Vous êtes à http://lesmediasmerendentmalade.fr/Courriels-a-l-elysee-et-autres-guitares-40.html#lecon961
Comment écrire au président de la République
et ne recevoir aucune réponse
– et autres guitares, 40
• Page d’accueil et sommaire • Page précédente • Page suivante
500/833 = 500e leçon sur un total de 833 leçons et notes
• 1er septembre 2019
Leçon 961/1294. – Prononciation, ponctuation, orthographe de la Marseillaise : pour bien commencer septembre, 1/3
Dans les leçons 222 et 223 nous avons parlé de la prononciation, impropre et contraire à la tradition, de « sang impur » sans liaison dans la Marseillaise. Voici maintenant une chose que, très curieusement, personne ne semble avoir remarquée : « Allons, enfants de la patrie » (variante acceptable du site de l’Assemblée nationale : « Allons ! enfants de la patrie ») ne devrait pas se prononcer, se chanter Allons Zenfants de la patrie, à cause de la virgule (ponctuation qui peut être remplacée par un point d’exclamation, qui a les mêmes conséquences que la virgule sur la prononciation), qui interdit toute liaison, mais Allons, enfants de la patrie sans liaison aucune.
Pour le dire autrement, « Allons, enfants » devrait être prononcé [alon enfan], « sang impur » [san kinpur] et une ponctuation (virgule ou point d’exclamation) est indispensable après « Allons » : détails dans les leçons 222 et 223.
À propos de liaison intempestive après une virgule, voir aussi la leçon 944. Les journacloches sont des habitués des pataquès, ou cuirs.
On trouvera d’autres réflexions (orthographe, ponctuation) sur la Marseillaise dans la leçon 391 ; dans la leçon 222, les variantes populaires, dont celle-ci : faut-il chanter « L’étendard san-an-glant est levé » ou « l’étenda-ard sanglant est levé » ? cette question pourrait être tranchée par une personne sachant lire une partition. Si un lecteur...
Mise à jour, février 2020. Depuis des années, Elysee.fr écrit fautivement ainsi : « Allons enfants » ; voir la note intitulée « Cinquième courriel » et sa mise à jour de février 2020.
Mise à jour, 16 mars 2023. Surprise : la Nupes chante la Marseillaise à l’Assemblée nationale (« sang impur » sans liaison et « Allons, enfants » avec une liaison fautive).
Mots clés : pataquès, psilose, cuir, velours
• 1er septembre 2019
Leçon 962. – Prononciation, ponctuation, orthographe de la Marseillaise : pour bien commencer septembre, 2/3
Une licence poétique ? nous suggère-t-on.
Ce qui est certain à 99 %, c’est qu’il n’y a pas de licence pour la liaison Zenfants de la Marseillaise.
On pensera à ces deux exemples :
— Mangez, enfants et bêtes !
— Mangez enfants et bêtes !
Dans le premier exemple, une seule liaison possible ; dans le second deux (la première liaison dans le second exemple est recommandée, voire obligatoire).
N. B.
Y a-t-il, ailleurs que dans les chansons populaires, plaisantes, de divertissement, une licence poétique pour les Zharicots ?
Mots clés : pataquès, psilose, cuir, velours
• 1er septembre 2019
Leçon 963. – Prononciation, ponctuation, orthographe de la Marseillaise : pour bien commencer septembre, 3/3
Peut-être ici une infime nuance de sens...
• Pas de virgule, et on fera la liaison entre le premier et le deuxième mot :
Allons ardents, confiants et joyeux vers...
Sens : ardents, confiants et joyeux, c’est ainsi qu’il faut que nous soyons ; c’est une recommandation, un encouragement à être ainsi ou une injonction.
• Une virgule, et on ne fera pas la liaison :
Allons, ardents, confiants et joyeux, vers...
Sens : ardents, confiants et joyeux, c’est ainsi que nous sommes ou que nous sommes supposés être.
Mots clés : pataquès, psilose, cuir, velours
• 3 septembre 2019
Leçon 964. – Si tu ne peux abreuver le lecteur de ton poison, instille-le-lui
Sans raison, deux victimes d’une agression sont qualifiées d’« acolytes », terme plaisant ou péjoratif...
Plusieurs camions de pompiers ont été envoyés sur place pour transporter les deux acolytes âgés de 20 et 21 ans à l’hôpital. Les agresseurs ont pris la fuite. Une enquête a été ouverte pour tenter de les retrouver*.
... terme inadéquat qui diminue la responsabilité, la cruauté des agresseurs et minimise l’extrême gravité des faits.
Merci à tous les journasots qui tentent ainsi de préserver l’illusion d’un vivre-ensemble heureux et apaisé, tâche difficile dans un monde où aucun lecteur n’est dupe : c’est pourquoi il est bon de procéder par toutes petites touches presque invisibles, presque indécelables comme acolytes. Si tu ne peux abreuver ton lecteur de poison, instille-le-lui.
• Dictionnaire de l’Académie française, 9e édition :
acolyte
[...]
2. Par extension et souvent péj. Compagnon, complice, subalterne qu’une personne traîne toujours à sa suite. Où qu’il aille, on le voit toujours escorté de ses deux acolytes.
———
* https://www.lyonmag.com/article/103001/agression-rue-de-la-republique-a-lyon-il-saute-a-pied-joints-sur-la-tete-de-sa-victime (archive : http://archive.is/Dztpc)
• 4 septembre 2019
Leçon 965. – Le foutoir de l’Education nationale
Morgane Merteuil sur Twitter* :
une copine a sa journée d’accueil à l’INSPE (les nouveaux IUFM/ESPE = là où on forme les profs) de Paris 4 ce matin. Au programme, les différences de capacités cognitives/empathiques entre "caucasiens" et "africains".
Le texte de la photo :
Comment le groupe d’appartenance influe t’il sur notre capacité à prendre la perspective d’autrui au cours du développement ?
— Orthographe : « influe t’il » au lieu de « influe-t-il ».
— « Groupe d’appartenance » : ici synonyme de « race » (Caucasiens/Africains)... Conclusion : les races existent, mais ne s’appellent pas races.
— « Au cours du développement » : au cours du développement de quoi ? au cours de notre développement ?
IUFM : Institut universitaire de formation des maîtres.
ESPE : Ecole supérieure du professorat et de l’éducation.
Mise à jour. Article du 10 septembre 2019 sur le sujet : https://www.franceculture.fr/sciences/des-caucasiens-et-des-africains-a-lecole-du-racisme-dans-les-neurosciences par l’empressée Chloé Leprince, fameuse depuis l’affaire de « l’ophtalmo raciste » d’Aix-en-Provence.
Mise à jour. Leçon 943, « L’inénarrable rubrique : alcoolémie ».
———
* https://twitter.com/MorganeMerteuil/status/1169188756567535623 (archive : http://archive.is/v6rGw)
• 5 septembre 2019
Leçon 966. – « Mais comment écrit-on Mont-Saint-Michel ? », 1/n
Hier un écrivain que nous désirons ne pas nommer se demandait sur la Toile : « Mais comment écrit-on Mont-Saint-Michel ? Je m’aperçois que je ne l’ai jamais su. Le cartouche dit Mont-saint-Michel, ce qui n’est certainement pas correct. »
Bonne question, mais premier réflexe simple : consulter un dictionnaire...
À suivre
• 5 septembre 2019
Leçon 967. – L’antiphrase politique selon Laélia Véron, 1/3
https://www.youtube.com/watch?v=fCcT-V9HYmo
Se non è Véron...
(Nous ne connaissons pas bien le sujet dont elle parle, mais nous ne sommes pas surpris par ce que Mme Véron nous dit, qui est raccord avec tout ce que nous pensons ou disons depuis vingt ans : entourloupe et bonneteau verbal chez les politicards.)
Twitter : https://twitter.com/Laelia_Ve.
Suite dans les leçons 981 et 982 ci-dessous.
• 6 septembre 2019
Leçon 968. – Des enquêtes diligentées ?
Lexique
Dictionnaire de l’Académie française :
DILIGENTER, verbe transitif
Hâter, presser l’exécution de quelque chose. Diligenter une affaire*.
Pourquoi dans la bouche des avocats et sous la plume des journasots, les instructions, les enquêtes, les expertises, les informations judiciaires et cetera sont-elles toujours diligentées, mais jamais ordonnées, lancées, entreprises... ? C’est plus joli, ça fait plus sérieux ? On imagine les juges disant « Dépêchez-vous d’enquêter sur... » et les destinataires répondant « Oui, je m’y mets tout de suite ! » ? Le terme diligenter n’est-il pas dans la plupart des cas trop précis ?
Grammaire
Emprunté du latin médiéval, et cetera (ainsi que etc.) signifie « et les autres choses », « et le reste », « et ce qui reste » ; « cetera » est un neutre pluriel et non un féminin pluriel. En français quel est le genre de la locution et cetera et de etc. : masculin, féminin ou neutre ?
On écrira sans problème...
Le bois, le fer et cetera sont-ils... ? Le bois, la brique et cetera sont-ils... ? Le bois, le fer etc. sont-ils... ? Le bois, la brique etc. sont-ils... ?
... et après réflexion il nous semblera logique d’écrire...
La pomme, la poire et cetera sont-ils... ?
... contrairement à ce que nous avons fait naturellement ci-dessus :
Pourquoi [...] les instructions, les enquêtes, les expertises, les informations judiciaires et cetera sont-elles toujours diligentées ?
On pourrait éviter l’accord avec et cetera et avec etc. en les mettant entre deux virgules, entre deux tirets ou entre deux parenthèses...
La pomme, la poire, et cetera, sont-elles... ? La pomme, la poire — et cetera — sont-elles... ?
... mais ce n’est pas logique : pourquoi mettrait-on à part, en retrait une information qui est si importante dans le propos (imprécise certainement, mais importante) ?
• Pour le problème de la ponctuation de etc., voir les leçons 872 et 876.
Janvier 2020, mise à jour importante et rectification à venir sur le sens de diligenter.
Premier élément, PLI de 2011 :
———
* https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9D2520
• 6 septembre 2019
Leçon 969. – LCI : ce qui reste à confirmer
"La femme blessée à l’arme blanche a indiqué aux enquêteurs que l’intéressé aurait préféré ’Allah Akbar’ ce qui reste à confirmer dans le cadre par ailleurs de propos qui restent confus", a indiqué le magistrat au cours d’un bref point presse sur place.
• 6 septembre 2019
Leçon 970. – « Mais comment écrit-on Mont-Saint-Michel ? », 2/n
• Selon le Petit Larousse illustré de 2011, comme selon le Dictionnaire national des communes de France de 1984 (Berger-Levrault), le nom du lieu, qui est une commune, est Le Mont-Saint-Michel, raison pour laquelle on ne dira pas « la commune de Mont-Saint-Michel », mais « la commune du Mont-Saint-Michel » et « la baie du Mont-Saint-Michel », « l’îlot du Mont-Saint-Michel ». La question exacte est donc plutôt : « Comment écrit-on le mont saint michel ? » comme on dirait « Comment écrit-on la défense et la villette ? » (qui s’écrivent la Défense et la Villette, sans majuscules aux articles parce que ces lieux ne sont pas des communes, mais des quartiers, des lieux-dits).
• « Le cartouche dit Mont-saint-Michel, ce qui n’est certainement pas correct. »
Doublement incorrect, le cartouche devrait dire Le Mont-Saint-Michel, car on ne dit pas Havre pour Le Havre.
À suivre, car moins simple qu’il n’y paraît.
Autonote_Le_Mont-Saint-Michel.
• 12 septembre 2019
Leçon 971. – Quasi-éradication du verbe causer au sens de « parler »
On a tellement vilipendé il y a quelques années le verbe causer au sens de « parler », de « s’entretenir familièrement avec quelqu’un » qu’on ne lit plus ce verbe et qu’on ne l’entend plus nulle part et qu’il semble qu’on n’ose plus l’utiliser de peur de faire une faute.
N’est-ce pas Coluche qui, singeant le parler populaire, disait dans une de ses pièces d’humour « Tais-toi, je cause au monsieur ! » ou quelque chose d’approchant ?
Un enfant fâché : « Je ne te cause plus ! »
Quel était donc le problème ? probable que les gens l’aient oublié : ils se souviennent de l’interdiction, mais ils ont oublié la cause.
Rappel de ce qu’en disait Littré :
Peut-on dire : il m’a longtemps causé de ses affaires ; allez lui causer de cette nouvelle ?
C’est une façon de parler qui est très en usage. Mais observez qu’on ne pourrait pas dire, en mettant un substantif au lieu du pronom : j’ai causé de l’affaire à mon avocat ; il faut avec mon avocat.
Cela rend très suspect l’emploi du pronom, et il sera mieux de dire : il a longtemps causé avec moi de ses affaires ; allez causer avec lui de cette nouvelle.
On ne cause pas à quelqu’un ; on cause avec quelqu’un.
Pourtant cette manière de parler se trouve dans J. J. Rousseau, qui n’est pas toujours très pur, et sans doute dans d’autres. “La première fois que je la vis elle était à la veille de son mariage ; elle me causa longtemps avec cette familiarité charmante qui lui est naturelle”, Rousseau, Confess. VII.
Entend-on encore des gens dire « De quoi avez-vous causé ? », « De quoi causions-nous déjà ? » ou « Causons d’autre chose ! », « Avec qui causais-tu ? » et cetera, toutes formulations irréprochables ?
• 12 septembre 2019
Leçon 972. – Citation fausse ou racolage chez Fdesouche.com
Titre de Fdesouche.com :
Rokhaya Diallo : « Les société [sic] les plus métissées sont les plus esclavagistes. Le mélange n’est pas une recette vers le mieux »*.
En réalité, l’intello de plateau Rokhaya Diallo dit précisément ceci :
Les sociétés les plus métissées, c’est les sociétés esclavagistes, quoi. Donc ça montre bien que c’est pas du tout... le mélange, c’est pas forcément une recette vers le mieux**.
(Une citation tout à fait exacte et peut-être trop pointilleuse serait ainsi rédigée : « Les sociétés les plus métissées, c’est les sociétés esclavagistes, quoi. Donc ça montre bien que c’est pas du tout euh... le mélange, c’est pas forcément une recette vers euh... vers le mieux. » Les hésitations parfois sont signifiantes, et il peut être bon de les rapporter, voyez par exemple celles de Macron dans la leçon 954.)
La première phrase est loin d’être exacte (entre autres parce que Fdesouche.com ajoute un « plus ») et la seconde est encore plus loin du mot à mot et encore plus éloignée du sens originel.
Nous avons déjà parlé du dilettantisme de Fdesouche.com dans la note de la leçon 238, il est quasi permanent et souvent inaperçu des commentateurs (ou bien il est poliment tu par certains).
La citation est extraite d’une émission à épisodes diffusée sur YouTube et intitulée « Kiffe ta race » (sic).
Plus les bien-pensants nient les races, plus les races mettent le pied dans la porte et insistent pour se faire reconnaître. Les années qui viennent seront, sans le moindre doute, un enfer racial et ethnique qui conduira à un effondrement de la France et d’une grande partie du reste de l’Europe. Flaques de sang aujourd’hui, « flots de sang » demain selon l’expression d’Enoch Powell.
Avance, consomme et tais-toi, toi qui ne connais pas encore la honte de léguer cet enfer à tes enfants.
On notera que Fdesouche.com se dit « revue de presse » (voir l’image ci-dessus), mais le titre accrocheur avec sa citation inexacte est bien de Fdesouche.com, et pas d’un autre média.
————
* http://www.fdesouche.com/1257527-rokhaya-diallo-les-societe-les-plus-metissees-sont-les-plus-esclavagistes-le-melange-nest-pas-une-recette-vers-le-mieux (archive: http://archive.fo/7EJml)
** Vidéo : https://twitter.com/FrDesouche/status/1170704974097072128/video/1 (autonote : Pierre Sautarel - Rokhaya Diallo Les société les plus métissées sont les plus esclavagistes. Le mél.mp4). Voir aussi https://twitter.com/FrDesouche/status/1170704974097072128 (http://archive.is/OFouN).
• 15 septembre 2019
Leçon 973. – Eléments de langage : sidaïque interdit
Pierre Merle, Lexique du français tabou, 1993, Seuil
Merci à F.
• 15 septembre 2019
Leçon 974. – Eléments de langage : le « quartier des VIP » devenu l’« étage des vulnérables »
Leparisien.fr à propos de l’emprisonnement de Patrick Balkany :
Dès son arrivée et le passage obligatoire au greffe et à la fouille, il a été conduit à « l’étage des vulnérables ». Il y a quelques années, c’était le « quartier des VIP », mais l’expression était sans doute moins politiquement correcte. Les « vulnérables » en détention, ce sont surtout des policiers, gendarmes ou militaires, mais aussi des personnes médiatiques dont la sécurité pourrait être remise en cause au sein d’un régime classique de détention.
Ici on a donc remplacé un terme très mélioratif, « VIP », par un terme péjoratif, « vulnérable ». « VIP » suscitait l’envie, « vulnérable » suscite la compassion et, tandis que le VIP est un privilégié, le vulnérable est un désavantagé.
Et « quartier » devient « étage », autre exercice de modestie, « étage » suggérant une surface plus petite que « quartier ».
http://www.leparisien.fr/faits-divers/patrick-balkany-en-prison-seul-dans-une-cellule-de-9m-a-l-etage-des-vulnerables-15-09-2019-8152305.php (archive : https://web.archive.org/web/20190915121248/http://www.leparisien.fr/faits-divers/patrick-balkany-en-prison-seul-dans-une-cellule-de-9m-a-l-etage-des-vulnerables-15-09-2019-8152305.php)
Image d’une chambrette de prisonnier désavantagé : http://www.leparisien.fr/resizer/y98BTlJ0X30N5WZYWM1w_2co3Qo=/932x582/arc-anglerfish-eu-central-1-prod-leparisien.s3.amazonaws.com/public/AQYDF5VUFA3A4LQ4O6YDYZO4TI.jpg (archive : https://web.archive.org/web/20190915121604/http://www.leparisien.fr/resizer/y98BTlJ0X30N5WZYWM1w_2co3Qo=/932x582/arc-anglerfish-eu-central-1-prod-leparisien.s3.amazonaws.com/public/AQYDF5VUFA3A4LQ4O6YDYZO4TI.jpg)
• 21 septembre 2019
Leçon 975. – Eléments de langage : les formules frappantes des gilets-jaunes
Troisième Marche des mutilés pour l’exemple le 22 septembre 2019 à Bordeaux :
Deux trouvailles d’expression, « Marche des mutilés pour l’exemple » et « La police nous prothèse » — surtout la première.
• 22 septembre 2019
Leçon 976. – Eléments de langage : beaux exemples de slogans ratés
Pancartes de la manifestation du 21 septembre à Paris contre l’inaction des gouvernants face au dérèglement climatique : « Je suis climat », ce qui ne veut rien dire, et « I [love] climat », formule creuse, mélange d’anglais et de français (« climat »).
Apparemment des gens fort peu motivés et cherchant à parfaire leur bronzage (un grand nombre d’entre eux n’ont pas oublié leurs lunettes de soleil) à l’occasion d’une manif très bien-pensante. Ça sent un peu la paresse intellectuelle, le suivisme et l’acte gratifiant.
http://madame.lefigaro.fr/societe/lyceennes-militantes-employees-dans-la-mode-elles-ont-decide-de-sengager-face-a-lurgence-climatique-marche-climat-210919-167109 (archive : http://archive.is/vadNA).
• 22 septembre 2019
Leçon 977. – À quoi servent les étiquettes ?
Pierre de Lauzun* :
À notre époque où on adore mettre des étiquettes sur les gens pour ne pas les écouter.
Bien vu. Mettre une étiquette sur quelqu’un, c’est comme dire : on sait ce qu’il pense, on sait ce qu’il va dire, donc ne perdons pas de temps à l’écouter.
• 23 septembre 2019
Leçon 978. – Macron toujours incapable de s’exprimer, 1/2
L’écologiste Macron soucieux du climat déclare :
Défiler tous les vendredis pour dire que la planète brûle, c’est sympathique, mais ce n’est pas le problème.
Contresens. Il veut dire : « mais ce n’est pas la solution ».
Outrecuidant, petit-garçon, désinhibé, ne se contrôlant pas, il ajoute en trépignant :
Qu’ils aillent manifester en Pologne ! Qu’on vienne m’aider à faire bouger ceux que je n’arrive pas à faire évoluer !
https://www.lepoint.fr/societe/climat-macron-invite-les-jeunes-a-manifester-en-pologne-23-09-2019-2337157_23.php (archive : http://archive.is/PinBL)
• 23 septembre 2019
Leçon 979. – Macron toujours incapable de s’exprimer, 2/2
L’écologiste Macron continue :
Ils [les manifestants climatiques] ont dit : « On a le droit de ne pas avoir les moyens de changer de voiture et être sensible au climat. » C’est au pays de s’adapter, et on doit donner les moyens aux gens de faire cette transition. Ça, c’est notre boulot.
Non, Monsieur, ce n’est pas votre boulot, c’est votre travail : la familiarité ne vous rapprochera pas de la France d’en bas, que vous méprisez assidûment et que vous croyez plus bête qu’elle n’est ; enfin la familiarité n’est pas un indice de franchise ni de sincérité, elle est juste une ficelle usée de politicard*.
Ajoutons que boulot a un côté viril que n’a pas travail ; le Macron qui dit boulot se rengorge, bombe le torse.
https://www.lepoint.fr/societe/climat-macron-invite-les-jeunes-a-manifester-en-pologne-23-09-2019-2337157_23.php (archive : http://archive.is/PinBL)
————
* Leçon 715 : « Si un langage est relâché on aura tendance à supposer que les mots viennent du cœur, qu’ils sont sans filtre [...], spontanés, véridiques, fiables. » Macron est plus que tout autre président de la Ve République un mielleux et un faux spontané, c’est un ogre ; c’est précisément le Loup habillé en Mère-Grand.
• 23 septembre 2019
► Interclasse*. – La politique, c’est du judo
Tire la chevillette climat, et la bobinette taxe cherra.
Tire la chevillette sécurité, et la bobinette loi scélérate cherra.
Elles cherront sur les innocents, et pas sur les coupables.
C’est de la politique, c’est donc du judo : viens vers moi, je t’aiderai à tomber.
* Les interclasses ne traitent pas de la langue, ils ne sont pas des leçons, ils sont hors sujet et ne sont pas numérotés.
• 26 septembre 2019
Leçon 980. – Les gilets-jaunes et l’orthographe
Voilà le niveau de compétence orthographique et syntaxique que la France donne à ses élèves. L’exemple ci-dessus n’est pas du tout un cas isolé, les gilets-jaunes dont on lit les articles et les commentaires, sur Facebook essentiellement, ont un niveau d’orthographe catastrophique.
Responsables depuis des décennies, des gouvernements plus aptes à distribuer de faux diplômes, censés néanmoins être gratifiants, qu’à procurer aux élèves les outils de leur autonomie et de leur dignité. Voici le texte incriminé en entier (quatre écrans) :
France Parole au Peuple
— Consterné par ce que les grandes chaînent d’infos cache aux Français
— la réalité découverte grasse aux médias indépendants
— je suis choqué et ne comprends pas comment le gouvernement "Macron" peut’il continuer à exercer le pouvoir ?
— ni même comment les forces de l’ordre puissent continuer la répression en vers le peuple de France* ?
Inutile de signaler en gras les erreurs, elles sautent aux yeux comme il saute aux yeux que c’est à ces gouvernements de fumistes d’avoir honte, pas aux gilets-jaunes.
Dictionnaire de l’Académie :
fumiste
[...] Se dit surtout d’une personne qui manque de sérieux, qui ne s’acquitte pas de sa tâche avec conscience et exactitude.
https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9F1872
Fumiste est un mot peu usité, 99 % des locuteurs lui préfèrent enfumeur, dont l’étymologie est identique ; fumiste cependant est plus cinglant.
————
* Vidéo : https://www.facebook.com/712294545515806/videos/2494456604168132/
• 26 septembre 2019
Leçon 981. – L’antiphrase politique selon Laélia Véron, 2/3
Suite de la leçon 967 ci-dessus.
Le premier podcast mensuel de la « chercheuse » (ainsi se définit-elle) Laélia Véron est ici : https://www.binge.audio/les-autres-ces-mauvaises-langues/.
Extrait du texte de présentation du podcast, intitulé « Les autres, ces mauvaises langues » :
Le français est en péril, à ce qu’il paraît. [...] Cette impression de voir sa langue se dégrader voire disparaître n’est ni propre à la France, ni propre à notre temps. Elle est partagée par de nombreux pays, depuis de nombreux siècles. Cette peur irrationnelle en cache souvent d’autres : celle des autres, de ce qui est étranger, de ce qui paraît menaçant pour soi, sa culture, son pays.
Deux invités, dont Rachid Zerrouki, « enseignant en détention à Marseille » (sic ; il enseigne à des détenus ?) ; il est entre autres l’auteur d’un article intitulé « La langue arabe est l’une des plus belles de France » (ici).
L’autre invité, Florent Moncomble, maître de conférences en linguistique anglaise à l’université d’Artois, rejette l’expression « grand remplacement » utilisée dans une tribune du Monde* de février pour parler du remplacement du français par l’anglais ; il la rejette avec dégoût pour la raison que le « terme de “grand remplacement” » est « directement pris aux thèses racistes de l’écrivain Renaud Camus » (à 5 min 4 s) : « c’est parfaitement abject », ajoute-t-il.
Notre avis : la série de podcasts qui s’annonce risque fort de sentir le politiquement correct (le Français, ce xénophobe, ce peureux, cet être irrationnel nourri de fantasmes...) ; de plus, elle est réalisée « en partenariat avec la Délégation générale à la langue française et aux langues de France ». Pour notre part et par expérience, nous remplaçons immédiatement les termes « en partenariat avec » par les termes « sous la surveillance de ». Loin de lui donner de la crédibilité, ce « partenariat » avec un organisme officiel affaiblit l’auteur : fini la liberté avec laquelle Mme Véron s’exprimait dans une vidéo précédente où elle critiquait très vertement le Premier ministre Edouard Philippe, il lui faudra désormais être macroniste pour survivre.
———
* Voir ce compte rendu de l’article du Monde à https://franorfon.org/articles/10.16993/rnef.22/ :
Le 26 janvier 2019, près de 120 auteurs ont signé une tribune dans le quotidien français Le Monde pour exprimer leur indignation à l’approche du salon Livre Paris. Ils reprochent aux organisateurs de la manifestation d’avoir utilisé des termes anglais pour désigner des secteurs de l’édition et des lieux spécifiques de la foire (littérature young adult ou bookroom, par exemple). À les en croire, il s’agirait d’une forme inadmissible de « délinquance culturelle » : une résignation face à l’hégémonie croissante de l’anglais ; un assujettissement à la langue du commerce mondialisé ; une faute de goût.
(L’article du Monde date bien de janvier, et non de février ; voir ici.)
Voir aussi https://www.entrecongolais.com/le-salon-livre-paris-delinquant-culturel-selon-un-collectif-decrivains.
Autonote L. Veron.mp3.
• 27 septembre 2019
Leçon 982. – L’antiphrase politique selon Laélia Véron, 3/3
Reprenons...
Cette peur irrationnelle...
Parmi les peurs irrationnelles de voir sa langue disparaître, imaginons la peur d’un Gaulois devant l’effacement du gaulois au profit d’un latin déformé* ou celle tout aussi irrationnelle des Amérindiens craignant que leurs langues ne disparaissent au profit de l’espagnol, de l’anglais, du portugais ou du français.
————
* Il ne subsiste aujourd’hui en français qu’une cinquantaine de noms communs issus du gaulois attestés.
• 29 septembre 2019
Leçon 983. – Pour faire comme le prof : une analyse stylistique en demi-charabia universitaire
Extrait de Regard stylistique et comparatif des pratiques diglossiques dans Féerie pour une autre fois de Louis-Ferdinand Céline et le Lieutenant de Kouta de Massa Makan Diabaté : deux romans d’expression française, de Daouda Coulibaly, https://franorfon.org/articles/10.16993/rnef.19/ (archive : http://archive.is/uGOo3).
Un extrait de Féerie pour une autre fois, puis l’analyse de Daouda Coulibaly (les astérisques sont de nous)
On m’imprime en « Chiott » ! en « Lafuma » ! en « Japon-riz » ! L’abondance m’afflue ! ma fierté revient, l’amour-propre… un ministre arrive à ma porte je lui botte la lune pftac ! (Céline 1952 : 50.)
Les termes « Chiott », « Lafuma », « Japon-riz » et « pftac » insufflent une connotation sociolectale* au discours. L’instabilité** et l’usure*** effrénée des sociolectes dans le roman est symptomatique du langage des sujets marginaux. En usant de cette technique, le romancier français se dérobe des exigences**** de la langue officielle pour créer une identité valorisante***** par la transgression de la norme lexicale.
Nos commentaires
* sociolectale : sociolectale et idiolectale (et correction consécutive de « sociolectes dans le roman »).
Chiott : idiolectal, personnel (papier toilettes, papier chiottes, mauvais papier ou plus probablement papier Chine, papier de qualité supérieure).
Lafuma : sociolectal, professionnel (nom d’un fabricant de papier de qualité supérieure).
Japon-riz : plutôt sociolectal, professionnel (papier de riz japonais ou papier Japon, papier de qualité supérieure).
pftac : idiolectal, personnel.
** L’instabilité : ?
*** usure : usage.
**** se dérobe des exigences : se dérobe aux exigences.
***** valorisante : singulière.
Etc.
On notera le remplissage, l’explication ou la redite mal placée en fin de phrase, c’est-à-dire trop tard : « le romancier français se dérobe des exigences de la langue officielle » a la même signification que « transgression de la norme lexicale ». Mieux : « En usant de cette technique, le romancier français se dérobe aux exigences de la langue officielle, il transgresse la norme lexicale pour se créer une identité singulière. »
À signaler des erreurs de citation :
— Il menaçait ceux qui avaient une conduite inconvenante, imposait les sacrifices changeraient [imposait des sacrifices, changeait (?) ou imposait des sacrifices qui changeraient (?)] le cours des nuages, et criait en hurlement[s] terrifiants sa propre puissance. (Diabaté 1983 : 82.)
— Il a peut-être un browing [browning], le môme là, le sournois ? (Céline 1952 :17.)
Pour Daouda Coulibaly, browing est un terme idiolectal...
On remarquera que les choses commencent mal dès le titre : que signifie « Regard stylistique [...] des pratiques diglossiques » ? « Des » va avec « comparatif », mais pas avec « regard » (« Regard des... »). Quelque chose comme Regard comparatif sur les pratiques stylistiques diglossiques dans... eût convenu.
Là où Daouda Coulibaly a plutôt réussi, c’est dans l’imitation de ses maîtres en charabia, mais il eût pu faire mieux, c’est-à-dire pire.
Mots clés : style universitaire, style savant
• Page d’accueil et sommaire • Page précédente • Page suivante *
Dossiers
• Le style c’est l’homme, analyse de l’expression macronienne ici
• Lesdites « Rectifications de l’orthographe » de 1990, analyse d’un cafouillage ici
• Le style déplorable des historiens ici
• Le piège de la locution « sauf à » ici
⁂
LMMRM — Je dédie ce site à Mamette et à mes amis Mondo Huygelen, Jack Bonamy et Tadeusz Matynia