop de « je »), dit dans cet extrait « nos concitoyens » au lieu d’un logique « mes concitoyens », mais c’est peut-être pour mettre de la distance entre lui et le peuple, dont il ne veut pas être trop proche en utilisant un « mes » — ce serait le signe de ce mépris que beaucoup lui reprochent — ou bien par ce « nos » veut-il faire de son public de journalistes un complice de ce qu’Elodie Mielczareck dénonce comme un subtil maquillage (je suis fier de ce que j’ai fait bien plus que je suis fier de ce que mes concitoyens ont fait). D’autres interprétations sont possibles.
Pour finir, nous dirons que le curieux c’est qu’Elodie Mielczareck, comme 99,99 % des commentateurs de Macron, ne dit rien du charabia ou du demi-charabia qui polluent les déclarations du président depuis deux ans : les auditeurs seraient, quoiqu’ils nient et quoi qu’ils disent, hypnotisés, voire fascinés par Macron, et leur champ visuel serait réduit.
La transcription du discours du président est ici : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/04/25/conference-de-presse-grand-debat-national (archive : http://archive.is/tfbk5).

Mise à jour, février 2020. Autre article de Mielczareck ici, sur l’affaire Griveaux, un pâté de coquilles (« canditature » ; « Rousseau, qui abonne ses enfants », où « abonne » est mis à la place de « abandonne » ; « auparavent », deux fois ; « l’enfant parait, un enfant disparait », sans les circonflexes ; « étandards » ; « une envie irréprprescible », trois coquilles dans un même mot ; « ils affichent ces principent » ; etc.). Pas de correcteurs chez Atlantico.fr ?

 

 

• 3 mai 2019
Leçon 827. – « Un deux-points » ou « des deux-points » ? 1/3

A moins qu’on ne parle de plusieurs, on doit dire un deux-points comme on fait pour les noms masculins singuliers trois-mâts, deux-roues, voire trois-points (les points de suspension), etc. : un trois-mâts, des trois-mâts...

Pour le Petit Larousse de 2011, comme pour le TOP, on dit un deux-points :

DEUX-POINTS n. m. Signe de ponctuation [...].

En revanche pour le Dictionnaire de l’Académie on dit des deux-points. Voici l’erreur :

DEUX-POINTS, nom masculin pluriel [...].
Signe de ponctuation, figuré par deux points superposés, qui précède une énumération, une explication, une citation. Mettre les deux-points. Deux-points, ouvrez les guillemets.

Même erreur sur le site consacré à la ponctuation La-ponctuation.com dans son chapitre « Les deux-points », qui devrait s’intituler « Le deux-points », et dans son chapitre « Histoire de la ponctuation » (« Le point, la virgule et les deux-points devinrent les indications en usage »).
Dans son chapitre « Les tirets », qui devrait s’appeler « Le tiret », les auteurs utilisent trois fois des traits d’union à la place de tirets ; dans d’autres chapitres également. Autres erreurs minimes ici et là.
Archive : http://archive.fo/A0JXm.
Pour plus d’informations sur la ponctuation, voyez ici les leçons « Quel manuel de ponctuation ? »  de 1/7 à 7/7.
Signalé à l’Académie.
Autonote 14.

 

 

• 4 mai 2019
Leçon 828. – Ce qu’est une nasse et la bouilloirisation des corps et des esprits

Huffingtonpost.fr* :

Avec la nasse, il y a la théorie, et il y a la pratique. Citée dans un rapport du défenseur des droits sur le maintien de l’ordre publié en 2017, la préfecture de police explique que cette manoeuvre est “un moyen de prévenir ou de mettre fin à un trouble à l’ordre public” et qu’il est “systématiquement laissé une échappatoire aux personnes encerclées par les forces de l’ordre”. 

Une nasse avec une sortie n’est pas une nasse. Dans une nasse, il y a une entrée, et la sortie est en principe impossible, impraticable, conditions indispensables à l’efficacité du piège à animaux.
La vraie nasse policière, ou technique du kettling (ou « mise en bouilloire », ou « bouilloirisation »), sans issue ni sortie, a pour les manifestants l’inconvénient de les faire bouillir d’anxiété et de colère surtout si le nassage s’accompagne de jets de projectiles inamicaux de la part des nasseurs.
S’il y a une sortie, le mot nasse est inadéquat. Mais qui se préoccupe encore de nommer correctement les choses ? C’est pourtant ainsi que l’outil langue incessamment malmené perd de sa précision, donc de son efficacité et qu’il ne reste plus aux gens qui veulent se défendre que la force physique.
Qu’elle soit volontaire ou involontaire, la bouilloirisation des corps et des esprits est en marche, avec une nette accélération sous Macron, qui a poussé tous les feux, matériels et psychiques.

———
* https://www.huffingtonpost.fr/entry/1er-mai-la-nasse-technique-policiere-omnipresente-en-manifestation-mais-au-cadre-legal-incertain_fr_5ccc28d1e4b0548b7358992f?

 

 

• 4 mai 2019
Leçon 829. – L’académicienne Danièle Sallenave prend la plume pour soutenir les gilets-jaunes

Collection Tract (n° 5), Gallimard
Parution : 18-04-2019

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/Jojo-le-Gilet-jaune

Pour paraphraser les gilets-jaunes...

Elle est là,
Elle est là,
Même si Macron ne veut pas,
Elle, elle est là
Pour l’honneur des travailleurs
Et pour un monde meilleur,
Même si Macron ne veut pas,
Elle, elle est là.

Mise à jour. Mme Danièle Sallenave ne fait pas partie de la liste des quelque 1 350 membres des métiers de la culture soutenant les gilets-jaunes après leur vingt-cinquième semaine de manifestations (défilés, ronds-points, péages...). Probable qu’elle n’ait pas eu trop envie de se montrer au côté de metteures en scène, d’auteures, d’auteur·rice·s, du « gérant du label de musique Et mon cul c’est du tofu ? » ni d’autres amateurs de néologie fantaisiste, mots d’esprit et écriture inclusive.

 

 

• 6 mai 2019
Leçon 830. – Elodie Mielczareck, sémiologue, décrypte Macron, 2/2

Petite inexactitude. Elodie Mielczareck écrit* :

L’autre est ainsi nié dans le discours. Par ailleurs nous notons que la phrase “je considère les Gilets Jaunes” est prononcé [sic] à 2h17 sur un discours dont la durée est de 2h24. 

Non, Macron prononce gilets-jaunes dès le début de son discours, à 0 minute 45 secondes** :

Mesdames, Messieurs les membres du gouvernement, Mesdames, Messieurs.
J’ai souhaité vous rencontrer devant les Français qui nous écoutent et nous regardent pour tirer les conclusions du Grand débat national et proposer au pays les orientations du nouvel acte qu’appelle l’attente de nos concitoyens, nouvel acte de notre République. Que s’est-il passé au fond depuis le mois d’octobre dernier dans notre pays ? Un mouvement inédit, le mouvement des gilets jaunes qui a dit sa colère [...].

Cela dit, chacun a remarqué que Macron fuit le mot « gilets-jaunes » depuis des mois, depuis le début du mouvement, depuis vingt-cinq semaines, comme pour nier ce maelström flavescent, et l’invisibiliser.

Autre inexactitude : le discours de Macron ne dure pas deux heures, mais une heure. La deuxième heure n’est plus discours, elle est consacrée aux questions des journalistes et aux réponses du président.
Le discours finit à 57 minutes 35 secondes de la vidéo**.

———
* https://www.huffingtonpost.fr/entry/emmanuel-macron-est-il-malade_fr_5cc6ad76e4b0fd8e35be9a4a ; archive : http://archive.is/Ob3v6
** https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/04/25/conference-de-presse-grand-debat-national ; archive : http://archive.is/tfbk5

 

 

• 6 mai 2019
Leçon 831. – « Le maelström flavescent »

Le maelström flavescent, ou mouvement des gilets-jaunes.

Littré :

flavescent, ente, adj.
Terme didactique. Qui tire sur le jaune.

(On nous fera remarquer que c’est plutôt la police qui tire sur le jaune.)
Autonote 15.

 

 

Mises à jour des leçons 826 et 829 ci-dessus.

 

 

• 6 mai 2019
Leçon 832. – « Un deux-points » ou « des deux-points » ? 2/3

Reçu ce jour la réponse du service du dictionnaire de l’Académie, qui persiste à considérer qu’au singulier on ne dit pas et on n’écrit pas un deux-points, mais des deux-points, ce que tout contredit.
Ci-après, les deux points (sans trait d’union), mais un deux-points. Logique, avec le trait d’union le singulier s’impose, comme pour les deux roues/un deux-roues :

Source : le Bon Usage, grammaire française de Maurice Grevisse et André Goosse,
quatorzième édition, 2008.

Pour le Petit Robert, deux-points est un « nom masculin invariable » comme deux-pièces, deux-mâts, trois-mâts, etc., et non pas un « nom masculin pluriel », comme l’écrit le Dictionnaire de l’Académie. Selon le Petit Robert, on dit donc bien un deux-points.
Quand un mot est un pluriel et ne s’emploie qu’au pluriel, les dictionnaires le précisent, ainsi funérailles chez Robert : « nom féminin pluriel ».
Autonote 16.

 

 

• 7 mai 2019
Leçon 833. – « Un deux-points » ou « des deux-points » ? 3/3

Soit la phrase...

Il s’étonna « Vous partez déjà ? »

... on peut en dire ou en écrire ce qui suit : « Il manque les deux points dans cette phrase » ou « Il manque le deux-points dans cette phrase » (singulier + trait d’union), la seconde formulation étant la meilleure, la plus claire.

Nous prévoyons que le service du dictionnaire de l’Académie reviendra sur son affirmation, sur son erreur.
Ici le service décrit par Lepoint.fr : https://www.lepoint.fr/education/internet-au-secours-du-francais-14-10-2018-2262896_3584.php (archive : http://archive.fo/22toa) ; il paraît que « 85  % des questions sont récurrentes —  et les réponses, déjà prêtes ».

 

 

• 9 mai 2019
Leçon 834. – « Une terrible lacune culturelle généralisée » chez les journasots

« On ne rend pas hommage à un bâtiment ! », article d’Ingrid Riocreux :

« Rendre hommage » signifie témoigner à quelqu’un du respect et de l’admiration ; quand cette personne est décédée, lui rendre hommage, c’est saluer sa mémoire.
L’utilisation impropre de cette expression a manifesté une terrible lacune culturelle généralisée. 

Ingrid Riocreux fait remarquer que Notre-Dame de Paris n’est pas une personne et encore moins une personne morte. Suite ici : https://blog.causeur.fr/lavoixdenosmaitres/notre-dame-pas-grosse-bertha-00945#more-945.

 

 

• 10 mai 2019
Leçon 835. – Autocitation infidèle et guillemets galvaudés

Quand on est incapable de se citer, on s’interdit les guillemets.

De nombreuses inexactitudes dans cette prétendue autocitation (voyez les guillemets), entre autres quand son auteur, Marine Le Pen, écrit : « Ces #Européennes2019 deviennent donc un référendum contre Macron » ; alors qu’elle a déclaré : « Alors ça [les élections européennes] devient donc un référendum pour ou contre Emmanuel Macron » (la vidéo est ici : https://twitter.com/MLP_officiel/status/1126548267616100355).
Pour les politicards comme pour les journasots, la vérité, l’exactitude, la réalité, la photographie fidèle de la réalité n’ont plus de valeur ; ils bricolent, ils photoshopent, ils arrangent, ils déforment, ils bâclent.
L’honnêteté consisterait d’abord à ne pas mettre de guillemets, ensuite à ne pas modifier les propos (entre autres « un référendum contre Emmanuel Macron »/« un référendum pour ou contre Emmanuel Macron »).
Demander de la rigueur, c’est trop demander aux politicards et aux journasots — un manque de rigueur qui a contaminé la société tout entière des blogueurs et autres apprentis journasots : le mauvais exemple vient d’en haut. Les guillemets sont devenus du décoratif et il y en a mille fois trop sur la Toile.

Mais ce n’est pas tout... Regardons maintenant la prétendue citation de LCI dans l’image ci-dessus : Le Pen : "Si Macron perd, il doit partir". En réalité Marine Le Pen dit : « S’il [Macron] perd cette élection, alors il devra partir. » Le mauvais exemple de l’approximation, de la demi-vérité vient bien des pros d’en haut, ces suffisants qui donnent le la.
Il fallait donc écrire, sans les guillemets : Le Pen : si Macron perd, il doit partir ou Pour Le Pen, si Macron perd, il doit partir, mais ça n’aurait plus eu le goût de la citation ni l’aspect de la vérité. Les guillemets sont censés donner du sérieux, du professionnalisme, du vécu, du cru, du poids au texte, mais ici le vécu est inexact, le cru est faisandé et le poids est falsifié : pour le sérieux et le professionnalisme nous repasserons.
Autonote : MLP_autocitation.mp3.

 

 

• 11 mai 2019
Leçon 836. – S’abandonner à vivre

Lu ce jour trois nouvelles de S’abandonner à vivre de l’attachant Sylvain Tesson.
Bien écrit (la syntaxe semble parfaite, le vocabulaire est riche et précis, etc.), mais nous n’avons pas du tout accroché, et nous ne lirons pas les autres nouvelles (faut-il plutôt les appeler des chapitres indépendants ?). Nous n’avons pas compris la raison d’être du titre et nous nous attendions à tout autre chose, de beaucoup moins littéraire et de direct. Avons préféré Dans les forêts de Sibérie, au style beaucoup moins travaillé ; prévu de lire Berezina.

 

 

Mise à jour de la leçon 825.

 

 

• 13 mai 2019
Leçon 837. – Faux ami : redacted signifie parfois censuré ; fausse ponctuation, 1/2

Courrier international numéro 1488 du 9 au 15 mai 2019 p. 55.
A propos du rapport d’un procureur spécial états-unien :

[Chapô] Les Français parlent de "caviardage", les Anglo-Saxons, eux, disent qu’un texte a été "redacted". Comment "rédiger" a-t-il pu prendre le sens de "censurer", en anglais ?
[Corps du texte] Le rapport du procureur spécial, Robert Mueller, a été publié le 18 avril dans une version caviardée : autrement dit, des passages plus ou moins courts ont été rendus illisibles tout au long des 400 pages. Depuis, beaucoup de gens s’interrogent sur le sens de “caviardé”, ou redacted, en anglais. [...]

Dictionnaire Merriam Webster en ligne :

redact
transitive verb
1 : to put in writing : frame
2 : to select or adapt (as by obscuring or removing sensitive information) for publication or release
broadly : edit
3 : to obscure or remove (text) from a document prior to publication or release

https://www.merriam-webster.com/dictionary/redact

On notera aussi — et entre autres — l’erreur de ponctuation suivante :

Le rapport du procureur spécial, Robert Mueller, a été publié le 18 avril [...].

Les deux virgules, dites explicatives, n’ont pas lieu d’être, Robert Mueller n’étant pas le seul procureur spécial* de l’histoire des Etats-Unis (c’est pourquoi nous écrivons plus haut dans la deuxième ligne : « à propos du rapport d’un procureur spécial états-unien », et non « à propos du rapport du procureur spécial états-unien »).
Il fallait donc écrire :

Le rapport du procureur spécial Robert Mueller a été publié le 18 avril [..].

Pénibles, les correcteurs ! La ponctuation étant le seul monopole de savoir des correcteurs, leur spécialité des spécialités, s’ils sont incapables de ponctuer correctement, il ne leur reste rien pour se distinguer des journasots.

Merci à F.
Mots clés : faux ami anglais, fausse ponctuation.

———
* Voir par exemple https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/05/18/etats-unis-qu-est-ce-qu-un-procureur-special_5129524_3222.html (archive : https://archive.is/QoE2k).

 

 

• 14 mai 2019
Leçon 838. – Faux ami : redacted signifie parfois censuré ; fausse ponctuation, 2/2

A signaler, redact et ses dérivés (redacted...) sont absents du dictionnaire Harrap’s shorter de 1996, mais voici les définitions de wordreference.com :


https://www.wordreference.com/enfr/redact

On remarquera ci-dessus que, selon wordreference.com, l’acception censurer est américaine (« US »), donc redact est peut-être aussi un faux ami pour certains Britanniques. On peut dire que redact au sens de censurer est une acception euphémistique (politicards et journasots soumis aux premiers adorent les euphémismes), comme violenter l’est pour violer (leçon 766).
Mise à jour. A propos de violenter. Ne pourrait-on pas dire que l’acception nouvelle de violenter est aussi une élégance euphémistique pour « donner des coups, frapper » (voir la leçon 766 et les suivantes) ? L’euphémisme est un outil très prisé de la communication politiquement correcte, du novlangue.

 

 

• 14 mai 2019
Leçon 839. – Applaudir dans les cimetières, la civilisation des applaudissements

L’écrivain Renaud Camus remarquant à juste titre que depuis quelques années des gens qui n’ont aucune relation de familiarité avec leur interlocuteur appellent celui-ci par son prénom (à Macron : « Ça va, Manu ? » ; à Renaud Camus : « Renaud, j’ai lu votre livre avec intérêt », etc.) a créé en 2014 l’expression « la civilisation des prénoms » (titre d’un de ses livres).
Il y a une autre civilisation, à contre-pied, déglinguée, festive et probablement née de la télévision, qui est en train de grandir, la civilisation des applaudissements. Ecoutez cette vidéo, par exemple, où des spectateurs applaudissent les soldats morts au champ d’honneur Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello : https://twitter.com/francediplo/status/1128213287403958272.

Nous avons vu récemment plusieurs manifestations où des manifestants, immédiatement après avoir chanté la Marseillaise, s’auto-applaudissent.
Penser aussi aux émissions de débat où des intervenants invités, d’abord cachés au regard dans les coulisses, entrent sur le plateau sous les applaudissements (par exemple celles de Ruquier ou d’Ardisson, si nos souvenirs sont bons), applaudissements commandés ou non.
C’est certainement ainsi qu’on en arrive à une quasi-festivisation de tout, dont la mort.
Voilà un sujet intéressant pour Elodie Mielczareck (voir la leçon 826 ci-dessus), la sémiologie nouvelle des applaudissements.
rose Mise à jour. Civilité, voir « Il est interdit d’appeler Brigitte “Brigitte”! », https://fl24.net/2019/11/02/attention-censure-detat-il-est-interdit-dappeler-brigitte-brigitte/ (archive : http://archive.ph/wip/s8Kuw).

 

 

• 16 mai 2019
Leçon 840. – L’étrange « miguet » de Macron, 2/4

Suite de la leçon 822.
Rappel : le mot inconnu miguet a été prononcé par Macron le 25 avril 2019 lors d’une allocution au début de sa conférence de presse. On en trouve une transcription sur Elysee.fr :

Nous sommes face à des défis, des grands changements et ils suscitent de la crainte parce que nous sommes comme un “miguet” (phon.) on prend beaucoup de décisions mais elles ne sont pas suffisamment lisibles.

Google ne trouve pas le mot miguet si on ne lui indique pas sur quel site il se trouve ; il faut taper ceci sans le point final : miguet site:https://www.elysee.fr.
Quant aux médias, aucun n’en a parlé, aucun n’en parle, et le fait que Macron se compare à un miguet (dans ce nous, Macron est compris) ne les intéresse pas ; il se serait comparé à un clystamboire*, ç’aurait été pareil : « Nous sommes comme un clystamboire, on prend beaucoup de décisions, mais elles ne sont pas suffisamment lisibles. »
On aura remarqué que la personne qui a transcrit le discours semble elle aussi ignorer ce qu’est un miguet, puisqu’elle écrit : « comme un “miguet” (phon.) ».

————
* Le clystamboire est apparenté au vistemboir de Jacques Perret, mais à ce jour aucune occurrence publique du mot clystamboire n’est connue.

 

 

• 16 mai 2019
Leçon 841. – L’étrange « miguet » de Macron, 3/4

Si on tape miguet https://www.elysee.fr sur Yahoo!, on obtient d’abord trois pages inutiles qui ne contiennent pas le mot miguet, puis une qui contient et le mot miguet et les mots https://www.elysee.fr, soit notre leçon 822.

 

 

• 16 mai 2019
Leçon 842. – Allocution de Macron du 14 mai 2019, 1/2

Hommage national aux premiers maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, extraits de la transcription donnée par le site Elysee.fr.
Correction entre crochets.

Car la France est une nation qui n’abandonne jamais ses enfants quelles que soient les circonstances et fusse à l’autre bout de la planète.
[Correction : fût-ce. Mieux encore : seraient-ils ou fussent-ils]

Il fut projeté au levant comme chef d’équipe commando.
[Correction : au Levant]

Aux dires de tous, remarquable.
[Correction : Au dire]

L’homme toujours disponible, le sourire toujours là qui rendait souvent service aux autres sans bien que cela ne se sache.
[Charabia. Correction : sans que cela se sache]

Maître Cédric de PIERREPONT, Maître Alain BERTONCELLO, au nom de la République française, je vous fais chevalier de la Légion d’honneur.
[Correction : chevaliers]

Maître Cédric de PIERREPONT, maître Alain BERTONCELLO, je vous fais premier maître dans le corps des officiers mariniers de maistrance.
[Correction : premiers maîtres]

Une nation n’est libre et forte que d’avoir des héros, dont elle doit se montrer digne, en s’élevant à leur hauteur et en restant soudés.
[C’est la nation, qui doit rester soudée. Correction : soudée]

Il est sûr que, sans ces négligences, la transcription eût paru plus « digne » et plus à « leur hauteur », comme dit Macron.
Sans parler du style, que nous n’avons que trop analysé dans des leçons précédentes.

https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/05/14/hommage-national-aux-premiers-maitres-cedric-de-pierrepont-et-alain-bertoncello-morts-pour-la-france (archive : https://archive.is/2uEaP)

 

 

• 17 mai 2019
Leçon 843. – Allocution de Macron du 14 mai 2019, 2/2

Avec ce « fusse » criardement fautif qui se voulait littéraire et élégant comme avec d’autres mots ou tournures de phrase de Macron, on pense à Daniel Mermet, qui dans une parodie de procès accusa le président d’« esbroufe en réunion » et de « cuistrerie en bande organisée », formules particulièrement bien frappées.
Manifestement Macron, comme son prédécesseur Hollande, n’emploie pas de correcteurs ; il préfère changer la moquette et les assiettes ou acheter des drones pour chasser le gilet-jaune.
Quant à « projeté à » (« Il fut projeté au Levant »), l’usage de cette expression, de ce jargon devrait être laissé aux militaires ; le simple pékin, le civil se contentera d’un plus modeste et plus exact « envoyé au Levant ». Macron veut prouver qu’il connaît la musique, qu’il est un type à la coule. Les premiers à ne pas être dupes sont certainement les militaires.

 

 

• 17 mai 2019
Leçon 844. – Les brosseurs à reluire du 25 avril 2019

Sur Les-crises.fr :

Conférence de presse à l’Élysée : qui sont les quinze journalistes qui ont pu poser une question à Emmanuel Macron ?

Mieux : « Qui sont les quinze journalistes privilégiés qui ont pu poser une question à Emmanuel Macron ? »
Suite ici : https://www.les-crises.fr/gpcj/ (archive : https://archive.is/p9F1n).
• Voir aussi « Comment étaient choisis les journalistes qui posaient des questions à Macron ? » :
https://www.liberation.fr/checknews/2019/04/26/comment-etaient-choisis-les-journalistes-qui-posaient-des-questions-a-macron_1723475.

 

 

• 18 mai 2019
Leçon 845. – Macron le Jivaro

Huffingtonpost.fr rapporte un commentaire de Macron sur le mouvement des gilets-jaunes :

“La démocratie, ça ne se joue pas le samedi après-midi”, a prévenu le président de la République devant des journalistes*.

Remarquable rhétorique macronique : l’art de résumer jusqu’à faire de ce qu’on résume une toute petite chose dérisoire, toute sèche, toute laide, toute grimaçante et méconnaissable, exactement comme une tête réduite par un Jivaro.
(Toujours infoutu de faire une citation exacte, Huffingtonpost.fr écrit d’abord : « La démocratie, ça ne se joue pas le samedi après-midi », puis « La démocratie, ça ne se joue pas un samedi après-midi ».)
Macron mal à l’aise, un peu à quia ; ce que la presse a dit injustement pendant presque six mois du mouvement des gilets-jaunes, on peut le dire du président : il s’essouffle**.

———
* https://www.huffingtonpost.fr/entry/macron-aux-gilets-jaunes-la-democratie-ca-ne-se-joue-pas-le-samedi-apres-midi_fr_5cdedf7ce4b00735a91637aa (archive : https://archive.is/oDo3x)
** Voyez cette vidéo : https://twitter.com/BFMTV/status/1129412730065215488/video/1 où Macron déclare entre autres, tentant de prendre de la hauteur (ton perché) par rapport au sujet : « La démocratie, ça ne se joue pas l’ samedi après-midi. »

 

 

• 19 mai 2019
Leçon 846. – Faux-sens chez les gilets-jaunes

Hier, samedi 18 mai, c’était la deuxième fois en six mois que les gilets-jaunes parlaient d’« anniversaire » du mouvement ; pour le samedi 25 mai, ils nous annoncent leur « ultimatum 3 ».

Rappels. Anniversaire : au minimum après un an d’âge ; ultimatum : on en fait un, jamais plus, alors trois...
Heureusement, les journasots sont trop sots pour le leur faire remarquer.

https://m.facebook.com/Gilet.jaune.france.fr/

Remarquer que beaucoup ont abandonné les chiffres romains, et le prochain acte n’est pas souvent annoncé comme l’acte XXVIII. Qui dans treize semaines saura lire « acte XL » ?
(N. B. 27 + 13 = 40 = XL.)
Mot clé : faux-sens.

 

 

• 20 mai 2019
Leçon 847. – « Nos éléments de langage sont en cours de renouvellement, veuillez patienter... »

Cette expression ambiguë du novlangue journalistico-politique que nous n’entendons plus depuis longtemps : sentiment d’insécurité. A parier qu’elle sera bientôt rejointe par complotisme.

 

 

• 22 mai 2019
Leçon 848. – Relecture d’entrevue avant publication

Une personne interrogée par un journaliste est-elle fondée à se méfier et à demander à relire avant publication la transcription de l’entrevue ? Nous répondons oui sans hésitation ; elle a tout intérêt à le faire.
Cécile Duflot écrivait en janvier 2018 :

Relire sa propre itw [interview] c’est [...] s’assurer que ses idées ne sont pas dénaturées par les raccourcis, qu’on a pas [sic] ôté un pan d’un raisonnement. [...] Évidemment il ne s’agit ni de dire le contraire de ce que l’on avait dit ni d’inventer des réponses. Mais parfois quand tu vois l’énergie que tu as mis à parler de sujets importants et qu’il ne reste que les remarques superficielles*.

Cécile Duflot aurait pu ajouter ce que nous avons mainte fois souligné, que nombre de journalistes sont incapables de citer correctement, exactement (voir entre autres les leçons 243, 480, 500, 514, 564, 676).

En lien avec cette leçon :
— la leçon 390 ;
— un article de Frédéric Says de Franceculture.fr ;
— un article de Patrick Jankielewicz de Lavoixdunord.fr (archive : https://archive.is/pnhT5) ;
— un article d’Audrey Kucinskas de Lexpress.fr.

Que nous renvoyions à Cécile Duflot, à Frédéric Says, à Patrick Jankielewicz et à Audrey Kucinskas n’implique nullement que nous soyons d’accord sur tout avec eux ni que nous les appréciions. (Si nous avons bonne mémoire, Audrey Kucinskas a commencé comme « modératrice » à l’Obs tout en se présentant comme « médiatrice » : de la « modération » au journalisme...)

———
* https://twitter.com/CecileDuflot/status/952835308692877312

 

 

• 23 mai 2019
Leçon 849. – Les archives du charabia

Retrouvé dans nos archives, Nicolas Sarkozy en octobre 2015 :

Je voudrais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière, mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur.

https://www.liberation.fr/france/2015/10/16/on-a-presque-compris-la-phrase-de-nicolas-sarkozy_1405418 (archive : http://archive.is/xLB0S)

 

 

• 23 mai 2019
Leçon 850. – entôler n’est pas « mettre en tôle »

Janvier 2019, Assemblée nationale, Charles de Courson, député, à propos de la loi anticasseurs :

Mais où sommes-nous, mes chers collègues [...], c’est la dérive complète [...], on se croit revenus sous le régime de Vichy [...], je dis bien le régime de Vichy [...]. Par votre attitude [si vous êtes des manifestants], vous êtes présumés être résistants, donc, on vous entôle*.

Signification d’entôler :

Arg. et pop. Voler (quelqu’un) en le trompant. Entôler ses copains ; être entôlé par son associé. Synon. escroquer.
[...]
En partic. [En parlant d’une prostituée] Voler (le client) en lui dérobant tous ses biens**.

———
* http://videos.leparisien.fr/video/loi-anticasseurs-on-se-croit-revenu-sous-le-regime-de-vichy-denonce-de-courson-31-01-2019-x71m6bv
** https://www.cnrtl.fr/definition/ent%C3%B4ler
Mot clé : faux-sens.

 

 

• 23 mai 2019
Leçon 851. – L’étrange « miguet » de Macron, 4/4

Enigme probablement résolue ; lire « comme à mi-gué ». Dans un langage clair : « Nous sommes presque à mi-gué — il nous reste trois ans pour terminer notre [pernicieux] travail — et nous avons pris beaucoup de décisions dont vous ne voyez pas encore les [catastrophiques] résultats. »

 

 

• 25 mai 2019
Leçon 852. – Selon Macron, des blessés, mais pas de victime, 1/2

A propos de l’attentat à Lyon hier, Macron déclare :

A ce stade, y a pas de... il n’y a pas de victime, y a des blessés, donc je veux avoir, évidemment, une pensée pour les blessés et leurs familles*.

Ouf ! seulement des blessés, et pas de victime.
Commentaire d’un twitteur : « Quand on vous dit que @EmmanuelMacron n’est pas totalement connecté. »

———
* Vidéo à https://twitter.com/SJallamion/status/1131996035851665408.
Mot clé : faux-sens.
Autonote : Macron_pas-de-victime.mp3.
rose Mise à jour. Voir la leçon 938.

 

 

• 25 mai 2019
Leçon 853. – Selon Macron, des blessés, mais pas de victime, 2/2

Les journasots et leur dilettantisme restent le modèle des twitteurs, incapables comme eux de citer exactement. Un nouvel exemple parmi d’autres, le twitteur la Plume libre :

‏#Macron au micro d’@HugoTravers lorsqu’il a appris l’attentat à #Lyon : « Je suis très heureux d’être là, désolé pour le retard, il y [a] eu une attaque mais pas de victime juste des blessés »*.

Aux journalistes amateurs, aux autojournalistes : si vous voulez critiquer les journasots, commencez par avoir la plume propre. Pensez à votre crédibilité, et soyez le plus rigoureux possible.

Une variante correcte (sans guillemets, entre autres) :

Selon #Macron au micro d’@HugoTravers à propos de l’attentat à #Lyon : il n’y a pas de victime, juste des blessés.

Le « juste des », insistant, est une très légère exagération, acceptable dans un cadre polémique et surtout didactique.

Une autre variante correcte, moins batailleuse et moins tire-bouton :

Selon #Macron au micro d’@HugoTravers à propos de l’attentat à #Lyon : il n’y a pas de victime, mais des blessés...

———
* https://twitter.com/LPLdirect/status/1132005956278280192

 

 

• 25 mai 2019
Leçon 854. – Slogan

Le gilet-jaune plie, mais ne rond-point.
Variantes :
— Gilet-jaune, il plie, mais ne rond-point.
— Je plie, mais ne rond-point.
— Gilet-jaune, je plie, mais ne rond-point (oral, le jeu de mots risque d’échapper en grande partie aux journalistes, qui diront ou écriront : « Massés devant le ministère, les gilets-jaunes ont longuement scandé qu’ils ne rompraient point »).

 

 

• 26 mai 2019
Leçon 855. – dépecer et dépiauter

dépecer [...] v. a.
1. Mettre en pièces, couper en morceaux. [...]

dépiauter [...] v. a.
Terme populaire. Ôter la peau. [...]

Selon Littré.

 

 

• 28 mai 2019
Leçon 856. – « les risques encourus »

Entendu le gilet-jaune Eric Drouet utiliser cinq fois en 10 minutes l’expression les risques encourus. Largement diffusée par les journasots ces dernières années, l’expression a contaminé une grande partie de la société éponge.
Ce qu’en pense l’Académie française : https://www.dictionnaire-academie.fr/article/DNP0307.
Voir aussi https://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:OMNm-KPQW1QJ:https://www.la-croix.com/Archives/2007-06-09/Courir-et-encourir-_NP_-2007-06-09-293406+&cd=7&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&client=opera (archive : http://archive.is/pay6r).

Bref, on court, on prend ou on brave un ou des risques (on se comporte en brave à l’égard de...) et on encourt des punitions, des pénalités, des représailles, etc.
On dira donc les risques courus ou pris, en sachant cependant que courus ou pris sont souvent inutiles, exemple : « quels sont les risques courus ? »/« quels sont les risques ? ».
Les risques encourus donne du gonflant à la phrase — qui dit gonflant dit vent ou vide. Le journasot aime le gonflant et les exhausteurs de goût.

 

 

• 28 mai 2019
Leçon 857. – Contradiction, 1/2

Christophe Cornevin sur Lefigaro.fr :

«Ils ont commis un travail d’investigation fulgurant et exemplaire», siffle un haut responsable du ministère de l’Intérieur, précisant que ce n’est pas un «renseignement» qui a permis de «loger» le fugitif*.

Ce pourrait être presque drôle si le sujet s’y prêtait. On finit par comprendre que ce haut responsable siffle d’admiration alors que commettre est un terme péjoratif.
On remarquera aussi que Christophe Cornevin, comme toute la presse, parle de « colis piégé », terme qui nous semble peu adéquat (« paquet piégé », moins précis, aurait probablement mieux convenu). Colis d’un ressortissant algérien à destination de qui ? de la France ? de cette France qui selon le judicieux Macron a commis « un crime contre l’humanité » en Algérie** ?

———
* http://www.lefigaro.fr/actualite-france/attaque-de-lyon-la-piste-de-l-ingenieur-20190527 (archive : https://archive.is/xwz1w)
** Voir https://www.liberation.fr/politiques/2017/02/15/en-algerie-emmanuel-macron-qualifie-la-colonisation-francaise-de-crime-contre-l-humanite_1548723.

 

 

• 28 mai 2019
Leçon 858. – Contradiction, 2/2

Le journal belge la Dernière Heure de ce mardi utilise aussi le terme « colis piégé ».
On remarquera aussi l’assez surprenant cartouche bleu avec son texte qui monte guilleret de la gauche vers la droite :


Ici la contradiction est entre la gravité du sujet et la présentation badine. Le XXIsiècle sera festif, clin d’œil, voire youppie ou ne sera pas.
(Ce texte oblique n’est pas une erreur de maquettiste, on trouve le même genre de cartouches dans les autres pages du numéro et dans un autre numéro du journal.)


 

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• Le style c’est l’homme, analyse de l’expression macronienne ici
• Lesdites « Rectifications de l’orthographe » de 1990, analyse d’un cafouillage ici
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