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« Le jour baissait, les cocotiers s’agitaient au-dessus de nos têtes,
secouant sur nous leurs cent-pieds et leurs scorpions »,
le Mariage de Loti, Pierre Loti, 1880

La pathologie des médias, p. 1b

 

 

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• Internet et sardines à l’huile

 

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BLOC-NOTES

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• Note 1 du 26 mars 2006. Compotateur, 1
Il est plutôt rare de taper une requête dans Google sur un mot de la langue française correctement orthographié et de n’avoir aucune réponse. C’est le cas de compotateur (a) ce 26 mars 2006.
                        [Texte supprimé.]

a. compotateur. N. m. Terme vieilli et familier. Celui qui boit avec. (Dictionnaire de la langue française de Littré, 1873.)

/!\ Mise à jour, 26 mai 2006. A ce jour, soit deux mois après la mise en ligne de compotateur, aucun moteur n’a encore indexé le mot. (Mon blog – en friche –, créé en janvier 2005, n’a toujours pas été indexé : comme quoi les crawlers sont surfaits. On peut ainsi imaginer mieux la dimension de ce qu’on appelle le web invisible.)
/!\ Mise à jour, novembre 2007. Dans la note 194, une citation du XIXe siècle comportant le mot compotateur.

==> Mots clés : indexation, moteur de recherche, lexicographie, lexicologie

 

• Note 2 du 27 mai 2006. Hapax et date de naissance réticulaires, 1
Dès le lendemain de mon affirmation selon laquelle les moteurs sont surfaits, je trouve via Google une occurrence de compotateur : http://www.dailychanges.com/detail/?ns=IREITHOST.COM&date=2006-05-24&net=369&changes=13410&act=n

(Si selon dailychanges.com le nom de domaine compotateur.com vient d’être acheté [« new registration »], en revanche selon whois.com et www.betterwhois.com le nom est libre. Qui se trompe ?)

/!\ Mise à jour, novembre 2007. Il y a sept ans, en 2000, le webzine Chasseurs de moteurs proposait de remplacer le mot Internet par Réticule (http://www.moteurzine.com/archives/2000/chasseurs19.txt), quant au Journal officiel de la République française du 16 mars 1999, il proposait adresse réticulaire pour remplacer URL. Réticule a eu aussi peu de succès qu’adresse réticulaire  réticulaire. Adj. Qui forme un réseau, ressemble à un réseau », Petit Robert électronique de 2001).

 

• Note 3 du 30 mai 2006. Hapax et date de naissance réticulaires, 2
Compotateur est trouvé par Google à http://www.biglotron.com/dico.php?lettre=c

 

• Note 4 du 22 juillet 2006. Quelques mots remarquables trouvés dans le Dictionnaire de la langue française de Littré (1873)
dédormir. V. i. Cesser de dormir
déparler. V. i. Discontinuer de parler.
désolliciter. V. i. Cesser de solliciter.
refesser. V. t. Fesser de nouveau.
comma. N. m. [...] Nom de la virgule (a). || Terme d’imprimerie. Ponctuation qui se marque par deux points l’un au-dessus de l’autre.
entretènement (b). N. m. Action d’entretenir. « L’entretènement d’un feu, d’une maison. »
inorné, ée. Adj. Dépourvu d’ornements.
s’évaltonner. V. pr. Prendre un ton dégagé, s’émanciper.
espérable. Adj. Qu’on peut espérer.
équipondérant, e. Adj. Qui est de même poids.
extraordinaire. (Prononciation : extrordinèr.) La prononciation où l’a est nul est encore la plus usitée.
arrière-sens. N. m. Sens caché, intention secrète.
aristonyme. Adj. Se dit de celui qui aristocratise son nom. « Voltaire aristonyme » (c).
mental, e. Adj. Qui appartient au menton.
adens. Adv. (Prononciation : adan.) A plat ventre.
moderner. V. t. Terme d’architecture. Restaurer, pour de nouveaux usages et dans un goût moderne, un ancien édifice.
merdicole (d). Adj. Terme d’entomologie. Qui construit son nid avec des excréments de cheval et de mulet. « Fourmi merdicole. »
merdigère (d). Adj. Terme de zoologie. Se dit d’insectes dont les larves se couvrent de leurs propres excréments.
oppugnateur. N. m. Celui qui attaque, qui assiège.
mièvre. Adj. Qui a de la vivacité mêlée de quelque malice, surtout en parlant des enfants (e).
mercenarité. N. f. Qualité de celui qui est mercenaire.
quidam, quidane. N. m. et f. « Certaines quidanes lui auraient dit... » .
compacte. Adj. Le corps d’un insecte est dit compacte lorsque [...]. L’Académie écrit compacte avec un e tandis qu’elle écrit intact sans e.
verbouillet. N. m. Un des noms vulgaires du fragon.
tartiboulote. N. f. Nom vulgaire du salsifis des prés.
étrangé, ée. Part. pass. Eloigné d’un pays, d’un canton. « Gibier étrangé par le déboisement. »
s’étranger.
V. réfl. S’éloigner, s’écarter. « Le gibier s’est étrangé de cette plaine. »
libricide. Adj. Par plaisanterie. Qui tue les livres.
s’entr’éveiller. V. réfl. S’éveiller l’un l’autre.
s’anuiter. V. réfl. Être surpris en chemin par la nuit.
s’entre-quitter. V. réfl.
s’entr’oublier. V. réfl.
entr’ouïr. V. t. Entendre à demi.
écuménique. Adj.
blacbouler. V. t.
mercantille. Adj.
luctueux, se. Adj. Terme de médecine. La respiration est luctueuse lorsque l’air expiré produit le son qu’on appelle gémissement. Lat. luctuosus, de luctus, plainte.
louable. Adj. [...] Terme de médecine. Qui est de la qualité requise. « Du sang, du pus louable. Des déjections louables. » « La matière est-elle louable ? », Molière, le Médecin malgré lui, II, 6. Absolument. La matière louable, les excréments.
architectrice. Adj. f.
chauvir. V. i. Usité seulement dans cette locution : « chauvir de l’oreille, chauvir des oreilles », dresser les oreilles, en parlant des animaux qui ont les oreilles longues et pointues, tels que les ânes et les mulets.
quoailler. V. i. Etymologie : queue. Se dit d’un cheval qui remue continuellement la queue. « Ce cheval quoaille continuellement » (f).
s’entr’aider existe, mais entr’aide (et entraide) est absent (le Petit Robert date entraide de 1907).
escalabreux, se. Adj. Hardi, décisif. Ancien mot tombé en désuétude.

a. Voir l’anglais comma signifiant aussi virgule.
b. Comparer à l’anglais entertainment.
c. Je propose qu’on dise aussi : effectuer est un aristonyme de faire, ouvrage est un aristonyme de livre, etc. (Voir aussi mes notes 8 et 9.)
d. Ce qui surprend, c’est que ces mots ne sont pas signalés comme vulgaires : au contraire, ce sont des mots savants.
e. Loin du sens actuel.
f. Exemple un peu redondant.

==> Mots clés : lexicographie, lexicologie

 

• Note 5 du 22 juillet 2006. Vive les travails
Grammaire élémentaire, E. A. Lequien, p. 17, Paris, 1827 : « Travail se dit aussi du compte qu’un ministre rend à un roi, ou à un autre chef du gouvernement, des affaires de son département, et du rapport que les commis font au ministre, de celles qui leur ont été envoyées : dans ce sens, il fait au pluriel travails. “Cela s’est fait dans le travail d’hier. Ce commis a quatre travails par mois avec le ministre” (Académie) » (a).

a. Si, par exemple, à la question « quel est votre travail ? », je désire reprendre – par politesse, urbanité, savoir-vivre, humilité..., qualités que je n’ai peut-être pas – le mot travail de mon interlocuteur et que je sois occupé à plusieurs métiers ou à plusieurs petits boulots, ne serais-je pas fondé à dire « j’ai plusieurs travails : du lundi au mercredi, je suis professeur de swahili et les autres jours je suis vendeur de parapluies sur les marchés » ?
(Il y a là un vide linguistique, et je suis partisan du pluriel travails aux sens de emplois, métiers, boulots – en général on élude le problème en disant « j’ai plusieurs emplois », « je fais plusieurs métiers », « j’ai plusieurs boulots », « je fais plusieurs trucs », etc.)
Pour mémoire, travail, pl. travails, est aussi un « dispositif servant à immobiliser les chevaux, les bœufs, pour pratiquer sur eux certaines opérations » (le Petit Robert).

 

• Note 6 du 28 juillet 2006. Quelques mots remarquables trouvés dans le Nouveau Dictionnaire de la langue française de Noël et Chapsal, publié vers 1830 (a)
pocheter.
V. t. Porter quelque temps dans sa poche, en parlant de certaines choses qu’on croit rendre meilleures en les gardant ainsi. « Pocheter des truffes, pocheter des olives » (b).
s’anuiter. V. réfl. S’exposer à être surpris en chemin par la nuit (c).

a. Nous le lûmes il y a trente ans de la première page à la dernière.
b. Littré aussi connaît ce mot, mais la définition qu’il en donne est moins précise.
c. Littré : s’anuiter. V. réfl. Etre surpris en chemin par la nuit. (C’est probablement la définition de Littré qui est la bonne.)

 

• Note 7 du 1er août 2006. Les médias me rendent malade, 1
Pathologie des médias : à la fois la pathologie qui frappe les médias et celle qui est due aux médias.

 

• Note 8 du 1er août 2006. Les médias me rendent malade, 1 bis
–– Europe 1, c’est la bêtise fascinée par la violence
Réclame pour le film A History of Violence, de David Cronenberg, sur Europe 1 du lundi 31 juillet 2006 à 13 h 15. Sur un ton admiratif et gourmand proche de l’hystérie, la réclame déclare : « Comment il fait pour être si doué pour tuer son prochain ? [...] Le film choc de David Cronenberg en DVD avec Europe 1. » Un fond sonore idoine (cri de femme, voix inquiète de femme, bruits d’impacts, musique) met en valeur ce texte. C’est ici et c’est consternant d’immaturité, de puérilité incivile et malhonnête : une apologie du meurtre (a).

a. Média, aristonyme de poubelle.

J’ai tenté ci-dessous d’écrire le même texte selon la langue et l’esprit journalistiques (on remarquera qu’on n’y dit pas exactement les mêmes choses, c’est normal ; par exemple, on n’y dit pas qu’Europe 1 est bête ni qu’elle a édité ou coédité le DVD.)

–– Europe 1, la fascination de la violence
Lundi 31 juillet 2006, 13 h 15. Heure de grande écoute oblige, pub pour le film de David Cronenberg, A History of Violence : « Comment il fait pour être si doué pour tuer son prochain ? », se demande extatique l’acteur qui joue dans la pub. Et avec un background sonore anxiogène qui n’hésite pas à en remettre une deuxième couche : cris de femme, bruits de lutte... Du jamais-vu ! Esthétisation et valorisation publicitaires exagérées de la violence conduisent ici à un véritable « appel au meurtre » implicite qui à juste titre a choqué plus d’un auditeur, qui se sont rués sur le standard.

 

• Note 9 du 2 août 2006. Les médias me rendent malade, 2
–– Dans la foire des médias, les brailleurs d’infos
Une mode de langage : chaque jour depuis quelques années, la plupart des journalistes nous disent qu’Untel ou Unetelle expliquent, alors que personne n’explique rien, mais dit ou déclare.
Exemple, un ministre ou un épicier disent ou déclarent : « Il fait un temps superbe aujourd’hui ! » ; cela deviendra, presque inratablement, dans la bouche ou sous la plume du journaliste : « Le ministre [ou l’épicier] a expliqué qu’il faisait un temps superbe aujourd’hui. » Pieds-plats, jocrisses rancis... (a).

a. Expliquer, aristonyme de dire. C’est typique du galvaudage et de l’aristonymisation journalistiques (et du monde de la réclame, pour tout dire) des mots ; procédé malhonnête et de manipulation, molle certes, mais qui n’est pas inefficace.

 

• Note 10 du 2 août 2006. Les médias me rendent malade, 3
–– Néologisme à aiguiser et à lancer contre qui de droit
logothrauste. N. f. et m. Personne qui brise les mots (par exemple, le basique et majoritaire journaliste galvaudeur de mots, gâteur de mots, du genre pourrisseur satisfait et irresponsable qui sans vergogne vous prendra le ciseau à bois de l’ébéniste pour visser ou dévisser et le balanstiquera ébréché sur l’établi en disant : « Merci, l’artiste ; superbien, ton tournevis ; je te le reprendrai dès que j’en aurai besoin »), ou, à l’inverse, personne qui brise au moyen des mots, les utilisant comme une arme (par exemple, un pamphlétaire).
Sur le modèle de coccothrauste, dit gros-bec.
coccothrauste. N. m. (Du grec coccos, grain, et thrauô, je brise.) Oiseau qui brise les noyaux de cerises avec son bec. (Nouveau Dictionnaire de la langue française de Noël et Chapsal, vers 1830.)
Le formant thrauste est absent du Dictionnaire des structures du vocabulaire savant, d’Henri Cottez, éditions Robert, deuxième édition (pas surprenant : encore un de ces dictionnaires qui prétendent apporter du neuf, mais qui ne sont que des compilations paresseuses, fades et quasi inutiles de listes déjà existantes ; les auteurs s’entrecopient et c’est ainsi qu’équilibrisme, funambulisme et intrigant ont été oubliés par de nombreux dictionnaires, voir ma note 57).

 

• Note 11 du 2 août 2006. Les médias me rendent malade, 4
–– Trois Mois dans la caisse à bouillon, de Verdun Barrot, extrait
« Le journaliste, prêt à tout pour se redorer les miches, à défendre toute idée et son contraire pourvu qu’il ait un emploi, à se couper un bras pour garder son statut jaunissant et sa carte de journaliste et la fréquentation valorisante (on ne dit plus gratifiante, la mode est déjà éteinte) des grands imposteurs de ce monde (politiqueurs, artistes, chefs de quelque chose et de n’importe quoi, mais chefs, gens à fric, gens à pouvoir et même bandits), à vendre par lots ce qui lui reste de valeurs et de moralité et de morale et de mœurs et de peau cachée (le monokini, le string, le nombril à l’air... : c’est sympa ; la quéquette à l’air demain aussi ce sera sympa, la lapidation publique des adultères aussi, faut bien respecter un peu la culture des autres, bon sang ! puisque toutes les cultures se valent, comme l’a affirmé le 20 juin 2006 le Procuste tiers-mondistissime et européanophobe Jacques Chirac dans son discours d’inauguration de cette étronnade architecturale – qui n’a encore indisposé personne ; c’est surprenant, car la façade sur la rue de l’Université est monstrueuse (a) – qu’est le musée Branly  : « Il n’existe pas plus de hiérarchie entre les arts et les cultures qu’il n’existe de hiérarchie entre les peuples » – ainsi se valent-elles la culture aztèque qui pratiquait les sacrifices humains, la musulmane qui prône l’ablation d’une main du voleur et l’européenne qui a proscrit les peines corporelles et la peine de mort ; quelle contre-vérité ! quel affront !), à s’à-plat-ventrir, à se voyouser, à parler grossier pour plaire au peuple comme au bourgeois et, pire que tout, à encourager ses enfants et les enfants des autres à faire comme lui, à contaminer tous ceux qui le voient, le lisent, l’écoutent, le journaliste vit, ce qu’à Dieu puisse plaire, ses derniers jours de demi-bonheur ; chacun demain lui crachera à la hure (sans que cela gêne moindrement le journaliste, on crache bien à la figure des pompiers, qui mettent leur vie en jeu pour sauver des gens, on crache bien à la figure des ambulanciers, des postiers, des conducteurs de bus, gens sans aucun doute respectables et utiles à la société) pour toutes ses manips, manipulations, complicités, trahisons, lâchetés, demi-vérités, approximations, complaisances, facilités, tous ses mensonges, ses arrangements et surtout ses silences. Il criera : « Je suis un bouc émissaire ! Sottes gens, vous vous trompez d’ennemi ! » Seules les erreurs lui seront pardonnées qu’il a faites de bonne foi et sans que la paresse intellectuelle, le manque de conscience professionnelle, l’arrivisme y aient un rôle.
En attendant, politiqueurs et journalistes s’entre-manipulent, chacun pousse son Caddie dans la direction qu’il a choisie en essayant de faire croire que c’est par là la direction du bien public ; chacun tire la couverture à soi avec les mains, avec les ongles, avec les dents et avec le trou du cul s’il peut. »

a. Voir ici une photo illustrant un article du 1er septembre 2006.

/!\ Mise à jour, mars 2007. On trouvera ici un des rarissimes articles critiques sur ce musée (article dont je ne partage pas toutes les analyses, comme on dit), datant du 22 mars 2007.

 

• Note 12 du 5 août 2006. Les godiches qui disent bonsoir en plein après-midi
A 16 heures dans un magasin à Paris, vous entrez, on vous dit bonsoir. C’est la pratique depuis quelques années. Où ont-ils appris ça ? Dans un stage du conseil régional ?
Moi, je dis bonjour – quelle que soit l’heure.

 

• Note 13 du 6 août 2006. La burqa grise du ministère, 1
Pas plus que le musée Branly – œuvre récente des désarchitecteurs Jacques Chirac et Jean Nouvel –, dont parlait Verdun Barrot ci-dessus, le nouveau ministère de la Culture du 182, rue Saint-Honoré à Paris Ier (métro Palais-Royal), inauguré en février 2005, n’a frappé d’horreur les Parisiens à tête de chien. Pourtant ce bâtiment du début du XXe siècle dont la façade en pierre n’était pas sans charme ni sans attrait – surtout après son ravalement – a été moderné (comme dirait Littré) et défiguré par l’architecte Francis Soler, qui l’a fièrement, triomphalement emprisonné (« C’est sans doute sur cette idée de résille métallique que j’ai gagné le concours », aurait-il déclaré avec le sourire) dans un échafaudage permanent, une cage de métal gris, une burqa appelée très méliorativement « résille métallique » (a).
On peut en voir ici une photo (en haut à gauche de la page ; sur cette photo le grillage paraît bleu, en réalité il est gris [b]) et ici avec en prime au premier plan une sculpture d’un intérêt indiscutable représentant un être à tête de chat effrayé sur un lit à baldaquin couronné de stalactites. Un achat judicieux du ministère que vous apprécierez à sa juste valeur – en tout état de cause à moins de 366 000 euros (c) – ici. Désespérant, n’est-ce pas ?
On aurait pu avoir là un scandale à la Buren, mais le Parisien est probablement las de hurler dans un désert de mauvais goût, de fausse culture, de conformisme et de bêtise à la fois masochiste et malveillante.
Cucuteries, crétinisme, gamineries, le ministère de la Culture est un boîte de Petri, une maison de fous.

a. Sans parler de la façade sur la rue des Bons-Enfants : un blockhaus gris avec ses meurtrières ; probablement une nouvelle manifestation du masochisme national politiquement correct (« enlaidissons-nous car nous sommes laids »).
b. Certaines photos sont très trompeuses, pour saisir toute la laideur du bâtiment, il faut aller sur place rue Saint-Honoré.
c. Selon l’article cité plus haut, « l’art contemporain n’a pas été oublié [dans la décoration du ministère] : 366 000 euros ont été dégagés au titre du 1 % artistique ».
« N’a pas été oublié », « ont été dégagés », autant d’expressions mélioratives qu’emploient les hommes de pub pour dorer la pilule au sot que je suis.

/!\ Mise à jour
On trouvera ici un des rarissimes articles critiques sur ce musée (article dont je ne partage pas toutes les analyses, comme on dit), datant du 22 mars 2007. Suite dans ma note 81.
Photo du ministère en juin 2007 (façade sur la rue Saint-Honoré).

 

• Note 14 du 6 août 2006. La burqa grise du ministère, 2
Si j’en juge par l’architecture du bâtiment, les employés du ministère de la Culture sont des gens qui primo ont peur de l’extérieur et se cachent derrière des grilles, des grilles défensives gris muraille (sentiment confirmé par cet article, qui pourtant est un éloge appuyé et même insistant au désarchitecteur Francis Soler : « Aujourd’hui, les employés du ministère interrogés [...] apprécient la possibilité de pouvoir [a]  “observer la rue sans être vus”, selon le principe des moucharabiehs arabes [a] »), et derrière des meurtrières (rue des Bons-Enfants) et qui secundo et nonobstant prétendent être à l’écoute des citoyens et en phase avec les citoyens.

a. « La possibilité de pouvoir », c’est très très bon, je le ressortirai ; de même que « moucharabiehs arabes » (moucharabieh est issu d’un mot arabe et c’est typiquement un élément d’architecture arabe ou arabo-islamique : le mot arabes ne s’impose donc pas). Du pur style journalistique.
Ce même article au format PDF avec photos peut être trouvé ici, mais parfois le lien ne fonctionne pas. Attention, ne vous laissez pas séduire par certaines photos de ce PDF qui sont trompeuses : ainsi la « résille » pourra-t-elle vous apparaître comme une fine dentelle de métal bleuté, alors que dans la réalité ce n’est qu’un échafaudage gris qui semble attendre qu’on le démonte.

Mise à jour. « Permettre d’être capable », « être capable de pouvoir », « permettre de pouvoir être possible » et autres tournures hollandiennes du même genre : voir la leçon 117.

 

• Note 15 du 6 août 2006. La burqa grise du ministère, 3
A cent mètres du ministère de la Culture, dans le jardin du Palais-Royal, on pourra se lamenter devant les tubes colorés (archive : http://archive.is/Dqg8V) sans imagination d’un certain Gottfried Honegger en notant que « cette exposition a bénéficié du soutien du Centre national des arts plastiques et de la Hilti Art Foundation » (a).
« A profiter jusqu’au 28 août 2006 » ; « à ne pas manquer jusqu’au 28 août 2006 », comme disent les marchands de peignes.
Ici, sur le site du ministère de la Culture, des photos.

a. La Délégation aux arts plastiques, qui « assure la tutelle [...] du Centre national des arts plastiques, encourage la création contemporaine ainsi que sa diffusion [...].  Pour [...] poser [vos] questions relatives à la Délégation aux arts plastiques, [envoyez] un courriel à : sigolene.boyer@culture.gouv.fr ». N’hésitez pas à lui envoyer un petit courriel, sa vie de bureau doit être d’un ennui.

/!\ Mise à jour. Photo 1 et photo 2 du jardin en juin 2007 : exposition d’Anémones de pelouse (« cônes à vent animés ») de Shim Moon Seup (qui ressemblent bien plus à des préservatifs qu’à des anémones et qu’à des cônes). Presque pitoyable.

 

• Note 16 du 9 août 2006. Les médias me rendent malade, 5
–– Inutile leçon d’acribologie, 1
– France Inter, journal de 13 heures, lundi 7 août 2006
« Au Liban, la barre des 1 000 morts a été franchie. »
La barre..., comme s’il s’agissait d’un résultat sportif. D’un exploit.

– France 3, journal du 12-13, également le lundi 7 août 2006
Au Liban, « le cap des 1 000 tués vient d’être franchi ».
Cap est peut-être un peu moins incongru et un peu moins obscène que barre, mais il n’est pas le mot adéquat.
Probablement eût-il été trop facile de dire : « Au Liban, le nombre de tués a dépassé le millier. »
Outre que franchir un cap c’est dépasser un point critique (en quoi le nombre 1 000 est-il critique ? et pourquoi pas 300 ou 500 ?), que c’est franchir une étape importante, décisive (ici décisive de quoi ?) ou une étape fatidique ou redoutée (qui redoutait que soit dépassé le nombre de 1 000 tués précisément et qui avait encore le cœur léger et optimiste tant qu’il n’y en avait que 450 ou que 900 ?), je ferai le commentaire qui suit.
Un cap est une épreuve, un tchallènndje, comme disent les marchands de peignes d’Oxford. Si en général on ne souhaite pas avoir à affronter un cap – à moins d’être un aventurier ou un masochiste –, en revanche, quand on est obligé de le faire, on veut le franchir, le dépasser. Soit on bute contre le cap et on s’échoue par le fond, soit on le dépasse avec ou sans difficulté, avec ou sans séquelle, piteusement, vaillamment ou victorieusement.
Alors, question : 1 000 étant le nombre de tués pour les deux parties confondues, qui tient à franchir le cap des 1 000 morts ?

– France 2, journal de 13 heures, mercredi 9 août 2006
Près de Poitiers, un chevreuil sauvage charge les promeneurs. Le présentateur Olivier Galzi  : « Il a déjà commis deux agressions. »
(Vous pouvez même l’entendre ici.)
N. B. Ce n’est pas le mot agression qui choque, mais commis, qui introduit un élément moral.

 

• Note 17 du 10 août 2006. Les médias me rendent malade, 6
–– Inutile leçon d’acribologie, 2
Aux commentateurs à l’affût de nouvelles formules, je propose celle-ci : « Au Liban, on a franchi la ligne jaune des 1 000 morts ! »

 

• Note 18 du 10 août 2006. Les médias me rendent malade, 7
–– Manipulation de l’esprit et de la sensibilité : « la canicule a fait sa première victime » ; l’arrière-sens, 1
Durant le mois de juillet, vous avez certainement lu ou entendu dans les médias cette expression (peut-être même ne vous a-t-elle pas choqué, car chacun a sa sensibilité ; je l’ai parfois à fleur de peau) : « Hier [ou aujourd’hui], la canicule a fait sa première victime » ou « sa énième victime ».
« Elle a fait sa... » : on prête ainsi une intention à la canicule, on l’intentionnalise (je veux dire qu’on donne une intention, une volonté, un but, un projet, un programme même, à un phénomène météo, à un événement naturel, qui pourtant n’a ni cerveau ni intention et, de plus, on le dote d’une intention homicide, on le diabolise), on l’humanise (on lui donne une pensée humaine), on l’anthropomorphise.
Pour les gens qui ne sont pas encore convaincus qu’on tente – pour des raisons mercantiles – de gouverner nos réactions (et, qui plus est, dans une direction irrationnelle), j’essaierai de développer un peu plus mon analyse dans les notes à venir.

 

• Note 19 du 10 août 2006. Les médias me rendent malade, 8
–– Manipulation de l’esprit et de la sensibilité : « la canicule a fait sa première victime » ; l’arrière-sens, 2
La canicule, tapie dans l’ombre (peut-être même dans un endroit frais et climatisé), est notre ennemie. La canicule est comparée à un criminel : elle guette les gens fragiles ; son but, leur rendre la vie impossible ou les tuer.

On pourrait parler aussi :
– de la valeur (émotionnelle) du sa, qui renforce l’intentionnalité ;
– du mot première (qui implique une deuxième victime, une suite au prochain numéro ; la canicule est un serial killer) ;
– de l’intentionnalité qui renforce la dangerosité de l’ennemi (une intention suppose une réflexion).

 

• Note 20 du 11 août 2006. Les médias me rendent malade, 9
–– La prononciation idiosyncratique des marchands de peignes
France Inter, vendredi 11 août 2006, journal de 13 heures (a), vers 13 h 15, deux journalistes : l’un (Hervé Toutain) prononce [caravane sérail] le mot caravansérail, l’autre prononce [chaoss] le mot chaos... A 13 h 32, un troisième prononce [migouel] le prénom espagnol Miguel.
Je me pince : je ne connaissais encore que [géole], [eunologue], [ramasse], [chite], [seunne nite], [le parti bassiste], pour geôle, œnologue, Hamas, chiite, sunnite et le parti baasiste.

a. Les journaux de France Inter archivés sur le site http://www.radiofrance.fr/chaines/france-inter01/information/journaux/ ne sont pas la copie de ceux qu’on a pu entendre à la radio : certaines parties en sont absentes et, en l’occurrence, on ne retrouvera pas les trois exemples que je cite.

 

• Note 21 du 11 août 2006. Les médias me rendent malade, 10
–– Comment causait Azouz Begag (a), ministre de la République française laïque délégué à la Promotion de l’égalité des chances auprès du Premier ministre Dominique de Villepin, sur une chaîne publique (b)
Azouz Begag, hilare. – Putain ! c’est dur au début, parce que moi je sais pas parler ministre, je sais pas faire ministre ! [...]
Thierry Ardisson. – Pendant les dix mois qui vous restent, vous dites : « Je veux faire de la France »...
Azouz Begag, encore hilare, lui coupant la parole. – « Qui vous restent... ! », inch Allah !

a. Selon Wikipédia, qui ne doit pas se tromper de beaucoup, Azouz Begag, le monsieur hilare qui « ne [sait] pas parler ministre », le farfelu, le Géo Trouvetout du social, le loufoque même qui proposa en 2005 d’« injecter massivement pendant deux ans l’apprentissage du chinois [...] dans les quartiers pauvres, où il y a des collèges en difficulté », est docteur en économie et a publié plus de vingt livres. Selon le site du Premier ministre, Azouz Begag est également chevalier de l’Ordre national du mérite et chevalier de la Légion d’honneur.
b. Je cherche la référence perdue de l’émission. Si vous l’avez, écrivez-moi ; merci.

 

• Note 22 du 11 août 2006. Un mot sur les déclinologues
Pour rappeler que se gausser des déclinologues (très joli néologisme), comme le font depuis quelque temps certains politiqueurs en manque d’argument, c’est se gausser des thermomètres.

 

• Note 23 du 12 août 2006. Les médias me rendent malade, 11
–– Des crétins de choix
Nous continuons à traquer la phraséologie indécente du journaliste. J’entends ce samedi 12 août 2006 dans le 19-20 de France 3 cette phrase : « Les avions, une cible de choix pour les terroristes. » Cette phrase, on a pu la lire ou l’entendre dans tous les médias. A condition de ne pas perdre de vue que lesdits avions sont remplis de passagers, c’est-à-dire d’êtres humains, on admettra sans difficulté que la locution de choix est aussi déplacée ici que dans la phrase suivante, qu’on a pu également lire ou entendre dans tous les médias : « Les femmes seules, une cible de choix pour les violeurs. »
De choix
ayant quelque chose d’admiratif, de mélioratif et de gourmand, son emploi dans ce contexte est hardiment indécent.

 

• Note 24 du 12 août 2006. Les médias me rendent malade, 12
–– Les autoroutes de l’information : avis de recherche et perdu de vue, 1
La locution autoroutes de l’information, dont se sont gargarisés les journalistes – et presque uniquement eux ; on ne l’entendait presque jamais dans le grand public, qui a le sens du ridicule – pendant deux ou trois ans, qui a aidé des milliers de tireurs à la ligne à remplir leur copie, est désormais ubiquitairement absente des médias. C’est le divorce entre eux et elle : après avoir profité et abusé de ses charmes, d’un commun accord tacite ils ont mis la pauvre fille au rebut. Ils sont inénarrables.

 

• Note 25 du 12 août 2006. Les médias me rendent malade, 13
–– Gratifiant : avis de recherche et perdu de vue, 2
Et l’adjectif gratifiant ? plus aucune nouvelle de lui ! Ce n’est pas moi qui m’en plaindrai, il m’avait lassé dès le début ; mais les benêts qui l’utilisaient sont toujours là.

 

• Note 26 du 12 août 2006. Etymologie de caper
Exemple : « C’est le joueur le plus capé de l’équipe de France, du Portugal, de l’histoire du football,... »

to cap. Grande-Bretagne, sport. Sélectionner (quelqu’un) pour l’équipe nationale (footballer). To be capped for Wales, « être sélectionné pour l’équipe galloise » (Dictionnaire Hachette Oxford, édition électronique de 1997).

Andy, anglophone de naissance, me précise que les joueurs sélectionnés reçoivent une casquette (cap), ce qu’a oublié de faire le Dictionnaire Hachette Oxford.


• Note 27 du 13 août 2006. Les godiches qui disent poche au lieu de sac
Un magasin à Paris. La caissière me demande d’un air inspiré  : « Monsieur, voulez-vous une poche ? – Oui, madame ! Pour y mettre ma langue » (a).

a. Variante supérieure, mais cinglante, d’un esprit d’escalier : « Oui, madame, pour y mettre votre langue ! »

> A suivre

 

• Note 28 du 13 août 2006. Les médias me rendent malade, 14
–– Qu’ils sont bêtes, ces idiots
Après le « cambriolage qui a mal tourné » (a), entendu au moins une fois dans un média audio et lu une fois dans un titre du Monde il y a trois ou quatre ans, voici, dans le journal de France Inter du dimanche 13 août 2006 à 13 h 15, les « pilleurs de métaux peu scrupuleux » (b). (Ici.)

a. Le cambrioleur, surpris par le résidant, avait tué ce dernier.
b. L’expression « cambriolage qui a mal tourné » ne révulsant pas certaines personnes, pour enfoncer mon clou, je leur soumets cette caricature de caricature : un viol ayant « tourné » à l’homicide, comme le cambriolage en question, que penseraient-elles de la formule « Un viol qui a mal tourné » ? Ou de celle-ci : « Un innocent viol festif et convivial a dégénéré en meurtre » ? (Je vais trop loin.)

 

• Note 29 du 14 août 2006. Les médias me rendent malade, 14 bis
[Texte sans intérêt supprimé.]
Voir l’expression « sot à trente-six carats ». Voir aussi la fée Carabosse, dont le nom vient de sa très grosse bosse, de sa bosse « à trente-six carats ».

 

• Note 30 du 14 août 2006. Les médias me rendent malade, 15
–– « Avertit », « explique » et « faux pseudos » : on comprend beaucoup mieux désormais grâce à Régine Lamothe (journaliste de l’AFP) et à Sylvia Breger
Page du site : http://fr.news.yahoo.com/14082006/202/les-cyberpredateurs-avancent-masques-sur-la-toile.html
Copie d’écran : ici.
« Les blogs, vlogs, chats, forums de discussions et autres messageries instantanées ou postées de la Toile sont autant “d’espaces à risques pour des enfants ou adolescents non avertis”, avertit Sylvia Breger, criminologue spécialiste de la cyberpédophilie et porte-parole d’Action Innocence. [...] “Le cyberprédateur se cache derrière de faux pseudos [...]”, explique Mme Breger. »

 

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