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Comment écrire au président de la République
et ne recevoir aucune réponse
– et autres guitares, 35
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500/833 = 500e leçon sur un total de 833 leçons et notes

 

• 1er avril 2019
Leçon 798/1131. – Pour bien commencer avril, 1/2

Sur les nombres farfelus ou très élastiques de signes par page annoncés sur la Toile.
Voici un comptage fiable, concret, visuel et aisément vérifiable d’une page en Livre de poche (les Caractères de La Bruyère p. 348 ; dimensions de la page : 11 cm x 16,5 cm) ; remplie, elle contient — sans compter, bien sûr, ni le titre courant ni le folio — 1 977 signes selon le compteur d’OpenOffice :

ses États " ; et comme il l’a dit il l’a fait. Ce qu’il devait appréhender, c’était le ressentiment de plusieurs rois qu’il outrage en la personne d’un seul roi ; mais ils tiennent pour lui ; ils lui ont presque dit : " Passez la mer, dépouillez votre père, montrez à tout l’univers qu’on peut chasser un roi de son royaume, ainsi qu’un petit seigneur de son château, ou un fermier de sa métairie ; qu’il n’y ait plus de différence entre de simples particuliers et nous ; nous sommes las de ces distinctions : apprenez au monde que ces peuples que Dieu a mis sous nos pieds peuvent nous abandonner, nous trahir, nous livrer, se livrer eux-mêmes à un étranger ; et qu’ils ont moins à craindre de nous que nous d’eux et de leur puissance. " Qui pourrait voir des choses si tristes avec des yeux secs et une âme tranquille ? Il n’y a point de charges qui n’aient leurs privilèges ; il n’y a aucun titulaire qui ne parle, qui ne plaide, qui ne s’agite pour les défendre : la dignité royale seule n’a plus de privilèges ; les rois eux-mêmes y ont renoncé. Un seul, toujours bon et magnanime, ouvre ses bras à une famille malheureuse1 ; tous les autres se liguent comme pour se venger de lui, et de l’appui qu’il donne à une cause qui leur est commune. L’esprit de pique et de jalousie prévaut chez eux à l’intérêt de l’honneur, de la religion et de leur État ; est-ce assez ? à leur intérêt personnel et domestique : il y va, je ne dis pas de leur élection, mais de leur succession, de leurs droits comme héréditaires ; enfin dans tous l’homme l’emporte sur le souverain. Un prince délivrait l’Europe, se délivrait lui-même d’un fatal ennemi, allait jouir de la gloire d’avoir détruit un grand empire : il la néglige pour une guerre douteuse. Ceux qui sont nés arbitres et médiateurs temporisent ; et lorsqu’ils pourraient avoir déjà employé utilement leur médiation, ils la promettent. Ô pâtres ! continue Héraclite, ô rustres qui habitez sous le chaume et dans les cabanes, si les

Sans compter la place des images et les lignes creuses ou blanches, notre site, qui ce 1er avril 2019 compte 1 324 000 signes, équivaudrait donc à 670 pages au format du Livre de poche avec la même police et le même corps (du corps 11 probablement).
Mises à jour
• 3 millions 42 000 signes, soit plus de 1 500 pages de texte au 31 décembre 2021
• 4 millions 360 000 signes, soit plus de 2 000 pages de texte au 31 décembre 2022.

La page modèle en question :

Notez que dans cet exemple le corps est petit et que d’autres livres de la collection le Livre de poche ont un corps plus grand, donc moins de signes par page.
Noter aussi que nous avons un doute sur la présence d’une espace (fine) avant les deux points d’interrogation. En revanche, il y a bien une espace (fine) avant les points-virgules et les points d’exclamation, mais présence ou pas, le nombre de signes ne changerait pas sensiblement.
Suite dans la leçon 816 ci-dessous.
Expression clé : nombre de signes par page imprimée

 

 

• 1er avril 2019
Leçon 799. – Mauvaise nouvelle pour la langue française, 1/3

Sibeth Ndiaye, auteur présumé de « yes, la meuf est dead »* à propos de la mort de Simone Veil et qui a déclaré « assume[r] parfaitement de mentir pour protéger le président »**, a été nommée secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement
Une énième provocation de Macron, qui les empile, ou le signe que seuls les branquignolles ne l’ont pas quitté, lâché, renié, repoussé et que c’est le seul vivier dans lequel il puisse encore puiser.

———
* https://www.lci.fr/politique/yes-la-meuf-est-dead-christophe-castaner-defend-sibeth-ndiaye-et-denonce-un-deferlement-de-haine-raciste-2060467.html
** https://www.lepoint.fr/politique/sibeth-ndiaye-la-combattante-du-president-31-03-2019-2304922_20.php

 

 

• 1er avril 2019
Leçon 800. – Mauvaise nouvelle pour la langue française, 2/3

La meuf écrivait dimanche 31 mars sur son compte Twitter :

Je vous dis à demain pour mon premier compte-rendu du Conseil des Ministres.

Impatient nous sommes.
Dans le même twitte, la binationale franco-sénégalaise qui « assume parfaitement de mentir pour protéger le président » nous précise sans rire :

Vous informer et expliquer ce que fait le gouvernement pour votre quotidien : c’est mon nouveau job.

https://twitter.com/SibNdiaye/status/1112455735722561536

 

 

• 1er avril 2019
Leçon 801. – Mauvaise nouvelle pour la langue française, 3/3

Compte rendu du conseil des ministres du 1er avril 2019, vidéo de 33 minutes. Totalité ici : https://twitter.com/Elysee/status/1112679508757360642 (noter que l’Elysée appelle cette vidéo du « live » tandis que Sibeth Ndiaye, elle, parle de son « nouveau job » : désinvolture et désinhibition).

Extrait :

Vous n’êtes pas sans ignorer que je ne suis plus conseillère du président de la République [...], néanmoins je peux apporter une forme de réponse à votre questionnement [...].

Cette phrase fleure la prétention aggravée de maladresse.
Ecouter l’extrait : s-ndiaye.mp3
Trois adresses utiles :
https://www.gouvernement.fr/le-porte-parole
https://twitter.com/SibethNdiaye
https://www.elysee.fr

 

 

• 2 avril 2019
Leçon 801. – La légèreté, le drame

Parallèle terrible : d’un côté mettons le T-shirt Croquignolesque (ci-dessous), toujours vendu à ce jour sur la boutique officielle de l’Elysée ; de l’autre côté mettons les yeux à jamais crevés, les mains pour toujours arrachées, les membres inférieurs définitivement estropiés lors des répressions des manifestations des gilets-jaunes. Dénominateur commun, le président de la République Emmanuel Macron.
Le drame irréparable côtoie la légèreté la plus gosse dans ce quinquennat, terrible et désinhibé. Une « apocalypse joyeuse », pour reprendre une expression d’Alain Finkielkraut à propos de Jean-Louis Borloo, de son plan pour la banlieue et, finalement, de la France.
D’ailleurs, ce plan Borloo, avorté, reparlons-en, ressembla lui aussi à une plaisanterie. Rappelons-nous cette cocasse déclaration du président (analyse de texte dans la leçon 496) :

Quelque part [sic], ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent [sic] l’un un rapport, et l’autre disant [sic] : « On m’a remis un plan, je l’ai découvert [sic]. » C’est pas vrai ! Ça marche plus comme ça !

Dans le « nouveau monde » de Macron, tout est bancal et prêt à tomber, et tout naît bancal. Il serait surprenant que la chute ne fût pas proche et bruyante.

Source : https://boutique.elysee.fr/mode/408-t-shirt-croquignolesque.html (archive : http://archive.fo/ewzfJ ; on remarquera qu’entre le 1er avril, date de la copie d’écran ci-dessus, et le 2 avril, date de la création de l’archive, le prix du Croquignolesque est passé de 55 euros à 45,83 euros).
Mise à jour
— Pied de manifestant croquignolesque et perlimpinpin : http://archive.fo/mCoSJ
— Florilège du lexique macronien selon LREM, dont croquignolesque et perlimpinpin, voir la leçon 258.
— Cette leçon est humblement et fraternellement dédiée à Alexandre, Cédric, David, Fiorina, Franck, Gwendal, Jacky, Jérôme, J-L, Jean-Marc, Ninef, Olivier, Patrice, Patrick, Ritchie, Vanessa..., tous grièvement blessés par des balles de défense ou par des grenades de désencerclement (V. https://factuel.afp.com/gjeborgnes ; archive : https://archive.is/omVCt ; pour une fois l’AFP se distingue.)

 

• 2 avril 2019
Leçon 802. – Une scie

Invasion de « Poser la question, c’est y répondre » dans les commentaires de la Toile.

 

 

• 2 avril 2019
Leçon 803. – A propos de Sibeth Ndiaye, prononciation de « Ndiaye »

Tous les journasots s’entrecopient, ils prononcent donc tous enn-diaye au lieu de ndiaye. Selon nous, même si le nom de la porte-parlote du gouvernement s’écrivait « N’Diaye », il faudrait le prononcer ndiaye, de même que « N’Djamena » devrait se prononcer ndjaména et non enn-djaména.
Il est également amusant de les entendre prononcer « hallal » avec une prononciation qu’ils croient arabe, en se râclant bien l’arrière-gorge — un son désagréable évoquant la jota (le x de « México » ou le j de « Juárez »).
Ceux qui à tort prononcent migouel le prénom espagnol « Miguel » ne sont pas rares.

 

 

• 3 avril 2019
Leçon 804. – Le débêtiseur

Que signifie divulgâcher ?

 

 

• 3 avril 2019
Leçon 805. – « Si vous m’ permettez, c’est du bullshit », 1/2

Edouard Philippe :

« Dans ce gouvernement, personne ne veut dire autre chose que les faits et ce que nous voulons faire. Tout l’ reste, si vous m’ permettez, c’est du bullshit. »

Sources :
— https://twitter.com/LCP/status/1113070458767736834 (vidéo)
— https://www.nouvelobs.com/politique/20190403.OBS11030/c-est-du-bullshit-edouard-philippe-defend-sibeth-ndiaye-face-aux-critiques.html

 

 

• 4 avril 2019
Leçon 806. – Parce que !

L’implacable logique Macron.

À Toulon le 18 février 2017 (v. aussi la leçon 220) :

« Donc je le dis aujourd’hui, à chacun et chacune dans vos conditions, dans vos histoires, dans vos traumatismes, parce que je veux être président, je vous ai compris et je vous aime. Parce que la République, elle doit aimer chacun ! », a lancé le candidat d’En marche! à la fin de son meeting à Toulon, où il a tenté de clore la polémique.

Lors de l’inauguration le 29 juin 2017 de la Station F, halle Freyssinet, à Paris (v. aussi la leçon 254) :

Ne pensez pas une seule seconde que, si demain vous réussissez vos investissements ou votre start-up, la chose est faite. Non ! Parce que vous aurez appris dans une gare, et une gare c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien, parce que c’est un lieu où on passe, parce que c’est un lieu qu’on partage, parce que la planète où nous sommes aujourd’hui, parce que cette ville, parce que notre pays, parce que notre continent ce sont des lieux où nous passons et, si nous oublions cela en voulant accumuler dans un coin, on oublie d’où on vient et où on va.

Aux Antilles en septembre 2018 (v. aussi la leçon 579) :

«Ce qui fait que je me suis battu pour être élu face à Marine Le Pen et que je suis là aujourd’hui, c’est parce que j’aime chaque enfant de la République, quelles que soient ses bêtises, parce que bien souvent, parce que c’est un enfant de la République, il n’a pas choisi l’endroit où il est né, et il n’a pas eu la chance de ne pas en faire», s’est justifié dimanche le chef de l’État, très applaudi, lors du point presse.

Le 22 janvier 2019 à Aix-la-Chapelle (v. aussi la leçon 721) :

Il y a des mots qu’on ne comprend pas, il y a des mots qu’on ne traduit pas, mais chacun de nos pas réduit l’écart de ces intraduisibles, et il y a des mots dont nos cœurs ont besoin, d’une langue l’autre. Parce que cette part d’incompréhensible nous rapproche. Parce que la part que je ne comprends pas en allemand a un charme romantique que le français, parfois, ne m’apporte plus. Parce que cette part d’incompréhensible nous rapproche. Parce que la part que je ne comprends pas en allemand a un charme romantique que le français, parfois, ne m’apporte plus.

On se demande, entre autres, ce qu’est censé expliquer le premier « parce que » :

... parce que cette part d’incompréhensible nous rapproche...

Encore un raisonnement, une démonstration foutraques.

Rappel. À part le gras, qui est ajouté par nous, tout, en général, est d’origine dans nos citations (guillemets collés, points d’excamation collés et autres ponctuations défectueuses).

 

 

• 4 avril 2019
Leçon 807. – « Si vous m’ permettez, c’est du bullshit », 2/2

Les membres du gouvernement sont fascinés par l’anglais, où ils cherchent un prestige et un refuge. Rappelons ces mots caricaturaux de Marlène Schiappa du 1er juin 2017 :

L’empowerment des femmes n’ira pas sans le dispowerment des hommes.

Une fois encore, la prétention est aggravée de maladresse (maladresse, c’est le moins qu’on puisse dire).
(Nous avons commenté cet anglo-aphorisme dans la leçon 245).

carre-rose Mise à jour. Voir l’alinéa 80.
———
* https://twitter.com/MarleneSchiappa/status/870299466993209345 (archive : http://archive.is/Kz73O)

 

 

• 4 avril 2019
Leçon 808. – Accord et ponctuation, 3/n

Voici la suite des leçons 765 et 774.
Il arrive qu’à réfléchir longuement on se fasse un nœud dans la tête et que plus on réfléchisse plus on serre le nœud et plus on ait de mal à le défaire. C’est ce qui nous est arrivé.
Une solution est alors de prendre du recul, de laisser le nœud prendre du mou tout seul, se défaire comme de lui-même, et de revenir au problème quelque temps plus tard.

Rappel du problème : une certaine Nadine G. hésite entre deux formulations et par conséquent entre deux types d’accords ; elle écrit à l’Académie :

J’hésite entre ces deux phrases : La chevelure est l’une des rares parties du corps qui poursuit sa croissance durant toute l’existence ou La chevelure est l’une des rares parties du corps qui poursuivent leur croissance durant toute l’existence.

Qu’aurions-nous répondu à son hésitation (nous analyserons plus tard la décevante réponse de l’Académie) ?
Nous aurions procédé progressivement, et tenté ainsi d’aboutir en douceur au résultat final :

— C’est une partie (sg.) qui poursuit sa croissance...
— C’est une partie (sg.) du corps (sg.) qui poursuit sa croissance...
— C’est une (sg.) des rares parties (pl.) qui poursuit sa croissance...
— C’est une (sg.) des rares parties (pl.) du corps (sg.) qui poursuit sa croissance...

Pour prouver quoi ? Les deux formulations (celle au singulier et celle au pluriel) sont correctes ou en tout cas résistent à la critique.
Y a-t-il une autre différence entre les deux formulations que celle que nous avons décrite dans la leçon 774 ?
À suivre. Autonote-un-des

 

 

• 4 avril 2019
Leçon 809. – Accord et ponctuation, 4/n

A méditer.

Etant donné que cheveux et poils sont mous, on pourrait écrire que les ongles sont durs :

Les ongles sont la seule des parties du corps qui durant toute l’existence poursuivent visiblement leur croissance qui soit dure.

Ici le singulier poursuit est incontestablement impossible, et dure est accordé naturellement avec la seule.
A suivre.

 

 

• 6 avril 2019
Leçon 810. – Nouveau coup de balai chez les donneurs de leçons

Communiqué de Yannick Letranchant, directeur exécutif de l’information à France Télévisions :

Le 12 février, la Direction de l’Information a été informée de rumeurs concernant des comportements inappropriés [sic] au sein des équipes de la rédaction numérique de Franceinfo à France Télévisions.
[...]
Après six semaines d’enquête et de procédure, la Direction a décidé d’appliquer des sanctions disciplinaires à l’égard de trois collaborateurs : une rupture de contrat de travail et deux mises à pied.
[...]
Je rappelle que France Télévisions est engagée dans une politique d’exemplarité et de zéro tolérance envers le harcèlement.

https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/communique-de-la-direction-de-l-information-de-france-televisions_3267601.html
Mise à jour. Communiqué de la direction de l’école de journalisme de Sciences Po : « L’Ecole de journalisme de Sciences Po a pris connaissance des articles mettant en cause des journalistes ayant ou ayant eu une charge d’enseignement à l’école. »

 

 

• 7 avril 2019
Leçon 810 bis. – péronnelle

Mise à jour, août 2021. Rectification d’une erreur de numérotation : j’ai renommé cette leçon 810 bis (précédemment 811).

Ah ! péronnelle, ce mot bien pointu qu’on n’écrit plus, qu’on n’entend plus et qui pourtant convient — ou convenait — à merveille à nombre de journalistes et autres inutiles, sentencieuses et désagréables bavardes de/à plateaux, comme Pascale Clark (vaporisée depuis l’affaire Mehdi Meklat), Christine Angot, Audrey Crespo-Mara* (Europe 1) ou Elizabeth Martichoux** (RTL) !

A juste titre, le mot péronnelle, « femme sotte et bavarde », est qualifié de « vieilli » par le Petit Larousse 2011 ; il est également qualifié de « familier ».
On aura remarqué que certains mots péjoratifs ne s’appliquant qu’aux femmes sont bannis par le langagièrement-correct médiatoc. En revanche, pas de bannissement pour les mots péjoratifs ne s’appliquant qu’aux hommes.
Paradoxe, pute, putain, salope, pétasse,... ne sont pas interdits ; parce qu’ils peuvent s’appliquer aussi à des hommes ? Pisseuse sera très mal vu, alors que pute, lui, peut passer la douane.

———
* https://www.youtube.com/watch?v=vy5D4uzO_b8 (Audrey Crespo-Mara interrogeant François Ruffin sur son film J’ veux du soleil ! maladroitement insistante et maladroitement affairée à le démolir à partir de 2 min 27 s)
** https://www.youtube.com/watch?v=xJOes_cPmT8 (Elizabeth Martichoux interrogeant François Ruffin sur son film J’ veux du soleil ! ; de sa voix grinçante, Martichoux avec une lourde insistance reproche à partir de 4 min 12 s au député Ruffin d’être politique, engagé, militant, pas neutre, narcissique, idéalisateur et de se disqualifier ; Martichoux utilise l’horripilante expression « ça vous parle »)

 

 

• 7 avril 2019
Leçon 811. – Le sens de la langue, 1/9

On parle beaucoup actuellement sur la Toile du phénomène éditorial et commercial Juan Branco, lequel a publié* en mars une mouture en partie nouvelle de son livre Crépuscule, fameusement anti-Macron, dont nous avons parlé ici et là (voir entre autres les leçons 690 à 693).

Ce qui nous impressionne chez Juan Branco — outre tout ce qu’il nous rapporte ou nous révèle —, c’est son style inimitable ou, plus précisément, son sens altéré, perverti de la langue.
Deux citations pêchées dans deux articles parlant de son nouveau livre :

• « Les mécanismes de reproduction des élites et de l’entre-soi parisien, l’artistocratisation d’une bourgeoisie sans mérite, ont fondu notre pays jusqu’à en faire un repère [sic] à mièvres et arrogants, médiocres et malfaisants », assène Branco, multipliant les exemples et les preuves.

Par cet étrange [ils] ont fondu notre pays, l’auteur entend peut-être [ils] ont pillé notre pays. Aurait-il pensé à des bijoux qu’on fond en lingots pour revendre l’or au poids ? difficile de savoir.
Noter que arTistocratisation n’était pas dans la précédente mouture (il s’agit peut-être d’une coquille de l’auteur du livre ou de l’auteur de l’article et non d’un néologisme délibéré) ; en revanche, [ils] ont fondu notre pays était déjà dans la mouture précédente.
Repère à mièvres ? Mieux : repaire à mièvres.
Noter aussi que l’incongruité de l’expression ne choque ni l’auteur de l’article ni les commentateurs (soit qu’ils ne voient rien, soit qu’ils se sentent insuffisamment compétents pour critiquer et qu’ils ne veuillent pas risquer l’inconfort d’être critiqués pour avoir critiqué à tort).

https://www.actualitte.com/article/livres/comment-les-fortunes-de-france-auront-invente-emmanuel-macron/94137 (archive : http://archive.is/Y7MrI)

Deuxième exemple :

• [Juan Branco] voit ainsi dans les Gilets jaunes les "derniers défenseurs d’une République échancrée et d’une démocratie avariée".

Noter encore que l’incongruité manifeste des deux expressions ne fait bondir sur leur clavier ni l’auteur de l’article ni les commentateurs.
Pour garder l’idée de chancre, les mots chancrée, chancreuse, chancrelleuse eussent peut-être mieux convenu ; quant à avarié, le mot concerne plutôt la nourriture.
Avarié est un des chouchous de Juan Branco ; citons-le : « leur récit [le récit de certains journalistes] avarié de la campagne présidentielle », « sous le regard absent de journalistes avariés », « cette pauvre et avariée endogamie », « ces rapports d’endogamie avariés », « un discours politique avarié » (v. la leçon 693).

https://reporterre.net/Crepuscule-de-Juan-Branco-met-l-oligarchie-a-nu

———
* Au diable vauvert-Massot éditions, en version papier uniquement.
Mise à jour
— « Derniers défenseurs d’une République échancrée et d’une démocratie avariée » se trouve effectivement dans la version papier, à la page 61.
— 
A l’oral, Juan Branco s’exprime presque correctement ; à l’écrit, sa main tremble, il devient un autre homme, artificiel, guindé, tordu, torturant la langue (torturer est le mot adéquat), tentant peut-être de se conformer à l’idée qu’il se fait du modèle universitaire — modèle détestable s’il en est.
Osons cette interprétation : impressionné par l’écrit, l’idéalisant, s’en faisant une idée formidable, anxiogène, Juan Branco est poussé au galimatias, à l’incorrection, au contresens. Branco qui parle est francophone, mais Branco qui écrit est brancographe — inimitablement ; il est un cas exceptionnel et mystérieux de surdiplômé parlant à peu près correctement et écrivant charabia.
Juan Branco à l’oral sur Sud Radio, exemple récent : https://www.youtube.com/watch?v=ZZxhCGEMMdE&feature=youtu.be.
— Un article foutrement mal écrit de Sophie de Ravinel décrit le succès de Crépuscule :
http://www.lefigaro.fr/politique/crepuscule-succes-fulgurant-pour-le-livre-de-l-avocat-juan-branco-20190409#fig-comments (archive : http://archive.fo/wkkDm).
— Le préfacier de la mouture papière de Crépuscule, Denis Robert : https://www.facebook.com/deniroro57/posts/10155940980681960 (archive : http://archive.fo/bBeFg).
— En termes maladroits, Juan Branco confirme son succès : « Les chiffres parlent d’eux-mêmes: le livre est un carton » (https://twitter.com/anatolium/status/1114190019093323776 ; archive : https://archive.is/H039S).
— « Artistocratisation » est une coquille de l’auteur de l’article.

 

• 11 avril 2019
Leçon 812. – Le sens de la langue, 2/9

Plus fort que le style universitaire, le style biblique, vétéro-testamentaire, décalogique. Deux twittes récents (5 et 9 avril) de Juan Branco :

• Le livre [Crépuscule], dès lors restera, et la violence avec laquelle ils le recevront les humiliera. Chaque pas qu’ils feront, contre eux se retournera.
A leurs entrailles, celles d’où ce texte est né. A ces entrailles, que ce texte achèvera.

Reformulation quasi impossible ; on se limitera à observer les rimes en ra.
Source : https://twitter.com/anatolium/status/1114190025560817665 (archive : https://archive.is/wHjtr).

• Une semaine de plus, nous sommes là.
Une semaine de plus, ils ne sont pas là.
A la semaine où ils seront obligés d’être là.
A la honte qui les ruminera.

Reformulation : « A la honte qui les ruminera » = « A la honte qui les minera », ou « A la honte qui les rongera » ou « A la honte qu’ils rumineront ». Les deux premières solutions permettent de garder la rime.
(Une lectrice nous suggère : « A la honte qui les ruinera. »)
Source : https://twitter.com/anatolium/status/1115631514954403840 (archive : https://archive.is/wHjtr).

Grandiloquent, prophétique, biblique, poétique, désyntaxique et délexical.
Nous avons commencé la lecture du livre papier, leçon à suivre donc.

 

 

• 11 avril 2019
Leçon 813. – Le sens de la langue, 3/9

Contre l’agglutination : vétéro-testamentaire et non vétérotestamentaire (ânonnatoire, quasi illisible).
Contre l’agglutination, voir aussi les leçons 170 et 171 (chauvesouris, clopinclopant, croquemonsieur, hautparleur, porteclé, potpourri,...) : à croire que les académiciens n’ont pas, eux non plus, le sens de la langue.
• Failli écrire : les académiciens n’ont pas non plus le sens de la langue (≠ les académiciens n’ont pas, eux non plus, le sens de la langue).

 

 

• 13 avril 2019
Leçon 814. – Le sens de la langue, 4/9

Crépuscule, version électronique gratuite 2018

Il n’y a nulle sédition dans l’appel au départ d’Emmanuel Macron, car c’est lui, et les intérêts qui l’ont formé, qui pour prendre le pouvoir se sont comportés en séditieux. Mesurons l’importance de ces mots, qui nous départent [?] d’un quelconque désaccord politique : c’est le sens même de notre confrontation à cet être, l’idée même que nous appartiendrions à un même ensemble, qui s’en trouve affectée.

« L’appel au départ d’Emmanuel Macron » = notre appel au départ, à la démission d’Emmanuel Macron.
Archive : http://archive.is/p85Q2.

Crépuscule, version électronique gratuite 2019. Charabia modifié et charabia aggravé, car départir se conjugue sur partir et non sur finir

Il n’y a nulle sédition dans l’appel au départ d’Emmanuel Macron, car c’est lui, et les intérêts qui l’ont formé, qui pour prendre le pouvoir se sont comportés en séditieux. Mesurons l’importance de ces mots, qui nous départissent [!] d’un quelconque désaccord politique : c’est le sens même de notre confrontation à cet être, l’idée même que nous appartiendrions à un même ensemble, qui s’en trouve affectée.

http://branco.blog.lemonde.fr/files/2019/01/Macron-et-son-Crepuscule.pdf ; archive : http://archive.fo/zDmjb

Crépuscule, version papier mars 2019, Vauvert, p. 27

Il n’y a nulle sédition dans l’appel au départ d’Emmanuel Macron. Sa prise [de pouvoir ?] nous a départi [?] d’un quelconque désaccord politique et a altéré le sens même de notre confrontation à cet être, la possibilité d’une confrontation par la politicité.

Sacrebleu ! Que faut-il comprendre ? Tentons cette traduction partielle et incertaine : « Entre Macron et moi, il ne s’agit plus d’un désaccord politique, mais moral [là nous extrapolons un peu], et nous vivons dans deux mondes très différents » ; quant à « sa prise », l’expression renvoie à « celui [qui] a pris le pouvoir » quelques phrases plus haut. Mon Dieu, quel rébus !
Remarquer aussi la ponctuation fautive dans les trois extraits et l’emploi du substantif être (ci-dessus : « cet être »), un des mots favoris de l’auteur (44 fois dans la version de 2018).

• départir selon le Dictionnaire de l’Académie

verbe transitif et pronominal (se conjugue comme Partir). [...]
1.  V. tr. Litt. Distribuer, attribuer en partage.
La tâche qui vous a été départie. C’est un privilège qui n’est départi qu’à très peu de gens. La nature avait départi à ce jeune homme les plus belles qualités.
2.  V. pron. Se départir de, se séparer de, renoncer à.
Il s’est départi de ses prétentions. C’est une opinion dont elle ne veut pas se départir. Il ne se départait jamais de son calme. Se départir de son devoir, s’en écarter. Je ne me départirai jamais de l’obéissance, du respect que je vous dois.

Ce qui est certain, c’est qu’il est incorrect de dire que quelque chose départ quelqu’un de quelque chose (« ces mots [...] nous départissent d’un quelconque désaccord politique ») ou que quelqu’un départ quelqu’un de quelque chose ; en revanche on peut dire que quelqu’un se départ de quelque chose ou que quelque chose est départi à quelqu’un.
Bref, on ne comprend pas ce que l’auteur veut dire. Reformulation certaine impossible.

 

 

• 14 avril 2019
Leçon 815. – Le sens de la langue, 5/9

Souligner que deux éditeurs (Au diable vauvert et Massot éditions) et un préfacier journaliste (Denis Robert) ont mis en commun leurs compétences pour publier et présenter Crépuscule, donc qu’au moins trois personnes censément compétentes l’ont lu. Auditeurs et lecteurs, y compris les éditeurs, gavés de charabia ne réagissent plus (voir la leçon 811 ci-dessus), le charabiot étant devenu la norme, le modèle.
Tout est exceptionnel dans et autour de ce livre : le style, les révélations (du moins ce qu’on en comprend) et la décision des éditeurs de le publier dans cet état.
Mise à jour. Branco présente son livre dans une conférence de presse (vidéo de une heure quarante-six) : https://www.actualitte.com/article/livres/comment-les-fortunes-de-france-auront-invente-emmanuel-macron/94137? ou https://www.facebook.com/audiablevauvert/videos/1147562045422431/. Seul le tout début est très intéressant : la proposition surprenante du marchand de miel Arnaud Montebourg (Bleu, blanc, ruche) à Branco, de 9 minutes à 18 minutes.
Autonote : AUDIO-Branco_15-IV-19_conf.-Crepuscule.mp3.

 

 

• 16 avril 2019
Leçon 816. – Pour bien commencer avril, 2/2

Comptage du nombre de signes par page imprimée, suite de la leçon 798 ci-dessus.
La page 88 de Crépuscule de Juan Branco.
Dimensions de la page : 13 cm x 20 cm ; nombre de signes : 1 329 selon OpenOffice.

la rive droite, où le mépris et l’assurance de classe font système, qu’à l’Alsacienne, où nous l’avons vu, la bienséance empêche toute affirmation trop marquée.
Rien ne semble le prédestiner à un engagement progressiste. A l’Alsacienne, la précarité de nombreux patrimoines économiques de classes bourgeoises en ascension ou cherchant à se reproduire et s’installer, incite à la modestie et la prudence, à une forme d’urbanité drapée des valeurs et d’un « vivre-ensemble » qu’Attal rejettera avec véhémence. Il bénéficie d’un des plus importants capitaux économiques de l’institution et d’un capital culturel et social qui se double des troubles que les transfuges de classe lèguent parfois à leurs enfants. Son père, mort en 2015, a fondé sa réussite en ayant fait régner en maître les avocats d’affaires au cours des années quatre-vingt. Il a fondé un cabinet qui l’a amené à s’occuper des successions et des patrimoines d’artistes fortunés.
Nourri aux évolutions d’un milieu qui, à la fin de la décennie, fait régner l’argent en maître et donne naissance aux premières dynasties culturelles de Paris – par la grâce de politiques généreuses inaugurées sous la direction de Jack Lang –, Yves Attal comprend très vite ce que la diversification des sources du financement du cinéma français peut lui apporter. Suivant une carrière

Comparaison :
— page de la leçon 798. Dimensions : 11 cm x 16,5 cm ; nombre de signes : 1 977 ;
— page de la leçon 816. Dimensions : 13 cm x 20 cm ; nombre de signes : 1 329.
La deuxième page est plus grande, mais le corps est plus grand et deux lignes sont demi-creuses, elle a 648 signes de moins que la première.

 

 

 

• 22 avril 2019
Leçon 817. – Un malheureux incendie/Un incendie malheureux

Lexpress.fr* :

Sophie Cluzel a publié samedi un tweet** dans lequel elle rappelle que la "langue française compte plus de 32 000 mots" pour inviter les acteurs du débat public à bannir de leur vocabulaire certaines expressions "blessantes ou sexistes".  

Un peu légers, ces 32 000 ; et chipoteurs, ces 2 000.
50 000 aurait été raisonnable et le « elle rappelle que », qui suppose que chacun connaît le nombre, est risible.

[Parmi les expressions blessantes] figure l’expression "débile profond", employée en plein [!!] direct à la télévision samedi par le député LREM Jacques Marilossian pour désigner le gilet jaune Jérôme Rodrigues qui déplorait qu’Emmanuel Macron ait repoussé l’annonce de ses mesures post-grand débat pour un "malheureux incendie dans une cathédrale".  

Pas futé, en effet, de la part du gilet-jaune Jérôme Rodrigues ; il aurait dit « un incendie malheureux dans une cathédrale », il aurait été moins critiquable.
Cela dit, faut-il croire à tout ce que rapportent les journalistes ? Non, et nous avons mainte fois prouvé ici que les gens, dont les journalistes, ne se soucient pas de citer exactement***.

———
* https://www.lexpress.fr/actualite/societe/debile-profond-point-g-de-marseille-une-ministre-recadre-deux-parlementaires_2074273.html
** https://twitter.com/s_cluzel/status/1119604175858483200
*** Citations fausses ou vicieuses, voir entre autres les leçons 238 et 243, 480, 514, 564...
==> Mots clés : citation fausse, citations fausses, fausse citation, fausses citations.

 

 

• 24 avril 2019
Leçon 818. – Le sens de la langue, 6/9

Terminé la lecture de Crépuscule version papier. L’ogre Macron — et sa bande — en ressort étrillé pour mille ans malgré la catastrophe stylistique, syntaxique et lexicale que constitue ce livre. Nous en déconseillons l’achat, prévenons et confirmons : attention, gros pensum. Choisissez donc la dernière version gratuite, bien qu’elle comporte plus de coquilles que la version papier, à 19 euros.
Il y a quelques détails nouveaux dans la version papier, mais ils ne valent pas 19 euros ; enfin, qu’un éditeur ose publier un livre dans cet état nous consterne, nous hérisse et, si nous en voulons à quelqu’un, c’est bien plus à l’éditeur qu’à l’auteur, qui a des côtés attachants et Zorro.

A suivre.
Mise à jour. Antoine Hasday tente de contrer les affirmations de Juan Branco à coups de « semble » (six fois) : « le réquisitoire semble outrancier », « l’auteur semble nier »... : http://www.slate.fr/story/176217/livre-crepuscule-juan-branco-fact-checking-pouvoir-emmanuel-macron-politique-medias.
A signaler, l’emploi du point médian par Antoine Hasday : « les manifestant·es », « des député·es ».

 

 

• 26 avril 2019
Leçon 819. – Encore la rubrique de langue française de Lefigaro.fr

Dans la rubrique de langue française de Lefigaro.fr, deux articles* sur la ponctuation de Claire Conruyt et, comme d’habitude**, le bâclage : faute d’orthographe, fautes de ponctuation, faute de citation, fautes d’espaces, charabia et exagérations.
Le pire, c’est que, contrairement à ce que le titre annonce, aucune règle n’est énoncée, et on ne trouvera que de vagues et parfois obscures généralités.

La citation fausse :

«Il vit une ville ; il vit les chevilles des femmes d’officiers quand elles montent en voiture ; il entendit de jeunes hommes qui effleuraient de leurs moustaches l’oreille de belles créatures faites de rires et de soi» (Vies minuscules, Pierre Michon).

Incompréhensible. Il faut lire soie au lieu de soi.

Quant à cette autre citation, elle nous a tout l’air bancale ; elle est très probablement inexacte :

«On vieillit ; il fut de plus en plus rire et sourire pour faire supporter l’autre son visage. Bonheur du point-virgule», écrit Hervé Guibert dans Le Mausolée des amants.

———
* http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/point-virgule-point-d-interrogation-connaissez-vous-vraiment-la-ponctuation-20190419 et http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/si-vous-connaissez-ces-regles-de-ponctuation-vous-etes-un-expert-de-la-langue-francaise-20190426
** Voir entre autres la leçon 744.

Archives : http://archive.fo/UE8lz et http://archive.fo/5MtgG.

 

 

• 27 avril 2019
Leçon 820. – Le sens de la langue, 7/9

Ponctuation déréglée, faux-sens, contresens, métaphores bancales, alliances incongrues de mots, néologismes obscurs, coquilles, bourdon, redites et re-redites inutiles, phrases ou pavés d’indéchiffrable charabia même après plusieurs lectures...
Deux derniers exemples parmi d’autres*.
• Sept coquilles en six lignes (corrections : mille, leur, proposés, crée, clôt, a, produits) page 202 :

• Incongruité et néologisme de sens page 293 :

Fin du pénible compte rendu orthographico-syntaxico-lexico-stylistique de la version papier de Crépuscule de Juan Branco aux éditions Au diable vauvert, 2019.

———
* On trouvera dans les pages 31 et les suivantes de nombreuses leçons sur le style écrit de Juan Branco.
Mise à jour. Il faut que Juan Branco, qui parle bien plus clairement et un peu moins incorrectement qu’il n’écrit, cesse de se prendre pour Lamartine ou pour les Douze Prophètes, et qu’il s’interdise la plume ; on l’écoutera cependant avec intérêt ici : https://www.facebook.com/juan.branco.98/videos/vb.100010859856042/809247452780576/?type=2&theater.

 

 

• 27 avril 2019
Leçon 821. – Le sens de la langue, 8/9

La leçon de Molière à Juan Branco.

MONSIEUR JOURDAIN. – [...] Je voudrais donc lui mettre dans un billet : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour ; mais je voudrais que cela fût mis d’une manière galante ; que cela fût tourné gentiment.

[...]

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE. – On les peut mettre premièrement comme vous avez dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. Ou bien : D’amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d’amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font. Ou bien : Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d’amour.

MONSIEUR JOURDAIN. – Mais de toutes ces façons-là, laquelle est la meilleure ?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE. – Celle que vous avez dite : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour.

Le Bourgeois gentilhomme, acte II, scène IV.

 

 

• 27 avril 2019
Leçon 822. – L’étrange « miguet » de Macron, 1/4

Le « miguet » de Macron à 41 minutes 57 secondes* : miguet selon la transcription, mais c’est plutôt migué selon la prononciation (rappelons que Macron prononce francé le mot « français », anglé le mot « anglais », qu’il ne fait pas de différence de prononciation entre « mal » et « mâle », qu’il zézaye parfois, bref que sa prononciation est maladroite et plutôt pauvre**).

Je pense qu’il faut rebâtir cette clarté, cette lisibilité pour nos retraités. La troisième orientation que je souhaite donner c’est face aux peurs que j’évoquais tout à l’heure, d’assumer la clarté, la force d’un investissement dans les grandes transitions pour bâtir la confiance. Nous sommes face à des défis, des grands changements et ils suscitent de la crainte parce que nous sommes comme un “miguet” (phon.) on prend beaucoup de décisions mais elles ne sont pas suffisamment lisibles.

Les noms communs miguet, migué, migai,... sont inconnus de la Toile. Très possible que Macron ait espéré que des journalistes s’interrogeraient sur le mot miguet et en profiteraient pour, une fois de plus, s’extasier sur la richesse et l’originalité de sa langue. Raté.
On remarquera que la personne qui a transcrit le discours semble ignorer elle aussi ce qu’est un miguet, puisqu’elle écrit : « comme un “miguet” (phon.) ».
Ecouter le « miguet » ici.
Ah ! ce snobisme de lisible pour compréhensible et comme tout cela est dit prétentieusement et niaisement ! Et à quel point ! On peut aussi se demander si le mot miguet est « lisible ».

Quant à des formulations comme...

— rebâtir la clarté
— rebâtir la lisibilité
— assumer la clarté
— assumer la force d’un investissement dans les grandes transitions pour bâtir la confiance

... sont-elles bien lisibles « pour nos retraités », ces formulations naises, prétentieuses et affétées ? Ne cacheraient-elles pas une volonté d’en jeter plein la vue et de ne rien faire et de ne rien changer ? Au minimum, il y a une contradiction entre ce charabia tape-à-l’oreille et la volonté déclarée de lisibilité.

———
* Discours d’Emmanuel Macron avant les questions de la presse le 25 avril 2019 : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/04/25/conference-de-presse-grand-debat-national.
** Voir la leçon 596.
Autonote : Discours Macron 25-IV-19_Conférence de presse à l’issue du Grand Débat national-Élysée-www.elysee.fr.png (copie de la page de la transcription du discours).
Mise à jour
— A propos de la prononciation de Macron. Nous apprenons que certaines personnes ne se sont pas aperçues du zézaiement de Macron (sur Google, taper Macron zézaiement), certainement parce qu’il est faible et rare et que peu de gens ont écouté comme nous Macron pendant des heures. Sur la prononciation de Macron, voir aussi la leçon 596.
— Suite de cette leçon dans la leçon 840, « L’étrange “miguet” de Macron, 2/3 ».

 

 

• 27 avril 2019
Leçon 823. – Les « toutes celles et ceux » de Macron

Il n’y a plus grand-chose à dire sur la langue de Macron, nous avons dit presque tout le mal qu’il fallait en penser* et rien n’a changé. Nous ne soulignerons que ceci : dans son discours avant les questions de la presse, le président dit par trois fois « toutes celles et ceux qui [...] »**. Dans cet accord grammatical-là, le féminin l’emporte ; il eût fallu tourner autrement : « tous ceux et celles qui [...] ».

L’ogre Macron, copie d’écran à 41 minutes 41 secondes :

———
* Voir entre autres sur ce site « Discours d’Emmanuel Macron à l’Institut de France, compte rendu critique approfondi » de 1/n à 22/n.
**
https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/04/25/conference-de-presse-grand-debat-national (archive : http://archive.fo/Eat8v)

 

 

• 28 avril 2019
Leçon 824. – Le sens de la langue, 9/9

Très surprenant : dans le dernier tiers de la vidéo* dont nous avons parlé dans la leçon 820, Juan Branco définit sa prose comme « un peu difficile » (sous-entendu « à comprendre ») ; il déclare que l’« accessibilité » à sa prose nécessite quelques efforts de la part des lecteurs et il peste contre la paresse intellectuelle et la facilité ambiantes ; il parle également de ses deux éditeurs associés de Crépuscule qui lui ont demandé d’être « plus accessible » et de son refus par respect pour ses lecteurs (quel paradoxe, ce refus !)...
Si nous avons bien compris, ses éditeurs ne lui ont pas dit la vérité, qui est : « Vous écrivez dans une langue maladroite et trop souvent en charabia complet », mais un diplomatique « Vous êtes difficile à comprendre, vous devriez faire un effort de simplification » (très possible qu’ils n’aient pas osé le mot « simplicité », pourtant plus adéquat que « simplification »).

Très, très surprenant, cet aveuglement.
Le cas est spectaculaire et se complique d’un déni complet. Une véritable cure de désintoxication littéraire s’impose. C’est un Dr House des troubles de l’écrit qu’il faut à l’auteur.

———
* https://www.facebook.com/juan.branco.98/videos/vb.100010859856042/809247452780576/?type=2&theater
Autonote : Branco_langue-un-peu-difficile_COURT.mp3.

 

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