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« Le jour baissait, les cocotiers s’agitaient au-dessus de nos têtes,
secouant sur nous leurs cent-pieds et leurs scorpions »,
le Mariage de Loti, Pierre Loti, 1880

La pathologie des médias, p. 14

 

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BLOC-NOTES, fin

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• Note 318 du 26 juin 2008. Les médias me rendent malade, 179
–– Europe n’est pas synonyme d’Union européenne, 1


Source : paris.fr

Le remplacement de la locution Union européenne par le mot Europe pour convenance personnelle stylistique est très fréquent chez les marchands de bigoudis : détestation journalistique de la répétition. Détestation trop bien apprise à l’école.
Peut-on interchanger des mots qui ne sont que voisins, et qui ne sont pas synonymes ? Certainement pas.
Peut-on, pour ne pas répéter le mot fauteuil, utiliser le mot chaise ?
Peut-on, pour ne pas répéter le mot carmin, utiliser le mot vermillon, puisque c’est presque la même chose et que la plupart des lecteurs, ne connaissant pas le distinguo, n’y verront goutte ?

 

• Note 319 du 27 juin 2008. Les médias me rendent malade, 180
–– Europe n’est pas synonyme d’Union européenne, 2

Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat à l’Europe, sur son blogue, écrit [rose Mise à jour de novembre 2019. Lien mort, le site a disparu ; v. cependant la leçon 1051.] : « Reste une vraie question : comment mieux répondre aux préoccupations des citoyens, comment renforcer la démocratie au sein de l’Union ? Il faut bien évidemment essayer de comprendre pourquoi l’Europe suscite de telles réticences, pourquoi les jeunes ont du mal à y adhérer ? En tout état de cause, l’Europe ne se fera pas sans les peuples ! »
Et hop ! dans les deuxième et troisième phrases, l’auteur abandonne le mot Union au profit du mot Europe. Pourtant il s’agit toujours d’Union (surtout dans la deuxième phrase) et il ne s’agit pas d’Europe. Bonneteau lexical.

 

• Note 320 du 27 juin 2008. Les médias me rendent malade, 181
–– Europe n’est pas synonyme d’Union européenne, 3, ou comment commencer par le début
Copié-collé de mon commentaire sur le blogue [rose Mise à jour de novembre 2019. Lien mort, le site a disparu ; v. cependant la leçon 1051] de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat à l’Europe.

Bonjour à tous,
Je constate sans amertume et sans surprise que les nombreuses questions de langue que j’ai posées dans les commentaires de plusieurs billets de ce site n’intéressent personne : le sens des mots « Europe », « Européen », « étranger », de l’expression « ministère des Affaires étrangères et européennes », le gentilé pour « Union européenne »...
Je propose, Jean-Pierre Jouyet, de commencer par le début, et de lancer un concours, un appel d’offres de gentilés intitulé « Comment appeler les ressortissants de Union européenne ? ».
C’est tendance, qui plus est ; c’est démocratique et participatif (je le dis sans rire).
Alors ? des Européens-Unis, des U-Européens, des Uniono-Européens ?
Bref, créer des outils de langue, de « communication » (comme disent les gens lettrés), pertinents, précis, non équivoques.
Bien cordialement.

Voir les notes 271 (p. 12) et 290 (p. 13).
On pourrait proposer aussi Europe-Uniens, Europuniens, Unieuropéens, Euriens,... (a).
marronnasse Autonote : Archive-swbr2.jpg.

a. On me suggère de fonder le mot sur l’étymologie (« qui a de grands yeux », « qui voit loin ») du mot Europe : les Exophtalmiens-Unis, les Oxiopiens-Unis,..., mais je n’en ferai rien.
==> Mot clé : néologisme administratif

 

• Note 321 du 27 juin 2008. Les médias me rendent malade, 182
–– Europe n’est pas synonyme d’Union européenne, 4

Puisque, comme je me tue à le répéter, il n’existe pas de gentilé pour les ressortissants de l’Union européenne, puisqu’on n’imagine même pas de faire l’effort d’en créer un et puisque l’approximation n’est pas un péché mortel dans le domaine du journalisme, on les appelle paresseusement et à tort des « Européens » : « Le vote négatif des Irlandais n’est bon pour personne : ni pour l’idée de l’institution de l’Union européenne, ni pour les Européens pris séparément » (Jean Daniel sur son blogue de nouvelobs.com, le 17-6-2008, « Naufrage d’une ambition »).
Ici « les Européens pris séparément » signifie « les Européens-Unis pris séparément ».
Les commentaires sur cet article de Jean Daniel étant fermés, impossible d’y laisser une remarque ou une question. Dommage, j’aurais aimé tirer les oreilles de ce grand nombriliste.

 

• Note 322 du 27 juin 2008
Deux constatations.
Il n’existe pas d’adjectif équivalant à la locution qui a du tact. Propositions : tactif, tactueux.
Il existe l’adjectif interchangeable, mais pas de verbe interchanger (Robert, Littré).

==> Mot clé : néologisme

 

• Note 323 du 27 juin 2008. Entre taratata et ragnagnas
RATATA : « Refus d’Admission sur le Territoire Au Titre de l’Asile ».
Signalé par ce site-ci et ce site-là.

==> Mot clé : néologisme administratif

 

• Note 324 du 28 juin 2008. Les médias me rendent malade, 183
–– L’art du titre

Titre du Parisien.fr : « Les agresseurs de Ruddy courent toujours ».
« Les voleurs courent toujours » : expression imagée, courante, banale, mais qui fait encore sourire. On imagine les coupables s’enfuyant en courant après leur larcin, voleurs de pomme fuyant une maréchaussée de bande dessinée (éventuellement bonhomme et débonnaire) avec peut-être la conscience qu’ils ont mal fait.
Mais ce genre d’humour dans ce genre d’affaires (victime dans le coma après avoir été frappée à coups de barres de fer) n’est-il pas déplacé ? N’a-t-il pas un effet minimisateur ?
Se méfier des clichés.
(Cette note n’est pas aussi bien rédigée que je le voudrais, mais je n’ai pas le temps de faire mieux.)

Voir aussi « L’art du titre con », notes 250, 251, 254 (ici).

 

• Note 325 du 29 juin 2008. Pour ne rien dire
Inullitable. Que signifie ce mot ? Rien. On lui cherche en vain une signification. On pense avoir affaire à un mot-valise. Inullitable représente notre époque qui ne signifie rien ou qui ne peut être définie qu’avec des mots contradictoires comme glacial/brûlant.

Inullitable n’a pas de signification et cependant il ne peut être utilisé sans faire pléonasme ni sans faire lapalissade. C’est-à-dire qu’il n’est pas utilisable, et qu’il ne sert à rien. La signification d’inullitable est absente/omniprésente.

Inullitable est inutile partout, comme l’expression « dans la vie ». On peut la supprimer dans tous les contextes et dans toutes les phrases. Ici par exemple : « Vous savez, il y a des moments dans la vie où il faut... », qui signifie « Vous savez, il y a des moments où il faut... ».

Inullitablement. Si l’on n’a rien à dire, on peut utiliser inullitablement comme ici pour commencer une phrase ou une conversation : « Inullitablement, les gens... », comme on dit « Dans la vie, les gens... ».

Sous de pareils auspices et avec de telles prémices, l’interlocuteur ne doit pas s’attendre à un vrai interchange.

Mise à jour, 2019. Deux sous-notes supprimées.

 

• Note 326 du 29 juin 2008. Les médias me rendent malade, 184
–– Tempsreel.nouvelobs.com encore plus fort que France Info

Titre : « Chine. La mort d’une jeune fille provoque des émeutes dans le sud-ouest ».
Tempsreel.nouvelobs.com est encore plus cru que France Info, qui écrivait qu’un adolescent avait été passé à tabac (note 316) : Tempsreel.nouvelobs.com écrit qu’un homme est mort après avoir été tabassé (voir la copie d’écran ci-dessus).
L’auteur se la joue-t-il apache et plébé ou l’auteur ne connaît-il pas l’expression « rouer de coups » ?
C’est pour quand les « refaire la gueule » ou « débrider le portrait » ?
Tempsreel.nouvelobs.com écrit « l’oncle de la jeune fille décédée », pourquoi, bon sang, n’écrit-il pas « l’oncle de la meuf qui était partie les pieds devant »
 ?
Je devrais probablement expliquer en quelques mots pourquoi « tabasser » est plus encore plus cru, encore moins raboté et encore plus choquant que « passer à tabac », mais j’ai perdu le feu sacré de l’analyse stylistique.

 

• Note 327 du 4 juillet 2008. Les médias me rendent malade, 185
–– L’art de manipuler par les mots. Ma profession de foi et de désenthousiasme

« Les ouvriers communistes reconnaissent que les directives fixées par nos congrès restent absolument justes », œuvres de Maurice Thorez, livre II, tome 1 (1930-juin 1931), page 76, éditions Sociales, 1950.
Jusqu’à aujourd’hui, j’ai argumenté. Maintenant il est trop tard pour. Je suis persuadé de ce qui suit et je ne perdrai pas de temps à le démontrer  : reconnaissent signifie ici déclarent ou sont d’accord pour dire ou pensent (mais pensent n’est-il pas lui-même excessif ; est-ce que les ouvriers, en tout cas communistes, pensent ? ce n’est pas ce qu’on leur demande, à part payer leurs cotisations au PCF).
Le vrai sens de reconnaître est : après avoir hésité et réfléchi, affirmer le contraire de, tomber finalement d’accord sur.
Je pourrais parler aussi de les qui signifie des et de restent qui signifie sont.

J’ai trop souvent supposé honnête mon adversaire. Le mal politiquement correct qui paralyse ou justifie une paralysie déjà existante et installée, le mal terrible qui diffère sine die et sine seculo toute affirmation par respect de l’adversaire supposé respectable et respectueux conduit à ne jamais se prononcer, à se laisser agresser, tuer, annihiler.
Un excès (argumenter faux, argumenter flou) a fait naître chez moi l’excès contraire : ne plus argumenter.
Je laisse mes contemporains argumenter, et crever de leur lâcheté argumentée et/ou de leur bêtise.
En conséquence, ces pages, je les leur jette à la figure.

Trop, il y a trop de choses à dire sur le langage des médias d’aujourd’hui et sur leur état d’esprit à-plat-ventriste. Les médias yoyotent un peu plus gravement chaque jour et toussent en quintes chaque jour plus rapprochées : ils s’en vont de la boule et du buffet.
Infirmiers, prévenez la famille, la presse ne rue pas dans les brancards, elle agonise sur.
Elle est à l’article de la mort !
Tant mieux, qu’elle meure et vite, et cesse de nuire. Je renonce à veiller des moribonds : ils me prennent trop de temps. J’en ai assez, de me fâcher, de donner des leçons aux murs. Je n’avance plus, je tourne en rond, je ne peux plus que me répéter. Ce que j’écrivais le 2 août 2006 (note 11) sous le nom inventé de Verdun Barrot, je le récrirais aujourd’hui, deux ans plus tard, sans en adoucir un mot.

325 000 signes à ce jour, soit l’équivalent d’un livre de 200 pages ; ce fut, pendant deux années, un excellent exercice d’écriture et d’analyse. Je vais me consacrer à la rédaction d’un sitcom.

Bonus.
Pourquoi, malgré leurs bruyants défauts, leurs vices manifestes et criants, révère-t-on les médias ?
Entre autres raisons, parce que ce sont eux qui font les rois, ce sont eux qui font les stars, et que nous voulons être des stars.
Ce sont eux qui demain étancheront notre soif de starisation, de célébrité, de désanonymisation, de vu à la télé, de lu dans le journal.
Il n’y a qu’eux pour nous tirer un jour de notre boue d’insignifiance.
Il est chaque jour plus flagrant que les médias et les politiques ne sont que des faiseurs de diversion (faiseurs de diversion et faiseurs de rois, c’est pareil), des botteurs en touche (la dernière diversion en date est remarquable et devrait ouvrir les yeux des plus assoupis : la libération de Mme Betancourt).
Ne voilà-t-il pas une preuve que les politiqueurs sont les alliés des marchands de peignes : « Le Sénat a adopté un dispositif dérogatoire pour la représentativité syndicale des journalistes, qui permettra au SNJ de conserver son influence » (ici ou ici) ?
Déprofessionnalisation du journalisme. Claude Soula (déjà cité dans la note 285) : « La seule explication [au « relatif silence » de la presse sur l’affaire Tapie avec ses 400 millions d’euros à la charge des contribuables français], c’est que d’abord à force de licencier leurs journalistes, les journaux se privent de leur mémoire et de leurs connaissances, et qu’ensuite cette affaire semble trop compliquée aux rédacteurs en chef, et à leurs jeunes enquêteurs. Les affaires de justice sont complexes. Il faut enquêter, se renseigner, travailler, avoir un minimum de mémoire et de la culture tant juridique qu’économique. »
Tout est intéressant dans cette citation, mais je me permets de souligner ceci : « Il faut [...] travailler. »
Rectification. Dans la presse, il n’y a que les mauvaises nouvelles, dit-on. Erreur, encore un préjugé sur la presse. Dans la presse, il n’y a que les mauvaises nouvelles et que les fausses bonnes nouvelles : le dernier livre du grand écrivain, le nouveau film craquant, l’album génial à ne pas rater avant de mourir,...
Ajouté une note (179 bis) que je m’étais engagé à écrire.

 

 

 

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