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« Le jour baissait, les cocotiers s’agitaient au-dessus de nos têtes,
secouant sur nous leurs cent-pieds et leurs scorpions »,
le Mariage de Loti, Pierre Loti, 1880
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La pathologie des médias, p. 6
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BLOC-NOTES, suite
• Note 151 du 25 juin 2007. Les médias me rendent malade, 86
–– Ça ne s’invente pas
Radio Ici et Maintenant, 23 h 30. Jean-Claude Carton, le brosseur à reluire de radio Ici et Maintenant – jamais vu brosseur pareil –, reçoit un écrivain, Lucie Lacombe, pour son livre Jamais sans mon chien. Il en lit, admiratif (il est toujours admiratif, Jean-Claude Carton), les premières lignes. L’autrice raconte une algarade avec une voisine qu’elle décrit comme agressive et maniaque de la propreté, laquelle voisine reproche au chien de l’autrice de semer ses poils dans l’escalier de l’immeuble. L’autrice écrit que, sur ce, elle sort de l’immeuble drapée dans sa dignité, accompagnée de son chien qui a « les pattes trempées à cause du flot de haine déversé ». « Les pattes [du chien] trempées à cause du flot de haine déversé », ça ne s’invente pas. Je n’ai pas changé un mot.
/!\ Mise à jour du 7-8-2007. Radio Ici et Maintenant est à 80 % une radio de manipulation à dose homéopathique, de décervelage insidieux et d’idiotie utile.
Un
exemple, l’émission, entendue via l’internet le 7 août 2007, sur le livre la Planète cachée à l’origine de l’humanité, du Russe Zecharia (ou Zacharia) Sitchin. L’interviewé était Olivier Magnan, traducteur du livre. Un mot sur trois de l’interviewé était manipulant ; digne d’anthologie ; dommage que je n’aie pas enregistré. Peu de souvenirs précis, sauf des « on » fréquents, qui tantôt signifiaient « des chercheurs », « des scientifiques » (et non « les chercheurs », « les scientifiques » : peut-être entre un « les chercheurs affirment que » manifestement mensonger mais valorisant et un « des chercheurs affirment que » véridique mais sans éclat M. Magnan a-t-il préféré un « on affirme que » équivoque et auréolé de mystère), tantôt « les gens en général », tantôt « des gens », tantôt « je ». C’était un festival de manipulations infimes. Discours (car c’est un discours plutôt que des propos) d’autant plus manipulateur que le traducteur s’exprimait (abstraction faite de ce qui précède) dans une langue irréprochable et distillait son pro-domo vendeur de la voix mélodieuse, délicieuse et rassise d’un professionnel de la com, maximisant sa crédibilité. Quitté le site au bout d’une demi-heure, rongeant mon frein, excédé.
/!\ Mise à jour du 8-8-2007. Le comble est que la brosse à habits de Jean-Claude Carton fonctionne dans tous les sens : elle est multifonction. Ainsi quelques jours plus tard, recevant le journaliste Hubert Prolongeau (qui fut du sinciput à la voûte plantaire infatigablement brossé) pour son livre sur l’excision, Jean-Claude Carton déclara ceci tout naturellement entre deux platitudes effarées, interrompantes et habituelles du genre « moi moi moi je ne comprends pas que des gens aient envie de faire du mal à d’autres gens, vraiment cela me dépasse moi moi moi », déclara ceci donc : « Nous journalistes.... ». Pour le coup et avec ces deux mots, M. Carton avait fait plus de mal à la réputation – surfaite – de la profession de journaliste que je ne pouvais jamais espérer en faire avec mille pages de mon site.
/!\ Mise à jour du 14-8-2007
– Le 80 % est-il excessif ? Non, mais la manipulation est plus souvent due aux invités (Olivier Magnan, cité plus haut ; Christel Seval, auteur de Contact et impact,...) qu’aux animateurs (Tristan-Frédéric Moir ou David Abbasi [dommage que le site de David Abbasi soit si mal présenté et si mal écrit] sont parfaits – en revanche, l’« abbassette », coanimatrice occasionnelle de l’émission de M. Abbasi, est caricaturale : la cinquième roue de la felouque).
– ANALYSE DE VOIX 1. Jean-Claude Carton pose une question à l’auteur invité (colonel à la retraite) sur sa série de livres les Mystères du temps. Jean-Claude Carton fait le point fixe sur « les Mystères du temps, mon colonel, les Mystères du temps » ; à « important » Jean-Claude Carton a mis toute la gomme ; son interlocuteur est un peu déstabilisé mais ne le montre point et essaie d’entrer dans le jeu de Jean-Claude Carton, et paf, pif ! forcément la maladresse qui fait rire (« d’ailleurs j’ai fait le deuxième tome », dit l’auteur) ; Jean-Claude Carton conclut par un bref « oui » qui en dit long : ici (enregistrement audio de 15 secondes, le 14-8-2007 vers 22 heures ; rediffusion).
Loin de moi l’idée de ridiculiser complètement Jean-Claude Carton (ou tout autre animateur d’Ici et Maintenant) et que la direction le vire pour incompétence : qu’on nous le garde, Jean-Claude Carton, ou plutôt qu’on me le garde, il me fait trop rire. Pour paraphraser le mot attribué à Voltaire : « Je désapprouve ce que dit M. Carton, mais je me battrai jusqu’à la mort pour qu’il continue à le dire, parce qu’il me fait rire. »
/!\ Mise à jour du 17-8-2007. On pourrait faire un site entier consacré à Jean-Claude Carton et à ses bourdes. Néanmoins, cessons ici avant que nous ne devenions plus ridicule que Jean-Claude Carton lui-même ou que nous n’ayons l’air de le harceler. Une dernière néanmoins pour la route, où M. Carton parle avec son invité du conte le Petit Chaperon rouge : ici (17 août 2007, vers 23 h 15 ; durée de 28 secondes ; de 26 à 27 secondes, un blanc : j’ai coupé des propos, sans intérêt ici, de l’interviewé).
• Note 152 du 25 juillet 2007. Céline, 1
D’un château l’autre, de Louis-Ferdinand Céline, Le Livre de poche, p. 69, jeu de mots savoureux : fâchiste.
• Note 153 du 27 juillet 2007 (suite de la note 89 [a]). Balthazar II
N’avais pas encore tout vu. Reçu aujourd’hui un courriel dont la formule de politesse était slts (abréviation de salutations). Ce qui donnait quelque chose comme ceci :
« Bonjour, Monsieur,
J’ai bien eu votre mail et je [etc.].
slts
Balthazar »
a. Extrait de note 89 du 3 décembre 2006 (ici)
[...] Il faudra que je parle de ces personnes – rares encore – qui dans leurs courriels utilisent Cdlt comme abréviation de la formule de politesse Cordialement.
« Bonjour, Monsieur,
J’ai bien eu votre mail et je [etc.].
Cdlt.
Balthazar » [...].
Dans le même genre, pourquoi ne proposerions-nous pas :
– BàV ou BAV pour Bien à vous ;
– et MSt. ou MST pour Meilleurs sentiments ?
• Note 154 du 29 juillet 2007. Céline, 2
–– D’un château l’autre, de Louis-Ferdinand Céline, Le Livre de poche
P. 7, [Ils] moureraient de froid
P. 17, La lectavure [pour lecture]
P. 24, Vous éteinderiez [...] tous les 14-Juillet du monde
P. 51, J’ai attrapé la gravité [comme on attrape une maladie ; le contraire serait j’ai un esprit et un cœur légers ; voir la phrase suivante]
P. 64, Sérieux est mort, Verdun l’a tué
P. 104, [Des] tornades de beignes bien ponctuantes
P. 199, Il s’en gardait comme chier au lit
P. 264, Toujours est-il ça leur aurait pas gercé la glotte d’y aller d’un petit mot aimable
P. 283, [Des femmes] réchappées à les pires massacres
P. 290, [Vous voudriez] qu’on vous foute extrêmement la paix
Ce « à les pires massacres » est excellent. Jean-yannesque, coluchien.
A noter, page 81, « nous asphyxions », coquille pour « nous asphyxiions » (le contexte exige l’imparfait) ou saccage volontaire de la langue, comme pour « moureraient » et d’autres ? La version de la Pléiade de 1974 (a priori plus fiable que celle du Livre de poche, même si l’appareil critique d’Henri Godard est paresseux et décevant [a]) porte aussi page 54 « nous asphyxions ». Contexte : « On profitait !... je profitais !... nous asphyxions Passage Choiseul... trois cents becs de gaz !... l’élevage des enfants au gaz ! nous nous lancions après le “Bureau”, mon père au pas de gymnastique de sa “Coccinelle Incendie” ! et en route !... »
a. Le lecteur lui reprochera entre autres de ne pas souligner ce curieux « asphyxions », qui peut passer inaperçu ; d’ignorer dans son glossaire ou dans ses notes des mots comme « Vrounzais » (p. 7 ; probablement « Français »), « lustruc » (p. 185 ; déformation de « lustucru » ? sens : « loustic » ?) ou « épilo-conne » (p. 405 ; on trouve aussi dans Rigodon [collection Folio, 2007], p. 207, « ce petit [Roger] Vaillant, épilo-crétin » : épilo renvoie-t-il à l’épilepsie, à l’épilation ?).
De plus, la typographie manifestement laisse à désirer : certains s italiques semblent être séparés du caractère qui précède par une espace fine. Photos ici et ici. Mais voici le plus surprenant : dans le Pléiade de Rabelais de 1941, ce problème d’interlettrage existait déjà (photo ici), quoique moins moins flagrant.
/!\ Avant que le lecteur ne me confonde avec un inconditionnel de Céline, je voudrais dire ceci : il y a dans la plupart de ses romans une vingtaine de pages très excellentes. Le reste est souvent ou du remplissage ou d’une repoussante vulgarité.
• Note 155 du 9 août 2007. Les médias me rendent malade, 87
–– Le bon choix, la bonne photo (sur le site du Figaro)
Mots clés : Alliot-Marie hilaroïde terrorisme.
• Note 156 du 17 août 2007. Les médias me rendent malade, 88
–– La voix c’est l’homme (projet)
A venir d’autres analyses de voix (la première a été faite dans la note 151) ; de celle-ci par exemple : ici.
• Note 157 du 25 août 2007. Note brute
–– Le Second Empire d’Octave Aubry, éd. Fayard, 1949, p. 539
Emile Ollivier, chef du gouvernement, au Corps législatif, janvier 1870 : « N’exagérons pas la gravité de la situation. Un homicide a été commis par un personnage haut placé [le prince Pierre Bonaparte a tué Victor Noir], nous le poursuivrons... Quant aux excitations par lesquelles on essaie de soulever le sentiment populaire, nous les contemplons avec impassibilité. Nous sommes la loi, nous sommes le droit, nous sommes la modération, nous sommes la liberté, et, si vous nous y contraignez, nous serons la force. »
• Note 158 du 3 septembre 2007. Les médias me rendent malade, 89
–– Un adverbe qui a la cote
Depuis quelques années (cinq ou dix ?), l’adverbe régulièrement est utilisé, instrumentalisé pour donner à une affirmation une apparence de sérieux, de crédibilité, de réflexion, une aura arithmétique, statistique, scientifique. Exemples : « Ma mère me reproche régulièrement de trop fumer » ; « Je rouspète régulièrement contre mon voisin qui claque sa porte quand il rentre tard le soir ».
Régulièrement tente de remplacer avantageusement des adverbes comme souvent, fréquemment, tous les jours, toujours, sans cesse, qui sont dans la plupart des cas soit imprécis, vagues, soit excessifs, exagérés, hyperboliques, lâchés sous le coup d’une exaspération. Régulièrement, lui au contraire, sous-entend que la personne qui utilise ce terme a réfléchi, noté, calculé objectivement, calculetté, pris du recul pour pouvoir déclarer qu’il y a une régularité, une périodicité (une périodicité qui – vous l’avez remarqué – n’est jamais précisée : une fois par jour, par semaine, par quinzaine, par mois ?).
Noter le plus important : même une périodicité de une fois par an ou par décennie peut justifier et légitimer l’emploi de régulièrement. Ce qui décrédibilise ce terme employé seul et la personne qui l’emploie. Cela relève simplement de la manipulation par les mots.
Un exemple à http://ministeredelacrise.blogs.liberation.fr/logement/ : « Même dans les “nouveaux mouvements sociaux”, comme on nous appelle, les réflexes les plus archaïques reviennent régulièrement au galop. » Copie d’écran ici.
• Note 159 du 12 septembre 2007. Note brute
Georges Brassens, les Copains d’abord.
« Au moindre coup de Trafalgar, c’est l’amitié qui prenait le quart »/« Au moindre coup de Trafalgar, c’est l’amitié qui prenait le car ».
Pour ceux qui ne connaîtraient pas la chanson : extrait.
Mise à jour, 2019. Ce n’est que tardivement que nous avons compris qu’il s’agissait de prendre le quart et non le car, et que prendre le car était un parfait contresens.
• Note 160 du 17 septembre 2007. Pour mémoire : je plussoie
–– Néologisme plussoyer ; forme la plus courante : je plussoie
Selon entre autres http://www.languefrancaise.net/forum/viewtopic.php?id=3650&action=new, je plussoie signifie je suis d’accord, j’approuve, j’adhère, je souscris à ce qui a été écrit, déclaré...
Infinitif : plussoyer.
Les occurrences sont nombreuses dans les forums et dans les listes de discussion.
Etymologie : + 1, qui est utilisé dans ces forums et dans ces listes de discussion pour exprimer l’accord, l’approbation.
Une occurrence ici sur un blog à http://incandescences.hautetfort.com/ : « Il trouve que tout ce qui est officiel est ennuyeux et vain. Je plussoie. » Copie d’écran ici.
Mise à jour. Très curieusement, aujourd’hui en 2019, plussoyer est quasi absent des commentaires de la Toile. Néologisme commode et utile pourtant. Quand le mot n’est plus à la mode, il devient fréquentable.
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Dossiers
• Le style c’est l’homme, analyse de l’expression macronienne ici
• Lesdites « Rectifications de l’orthographe » de 1990, analyse d’un cafouillage ici
• Le style déplorable des historiens ici
• Le piège de la locution « sauf à » ici
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