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« Le jour baissait, les cocotiers s’agitaient au-dessus de nos têtes,
secouant sur nous leurs cent-pieds et leurs scorpions »,
le Mariage de Loti, Pierre Loti, 1880

La pathologie des médias, p. 10

 

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BLOC-NOTES, suite

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• Note 219 du 7 décembre 2007. Aux lecteurs
Que les lecteurs nous pardonnent à ma secrétaire et à moi si nous ne répondons pas à tous leurs courriels, mais certains jours nous sommes submergés. Qu’ils sachent que, en tout état de cause, je tiens toujours très grand compte de leurs commentaires.
Il n’est pas du tout dans mes projets de faire un blogue.

 

• Note 220 du 13 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 124
–– « La cervelle de blonde », 1

Copie d’écran de nouvelobs.com

Dans cet article, Sylvie Prioul, du Nouvel Observateur, décrit Ségolène Royal, qu’avec un certain aplomb elle appelle aussi Ségo, comme une « longue dame brune (mais à la cervelle de blonde ?) ». Quelques lecteurs protestent avec raison sur le site contre cet humour misogyne « de bar-PMU ».
Entre-temps un lecteur (blond ou brun ?) fait remarquer qu’il y a une faute de français dans la chanson de Barbara Ma plus belle histoire d’amour : « Elle fut longue, la route [...]/Et je ne suis pas parjure/Si ce soir je vous jure/Que pour vous je l’eus faite à genoux ». Très bien vu (le lecteur est probablement brun) : il y a effectivement une faute grammaticale, et Barbara dit à tort eus au lieu de eusse. Ecouter ici.

Revenons maintenant à la « cervelle de blonde ». Le point d’interrogation de « mais à la cervelle de blonde ? » n’excuse rien. Sylvie Prioul ne se demande pas si une « cervelle de blonde » est moins performante qu’une « cervelle de brune », mais Sylvie Prioul se demande si Ségolène Royal a ou n’a pas une « cervelle de blonde » : Sylvie Prioul accepte implicitement l’idée qu’une « cervelle de blonde » soit moins performante qu’une « cervelle de brune ».
Remarquer enfin que Sylvie Prioul ne se demande pas non plus si Ségolène Royal a ou n’a pas un cerveau (mot neutre ou éventuellement mélioratif), mais si elle a ou n’a pas une cervelle (mot péjoratif, narquois, ricaneur, animalisant).

/!\ Mise à jour du 13 décembre 2007. Voir la note 222 ci-dessous.
/!\ Mise à jour du 17 mai 2008.
Voir à propos de blondes la note 281.
/!\ Mise à jour du 16 juin 2008. Voir la note 303.

 

• Note 221 du 13 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 125
–– « Enfreinte » : le Nouvel Observateur s’y met aussi (v. note 180)

 

• Note 222 du 13 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 126
–– « La cervelle de blonde », 2

Photo de la page de bibliobs.nouvelobs.com

Surcorrection, approximations, précipitation, cafouillage : après la remarque grammaticale du lecteur sagace à cheveu brun, le eus fautif, mais authentique, a été remplacé, apparemment sans vérification préalable, par un eusse, grammaticalement correct, mais forgé et inauthentique.
Une citation devrait rester une citation ; si le citateur pense qu’il y a une faute, soit il écrit « [sic] » après le mot fautif, soit il remplace le mot fautif par le mot correct entre crochets :
Que pour vous je l’eus [sic] faite à genoux
ou
Que pour vous je l’[eusse] faite à genoux

Contrairement à ce que suggère Sylvie Prioul (a), l’erreur (b) ne vient pas de la transcription (qui est fidèle, je le répète), mais de la chanteuse et parolière Barbara elle-même.

a. Si vous avez aimé l’humour slapstick et décomplexé de Sylvie Prioul, sachez qu’elle est l’auteur d’un livre intitulé la Ponctuation, ou l’art d’accommoder les textes. Elodie Courtejoie, de CanalAcadémie (voir la note 109), affirme qu’elle a trouvé ce livre très drôle : interview audio intégral ici (la manière dont la grammairienne Sylvie Prioul répond à Elodie Courtejoie lui demandant à 19 minutes 1 seconde de définir le point-virgule est amusante : Sylvie Prioul lui claque la porte au nez – en effet, elle ne définira pas le point-virgule – en lui déclarant que le point-virgule pose un problème d’utilisation aux enfants [!] qu’elle a interrogés et qu’on utilisait très peu le point-virgule dans un certain numéro du quotidien l’Humanité qu’elle et son coauteur ont lu « intégralement » ; extrait audio ici).
b. Ou la licence poétique ? Plaidable : Barbara aurait probablement trouvé le eusse trop littéraire.

/!\ Mise à jour du 17 mai 2008. Voir à propos de blondes la note 281.
/!\ Mise à jour du 16 juin 2008. Voir la note 303.

 

• Note 223 du 16 décembre 2007
« C’était un savant égoïste, un puits de science dont la poulie grinçait quand on en voulait tirer quelque chose », Jules Verne, Voyage au centre de la Terre, chapitre 1.

 

• Note 224 du 20 décembre 2007. Bling-bling
Définition de bling-bling par Olivier Wicker, Libération, 19 décembre 2007 : « Issue du vocabulaire hip hop, l’onomatopée “bling bling” désignait à l’origine le bruit que font les énormes chaînes et pendentifs en or qu’arborent certains rappeurs. Le principe esthétique est simple : plus ça brille, plus c’est imposant, mieux c’est. Ce signe extérieur de richesse revendiqué, assumé, exhibé, est apparu chez les rappeurs aux débuts des années 90. Il est revenu en force récemment avec la star planétaire du genre, le rappeur 50 Cents, qui adore faire scintiller sur ses pectoraux luisants et tatoués des kilos d’argenterie. La panoplie bling-bling s’inspire du code vestimentaire des proxénètes américains : fausses dents en or, verre à cognac gravées [sic] des initiales de leur propriétaire, manteau de fourrure (à poils longs et blancs de préférence). Par extension, ce look désigne aujourd’hui dans la mode tout ce qui flashe ou tout vêtement ou accessoire affublée [sic] d’un énorme logo. Loana était une précurseure [sic] de ce style. Britney Spears ou Paris Hilton ont fait beaucoup pour la cause. Cécilia, qu’on a souvent vue en Prada ou en Dior, était bling-bling. »

==> Mot clé : néologisme, néologie

 

• Note 225 du 21 décembre 2007. Palestinophrénie
Palestinophrénie avec le sens de palestinomanie, semble-t-il : « Depuis des décennies, le conflit palestino-israélien demeure au centre de l’actualité. Pourtant d’autres conflits plus meurtriers existent sur le reste de la planète et dont l’issue est indifférente au reste du monde. [...] Les Palestiniens seraient-ils les seuls martyrs du monde ? » Ici.

==> Mot clé : néologisme, néologie

 

• Note 226 du 22 décembre 2007. Intermède
–– De la prononciation du français par Eartha Kitt (a)
Refrain de la chanson Sous les ponts de Paris (paroles de Jean Rodor, musique de Vincent Scotto, 1914) :

Sous les ponts de Paris, lorsque descend la nuit,
Toutes sortes de gueux se faufilent en cachette
Et sont heureux de trouver une couchette,
Hôtel du courant d’air, où l’on ne paie pas cher,
L’ parfum et l’eau c’est pour rien, mon marquis,
Sous les ponts de Paris.

Refrain tel que le chante Eartha Kitt (écouter ici) :

Toutes sortes de gueux se fout l’ vit en cachette
[...]
Hôtel du cul ran d’air, où l’on ne paie pas cher,
[...]
L’ peu fin et l’eau c’est pour rien, mon marquis,
Sous les ponts de Paris.

a. Actrice et chanteuse américaine née en 1927.

 

• Note 227 du 24 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 127
–– Quelques pensées telles quelles et non rabotées sur les côtés
1. – Avez-vous eu récemment envie de serrer un journaliste dans vos bras ? Avez-vous eu récemment envie de serrer chaleureusement la pince d’un journaliste en lui criant merci ? Avez-vous eu envie récemment de dire à un journaliste : vous avez dit ce que je n’arrivais pas à dire, précisément ce que j’avais sur le bout de la langue ?
Mais n’avez-vous pas eu envie récemment de serrer un blogueur dans vos bras ? Moi si.

2. – Les blogues ressemblent à des courriers d’un lecteur. Mais cette différence essentielle : ses courriers ne sont pas filtrés, triés, choisis, coupés ou rejetés par un responsable du courrier des lecteurs.

3. – Qu’est-ce qui empêche les journalistes d’être indépendants ? Le salaire.
Qu’est-ce qui permet aux blogueurs d’être indépendants ? Le bénévolat.

 

• Note 228 du 24 décembre 2007. Collision
Mémoires de guerre, « Le salut, 1944-1946 », Charles de Gaulle, 1959, éditions Pocket :

– Je voulais éviter qu’il y eût des collisions entre nous et nos alliés, p. 223
– En vue d’éviter qu’il y ait collision entre les forces britanniques et les forces françaises, p. 230
– [Il] ajouta [...] qu’il espérait que Paget et ses troupes s’abstiendraient d’essayer de contraindre les nôtres et de prendre la responsabilité d’une déplorable collision, p. 232

Histoire de la IIIe République, Alexandre Zévaès, éditions de la Nouvelle Revue critique, 1938 :

– A Lyon, violentes collisions entre la troupe et les manifestants qui veulent porter une couronne sur la tombe des victimes de 1831-1834, p. 201
– Une violente collision se produit, place de l’Eglise, entre les soldats du 145e et la foule, p. 201

collision. N. f. 1° Terme de physique. Choc entre deux corps. 2° Fig. Lutte, choc de partis animés de prétentions contraires. On craint une collision entre la troupe et la population. (Dictionnaire de la langue française de Littré, 1873.)

==> Mot clé : lexicographie

 

• Note 229 du 24 décembre 2007. Ethnique
Mémoires de guerre, « Le salut, 1944-1946 », Charles de Gaulle, 1959, éditions Pocket :

– Quant au Val d’Aoste, nous aurions eu les meilleures raisons ethniques et linguistiques de nous l’assurer [c’est-à-dire de nous l’attribuer, de l’annexer à la France], p. 217

 

• Note 230 du 25 décembre 2007. Nettoyer
Après ethnique, passons à nettoyer (peut-être plus tard passerons-nous à Kärcher). Nettoyer est commun et ancien dans le vocabulaire militaire. Nettoyer n’est pas synonyme de tuer, mais d’évacuer, de faire évacuer, de faire partir, de chasser.
Mémoires de guerre,
« Le salut, 1944-1946 », Charles de Gaulle, 1959, éditions Pocket :

– Pendant sept jours, [nos troupes se] battent, gravissent les escarpements, s’emparent des forts, [...], nettoient les pentes au-dessus de La Roya, p. 196

Petit Robert électronique de 2001 (la dernière partie de la définition est discutable) :

nettoyer. [...] 3. Spécialt (nettoyer une tranchée, 1671) Débarrasser (un lieu, une position) de gens dangereux, d’ennemis, en les mettant hors d’état de nuire. Je vais nettoyer un bout de rue avec la mitrailleuse (Malraux).

 

• Note 231 du 25 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 128
–– Godwin (a)

Une expression Godwin qui me fait ricaner, mais qui est cependant censée rapporter 100 % d’adhésions, d’applaudissements (sinon la grand-croix de l’ordre national du Mérite) de la part des lecteurs ou des auditeurs : « cela nous renvoie à [nous évoque, me rappelle, me ramène douloureusement à,...] l’un des plus sombres épisodes [événements, moments, heures, pages,...] de notre histoire ».
Par exemple ici : « Le terme de “nettoyage” renvoie évidemment à certains des plus sombres épisodes de l’histoire de la France et du monde. »
Caricature à cause du terme évidemment.
Le truc ne date pas d’hier : « Le nouvel occupant [les Etats-Uniens en France en 1951] se conduit d’une façon qui rappelle à la population les noirs souvenirs de 1940-1944 », in l’Humanité du 30 avril 1951, cité par Michel Winock dans le Siècle des intellectuels, p. 600, éditions du Seuil, collection Points, 1999.

a. Pour une définition de Godwin, voir ici.

 

• Note 232 du 26 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 129
–– Hypocrisie : Libération qui pleure, Libération qui rit

Ecrire « trois parcours dramatiques parmi des milliers » n’empêche pas de rigoler un bon coup.

 

• Note 233 du 28 décembre 2007. Tantôt
Depuis de nombreuses années, on n’entend plus tantôt au sens d’après-midi ou de cet après-midi.
Deux exemples d’utilisation chez Céline (Mort à crédit, Folio, 1996) :
– Le tantôt, sur les quatre heures, on attendait nous deux Robert, l’ouverture de la corrida..., p. 185
– Ça va se discuter dès tantôt !..., p. 465
Le Petit Robert électronique de 2001 recense les deux acceptions ;  le Petit Larousse de 2004 ne recense que la deuxième.

==> Mot clé : lexicographie

 

• Note 234 du 29 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 130
–– LeFigaro.fr : conjuguer le verbe sacher à l’imparfait du subjonctif

 

• Note 235 du 30 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 131
––  Article 109 du Code de procédure pénale, un privilège extravagant, 1
Pourquoi seuls les professionnels auraient-ils le droit de garder le silence sur leurs sources ? Pourquoi pas aussi le citoyen lambda ? Et, en particulier, pourquoi pas tout blogueur bénévole qui fait de l’information ?

– Source Reporters sans frontières, http://www.rsf.org/article.php3?id_article=24682 :
« Le recours à la pression psychologique et au chantage à la détention pour forcer un journaliste à révéler ses sources est scandaleux. Comme il [Guillaume Dasquié] l’indique lui-même avec pertinence, cela revient à contourner l’article 109 du Code de procédure pénale, qui prévoit que tout professionnel des médias interrogé sur l’origine de ses informations a le droit le plus strict de garder le silence. Nous condamnons ces pratiques choquantes. Les journalistes ne sauraient être assimilés à des délinquants et ne sont pas responsables des fuites dans l’administration. »

– Source lemonde.fr, http://archives.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-993468@51-993471,0.html :
« Le journaliste Guillaume Dasquié a été mis en examen jeudi 6 décembre pour compromission du secret de la défense. Il lui est reproché d’avoir divulgué, dans Le Monde du 17 avril, des documents non déclassifiés provenant de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Il s’agit d’une analyse des informations dont disposaient les services de renseignement français sur Al-Qaida avant les attentats du 11 septembre 2001. En principe, l’article 109 du Code de procédure pénale autorise un journaliste à garder le secret sur ses sources. »

– Source legifrance.gouv.fr, article 109 du Code de procédure pénale, copie d’écran :
« Tout journaliste, entendu comme témoin sur des informations recueillies dans l’exercice de son activité, est libre de ne pas en révéler l’origine » (a).

a. A ceux qui s’intéressent aux finesses de la ponctuation, je signale que les deux virgules de cette citation sont d’origine.

 

• Note 236 du 31 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 132
–– Article 109 du Code de procédure pénale, un privilège extravagant, 2
Etrange, l’article du Monde cité ci-dessus. Loin de moi l’intention de tirer sur une ambulance. Guillaume Dasquié un enfant égaré chez les adultes ? un amateur chez des pros ? en tout cas, il vibre encore sous le choc. Quelques extraits, c’est Guillaume Dasquié qui parle. Je n’ai pas le temps de faire autre chose qu’une analyse de surface (en bleu). Comprenne qui voudra.

Page 1 : http://archives.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-993468@51-993471,0.html
–  L’un d’eux [un employé de la direction de la surveillance du territoire] persifle : « Pourquoi [vous n’avez pas utilisé] une bonne broyeuse ou [votre] cheminée ? Faut pas conserver plein de papiers chez soi. » Justement. Marre de cette époque où, après un scoop à la sauvette, on détruisait tout, dans la crainte d’une descente. Nous n’existons pas sans nos sources, qu’elles soient humaines ou documentaires, accepter de s’en priver, de les dissimuler, c’est s’asphyxier.
– Mon escorte m’abandonne à deux policiers chargés de mon installation [...] : « Mettez sur la table argent, clés et papiers. Ne gardez rien dans vos poches. Et déshabillez-vous complètement ! » Je me rhabille; ils m’installent dans une pièce à double entrée, coupée par une paroi de métal et de Plexi sécurisé.
– Une heure plus tard environ, deux policiers ouvrent, me demandent de me tourner et m’enfilent les menottes. [Est-ce qu’on enfile des menottes qui sont ouvertes ? Ici un télescopage avec la phrase citée précédemment.]
– Le papier pour Le Monde, ça représentait trois mois de boulot, pour une pige de 800 euros. [Autrement dit, en plus j’ai été mal payé par Le Monde – dans lequel j’écris aussi cet article.]
– M. me confie [c’est-à-dire me déclare sur le ton de l’aveu ? me déclare sur un faux ton d’aveu ? me dit ?] qu’elle a « préparé les questions à partir de [ma] fiche sur Wikipédia ».

Page 2 : http://archives.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-993468@51-993471@45-1,0.html
– Je m’étends sous la couverture marron, rêche [c’est dur, la vie d’aventurier : dormir sous des couvertures rêches... ne se croirait-on pas à Guantanamo ou à Abou-Ghraïb ?], avec une seule pensée : dormir, pour garder les idées claires, comprendre ce qu’ils veulent. [C’est pourtant très clair et très simple à comprendre.]

Guillaume Dasquié a publié quelques livres courageux qui ne semblent pas dénués d’intérêt ; site officiel : http://www.al-qaida-vaincra.com.

 

• Note 237 du 31 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 133
–– Article 109 du Code de procédure pénale, un privilège extravagant, 3
Finalement Guillaume Dasquié a, comme il dit, « balancé un nom » (voir la vidéo ici, un peu lourde, 16 mégas, patienter).
Excellente leçon, cinglante leçon de journalisme : on ne se lance pas dans le journalisme des secrets d’Etat en croyant comme un bobo que la vie sera douce et facile (Guillaume Dasquié explique pourquoi il a lâché le morceau, et écrit : « Une pensée fatale me traverse : j’imagine mes bambins, 5 ans et 7 mois, au parloir de la prison »).
Beau et difficile métier, le journalisme : travail ingrat, travail de soldat, de preux chevalier.
Mais pas une sinécure pour fesse-clavier en mal de reconnaissance.

 

• Note 238 du 31 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 134
–– Article 109 du Code de procédure pénale, un privilège extravagant, 4
Guillaume Dasquié dans la fin de l’extrait vidéo dit implicitement « J’ai déshonoré le métier, je suis déshonoré ». Mais non, il n’y avait rien à déshonorer !
Ce qui lui a manqué à Guillaume Dasquié, c’est pas le sentiment de l’honneur, mais peut-être un modèle, un modèle qui lui eût permis de résister à l’intimidation, qui lui eût permis de se demander in petto « Qu’aurait fait le journaliste Untel dans ma situation ? ». Ça l’aurait bien aidé.

 

• Note 239 du 31 décembre 2007. Les médias me rendent malade, 135
–– Arrêtez un peu avec le transfèrement !
« Les six Français de L’Arche de Zoé [ont] fait une demande individuelle de transfèrement vers la France », lexpress.fr
« Le Tchad a donné vendredi son accord au transfèrement des six membres de l’association », lefigaro.fr
« Paris a demandé le transfèrement des condamnés vers la France », nouvelobs.com
« Paris demande le transfèrement des membres de l’Arche de Zoé », lemonde.fr

Tous les blogues consacrés à la langue française, tous excités comme des poux ou comme des cabris, parlent de transfèrement et donnent des définitions, mais aucun ne donne un exemple, une citation légale. Alors en voici une (reproduite aussi dans la note a) tirée du Code de procédure pénale de http://legifrance.gouv.fr pour qu’on ne m’en parle plus.

a. « De la procédure d’orientation et des décisions d’affectation des condamnés. [...] Lorsque l’affectation incombe au directeur régional, la décision donne lieu : 1° Soit à la délivrance d’un ordre de transfèrement du condamné à destination d’un centre de détention ou d’un centre pour peines aménagées ou d’un centre de semi-liberté ou d’une maison d’arrêt ou d’un quartier d’un centre pénitentiaire appartenant à l’une de ces catégories d’établissements pénitentiaires de sa circonscription [...] », Code de procédure pénale, article D 81.

Actualisation du 6 janvier 2008, copie d’écran
==> Mot clé : lexicographie

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