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Comment écrire au président de la République
et ne recevoir aucune réponse
– et autres guitares, 25
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500/833 = 500e leçon sur un total de 833 leçons et notes
• 20 mai 2018
Leçon 493/826. – Ce que signifie « il est faux de dire que », 3
Décidément la locution « il est faux de dire que » résiste, et nous ne parvenons pas à démêler l’écheveau des pour et des contre dans cette affaire. Il ne nous plaît pas de nous en tenir à un sentiment, il nous faut expliquer. Nous ne renonçons pas.
• 24 mai 2018
Leçon 494/827. – « PARIS EST FIÈR·E » : la Mairie se prend une nouvelle fois les pieds dans l’inclusif, 1
Une fois de plus, la Mairie de Paris (voir entre autres la leçon 343 : « Dans la peau d’une-e Conseiller-e de Paris ») se prend les pieds dans l’inclusif :
Merci à F.
Primo, il eût fallu écrire un illisible « PARIS EST FI·ER·ÈRE »* ; secundo, comme le mot Paris est masculin (voyez « Paris brûle-t-il ? »), « Paris est fier/fière » ne veut rien dire ; il n’y avait donc pas d’autre possibilité que d’écrire « PARIS EST FIER » ; tertio, le mot « FIÈR » n’existe pas.
L’inclusif à tout prix et partout — et une cuillerée d’anglais pour les benêts bouche ouverte : « Paris prize for LGBT rights » ; en tout cas, pas fier de sa langue.
Fier de quoi donc ? fier d’être la « capitale mondiale des droits LGBTQI » (sic) — en attendant des LGBTQI-jklmnopqrstuvwxyz, encore plus ouverts et encore plus inclusifs.
Avec Saint-Malo, par exemple, cela pourrait donner des panneaux routiers comme « Saint-Malo est heureu.x.se de vous accueillir ». Tout ça pour désinvisibiliser les femmes ou pour donner les deux genres à un mot au nom de l’égalité des sexes — comme si Saint-Malo, Marseille ou Paris avaient un sexe ; pis, on voudrait leur en donner deux ? Tous les mots masculins ont droit au féminin, et inversement !
Une sorte de Mai-68 fait par de vieux jouisseurs au pouvoir pas même capables d’écrire un mot en inclusif sans y faire deux fautes, ça donne une idée du nombre de neurones qui chez eux fonctionnent encore ou de leur égalitarisme, de pure façade.
2018 : https://archive.is/yGQtM
2019 : https://archive.is/svsFm
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* Existent également les solutions « FI·E·È·R·E » et « FI·E/È·R·E », encore plus sympa, encore plus baroques.
• 25 mai 2018
Leçon 495/828. – Paris : 5,90 euros pour manger de la crotte
Dans une boulangerie parisienne.
• 26 mai 2018
Leçon 496/829. – Le « mâle blanc ». Perte du son, 1
Perte du son, perte du sens.
Primo, le son â se perd et presque tout le monde, comme le président Emmanuel Macron « fin lettré » (voir la leçon 409), prononce mâle blanc comme mal blanc ; font de même la plupart des journassots.
Secundo, qu’est-ce qu’un mal blanc ? Une maladie ; c’est en effet le nom courant du panaris, « infection aiguë d’un doigt » (Grand Dictionnaire encyclopédique Larousse, 1982-1985).
D’ici que la blancheur de la peau soit considérée comme une maladie.
Voici la phrase complète et exacte, qui est un charabia, loin du langage du « fin lettré » :
Quelque part [sic], ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent [sic] l’un un rapport, et l’autre disant [sic] : « On m’a remis un plan, je l’ai découvert. »*
Maintenant on traduit le début :
Quelque part, ça n’aurait aucun sens que deux panaris ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent l’un un rapport...
« S’échangent l’un un rapport, et l’autre disant » : grosse bancalité de phrase, qui ne marche que sur une jambe. Et où est l’échange ?
Nous disions il y a peu que la langue de Macron était pire (voir les leçons 254 et 257) que celle de François Hollande. Oui, elle est bien pire, et Macron est plus Potemkine, plus dans la pose branchée (dans cette courte vidéo de 1 minute 46 secondes, il dit deux fois « c’est vrai que » et une fois « quelque part ») et dans la frimerie et la séduction (changement brusque, inattendu d’intonation pour se faire charmeur et confidentiel : c’est du théâtre, pas du tout rare chez Macron, la voix se fait plus grave et le débit est ralenti — exemple à 42 secondes : « elle nous conduit à changer de méthode »).
Plusieurs journaux de la Toile, comme BFMTV, ont remanié la phrase pour lui donner une apparence de sens :
« Ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent un rapport », déclare Macron à propos du plan Borloo.
Nous rappelons que Jean-Louis Borloo et lui ne se sont pas échangé un rapport. Pour que deux personnes s’échangent un rapport, il faut qu’il existe deux rapports, et seul Borloo en a écrit un, qu’il a remis au président à la « pensée complexe » (sic ; revoir la leçon 257, où nous décrivons bien cette pensée effilochée et déstructurée du président).
N. B. 1. Le lecteur s’amusera comme nous de son explosion à 1 minute 8 secondes : « I’ zont envie d’ faire ! », avec un faire employé absolument. On sent que c’est très pressant.
N. B. 2. Style macronien : voir aussi la leçon 410 — et bien d’autres, comme la 261.
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* Vidéo, à 51 secondes : https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/banlieues-ca-n-aurait-aucun-sens-que-deux-males-blancs-ne-vivant-pas-dans-ces-quartiers-s-echangent-un-rapport-declare-macron-a-propos-du-plan-borloo-1075955.html
• 26 mai 2018
Leçon 497/830. – Le « mâle blanc ». Perte du son, 2
Perte du son, perte du sens.
Outre le son â (oppositions mâle/mal, pâte/patte...), le son eû de jeûne se perd (opposition jeûne/jeune), l’opposition ô/o...
Chez les journassots depuis longtemps les tâches ménagères sont devenues des taches ménagères.
Perte du son, perte du sens.
Et ces h aspirés que même les professionnels de l’audio ne respectent pas : « il ne faut pas Zhurler », « un Nhaussement d’épaules »...
Les jocrisses au garde-à-vous appelleront ça bien sûr l’« évolution » de la langue. Diront doctement qu’une langue qui n’« évolue » pas meurt. Qu’elle passe de mûre à pourrie ne peut effleurer leur esprit. Idem pour la France en général, qui selon eux « évolue » — l’inconvénient de ce verbe, c’est qu’il est fortement teinté de méliorativité.
• 27 mai 2018
Leçon 498/831. – Le « mâle blanc ». Le logogriphe Macron, 1
La journaliste Sophie Coignard de Lepoint.fr rapportant par écrit les propos d’Emmanuel Macron ajoute du désordre au désordre. En effet elle met en italique ces deux phrases qui devraient être en romain : « Ce n’est pas vrai. Ça ne marche plus comme ça. » Elle n’a donc pas compris.
Lisons ; Macron parle ainsi selon Coignard :
Ca [sic, sans cédille] n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent l’un un rapport, l’autre disant : On m’a remis un plan… Ce n’est pas vrai. Ça ne marche plus comme ça.
Pour comprendre Macron et pour comprendre un Macron rapporté infidèlement par un journaliste, une fois de plus il faut être Champollion : Macron imagine deux hommes blancs, l’un (qui ressemble à Borloo) qui remet un rapport et l’autre (qui ressemble à Macron) qui dit qu’on lui a remis un rapport contenant un plan d’action et qu’il l’a lu (« je l’ai découvert »).
Noter : une fois de plus, on voit bien qu’il n’y a pas d’échange.
Malgré les apparences, ces deux hommes blancs ne sont pas exactement Jean-Louis Borloo et Macron. Dans l’exemple, le destinataire du rapport appliquerait bêtement le plan qu’il a commandé, mais lui Macron est un homme sage, il n’applique pas le plan qu’il a commandé et il s’en explique : « C’est pas vrai [sic !]. Ça marche plus comme ça ! »
Infidélités. On aura remarqué que la journaliste Coignard ajoute deux négations dans les propos de Macron : « Ce n’est pas vrai. Ça ne marche plus comme ça. » Ensuite elle oublie le mot « et » devant « l’autre disant », enfin elle oublie « je l’ai découvert ». Belle accumulation de cafouillages donc.
Voici donc comment il faut retranscrire les propos de Macron :
Quelque part, ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent l’un un rapport, et l’autre disant : « On m’a remis un plan, je l’ai découvert. » C’est pas vrai ! Ça marche plus comme ça !
Bref, tout le monde s’y est mis pour créer cette bouillie finale. Quel logogriphe, quel pandémonium de la raison...
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http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sophie-coignard/macron-male-blanc-un-president-devrait-il-dire-ca-24-05-2018-2220912_2134.php
Archive : http://archive.is/XQzJt
• 27 mai 2018
Leçon 499/832. – Le « mâle blanc ». Le logogriphe Macron, 2
Nous l’avons dit dans d’autres leçons et nous tenons à le répéter :
On pourrait qualifier les discours d’Emmanuel Macron de « désespoir du commentateur » parce qu’il est impossible de faire une liste et un commentaire exhaustifs des problèmes qu’on y rencontre.
Et :
La pensée dite « complexe » d’Emmanuel Macron est en réalité le charabia d’une pensée simple mal exprimée.
Les propos d’Emmanuel Macron sont un puzzle infernal auquel il manque des pièces et du François Hollande concassé. Les communicants de l’Elysée l’avaient vu avant nous, et en lançant les mots de « pensée complexe » ils ont voulu déminer le terrain, nous envoyer sur une fausse piste et nous suggérer que Macron ne parle pas charabia, mais que sa pensée complexe parle complexe.
Les journassots, eux, ne se sont toujours pas aperçus de rien*, ou bien ils font mine de penser que Macron est difficile à comprendre parce qu’il est profond. Ils le ménagent, et nous en reparlerons.
« Pensée complexe » est l’élément de langage à propos du langage, nous le remplaçons volontiers par
« logogriphe infernal ». Il faudrait quelques centaines de signes de plus pour analyser entièrement — sans grand intérêt supplémentaire pour le lecteur — la courte déclaration mise en vedette dans notre précédente leçon, déclaration qui est très emblématique du langage macronien, logogriphal (et catastrophal, comme dirait Céline).
N. B. 1. Grosso modo et finalement, que nous a dit un Macron plutôt enjoué, camelot et très à son aise, sinon ceci : « Bonjour, les gens ! J’ai demandé un rapport, un plan, j’ai mobilisé pendant sept mois une équipe autour de Jean-Louis Borloo, des maires, des associations, de simples particuliers, mais je ne m’en servirai pas, d’ailleurs je n’ai jamais eu l’intention de m’en servir ! » ? Perte du son, perte du sens des choses, c’est le logogriphe Macron. Un peu plus de déconcertement (sauf chez les journalistes, en effet aucun ne tombe de sa chaise) et de désordre ajoutés au chaos.
N. B. 2. Le mâle blanc aujourd’hui, demain la femelle blanche ? (Ira-t-il jusqu’à oser le mâle noir et la femelle noire ?) En tout cas, nous constatons que, en qualifiant Louis Borloo de mâle blanc, il manque une nouvelle fois de respect envers l’auteur du rapport.
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* Ils « ne se sont toujours pas aperçus de rien », voir la leçon 504 ci-dessous.
• 29 mai 2018
Leçon 500/833. – Guillemets et citations infidèles
Nous disions plus haut que plusieurs journaux du web ont remanié ou cité inexactement des propos d’Emmanuel Macron. Pour commencer, nous rappelons les propos initiaux, complets et exacts* :
Quelque part, ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent l’un un rapport, et l’autre disant : « On m’a remis un plan, je l’ai découvert. » C’est pas vrai ! Ça marche plus comme ça !
Chez BFMTV, comme on l’a dit plus haut, la première phrase est remaniée pour qu’elle ait une apparence de sens (mais seulement une apparence, car le journaliste ne relève pas qu’il n’y a pas eu d’échange ; d’ailleurs aucun journal ne le relève) :
Ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent un rapport.
Chez Lepoint.fr, en plus d’une modification peut-être involontaire (un oubli), le journaliste ajoute les négations manquantes et « c’ » devient « ce » pour que les propos soient plus présentables venant d’un président, pour que ça fasse moins populo (alors que Macron, s’adressant entre autres au populo des banlieues déshéritées et dites populaires, tenait peut-être à faire populo ; et c’est par deux fois que le président court-circuite la négation, ce n’est donc probablement pas par erreur, ce n’est probablement pas involontaire ; on pourrait considérer que cette transcription le trahit) ou parce que le journaliste n’ose pas, parce qu’il a honte pour Macron (« Un président devrait avoir plus de tenue ! C’est choquant ! »), et « C’est pas vrai ! Ça marche plus comme ça ! » devient :
Ce n’est pas vrai. Ça ne marche plus comme ça.
Chez Lefigaro.fr, selon Gilles William Goldnadel, homme ordinairement avisé, Macron aurait dit (le tout entre guillemets, comme tous les autres propos cités) :
Deux mâles blancs ne vivant pas dans les banlieues se remettent un rapport sur les banlieues: ça ne marche plus comme ça.
Citation inexacte également, comme si Goldnadel citait de mémoire et sans prendre garde à ce qu’il dit (« [ils] se remettent un rapport » ; de plus, à tort il remplace « quartiers » par « banlieues » alors que dans certains quartiers de grandes villes se posent les mêmes problèmes qu’en banlieue).
Pas mieux chez Causeur.fr ni chez Valeursactuelles.com.
Chez Causeur.fr, le « Ça n’aurait aucun sens », un peu lourd, pataud, devient...
Cela n’aurait aucun sens.
... plus élégant.
https://www.causeur.fr/males-blancs-banlieues-belattar-macron-151425
Chez Valeursactuelles.com, on toilette encore plus le texte, et « Ça marche plus comme ça » devient :
Cela ne marche plus comme ça.
C’est quasiment de la récriture.
Une fois de plus, on peut se poser la question : mais à quoi donc servent les guillemets chez les journalistes, guillemets qui devraient n’encadrer que des citations vraies et exactes (voir entre autres la leçon 480) ?
Ne pas citer exactement, consciencieusement, c’est implicitement sous-estimer l’importance des mots, de chaque mot, du moindre mot, et que vaut un professionnel du mot qui n’accorde pas aux mots la valeur qu’ils méritent ? Sacré paradoxe, un journaliste ne devrait-il pas avoir un respect quasi religieux pour les mots et a fortiori pour les mots d’autrui ?
Qu’en conclure ? journalistes et politiques, même niveau d’incompétence et même frime — ce qui n’est pas une découverte, la pelle vaut le fourgon.
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* Vidéo, à partir de 51 secondes : https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/banlieues-ca-n-aurait-aucun-sens-que-deux-males-blancs-ne-vivant-pas-dans-ces-quartiers-s-echangent-un-rapport-declare-macron-a-propos-du-plan-borloo-1075955.html
• 5 juin 2018
Leçon 501/834. – revenant
Le substantif « revenant » déjà dans le Larousse 2018 ? C’est en tout cas ce qu’affirme l’auteur de ce texte :
En 2016, le spécialiste du djihad David Thomson avait publié un ouvrage intitulé « Les revenants : ils étaient partis faire le djihad, ils sont de retour ». Ce néologisme « revenant », servant à désigner les djihadistes partis de France pour rejoindre les théâtres d’opération irako-syriens s’est depuis imposé, jusqu’à faire son entrée dans la nouvelle édition du Larousse en 2018.
• 6 juin 2018
Leçon 502/835. – souciez/souciiez
Page 82*
Avant, vous ne vous en souciez guère. [Erreur de temps, de graphie.]
Page 83*
Maintenant vous vous souciez beaucoup plus de moi. [Bon.]
Ce temps où vous ne vous souciez pas de moi. [Erreur de temps, de graphie.]
A l’époque où vous ne vous en souciez pas autant qu’aujourd’hui. [Erreur de temps, de graphie.]
Bon : 1 seulement sur 4. Un tel aveuglement du correcteur, qui laisse passer trois fois la faute, est surprenant ; mais peut-être tout simplement le livre n’a-t-il pas été relu par un correcteur, lequel correcteur, quoique toujours très mal payé, coûte toujours trop cher à l’éditeur.
Merci à F.
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* Extraits de la Lucarne de José Saramago, éditions du Seuil collection « Points », 2014.
• 7 juin 2018
Leçon 503/836. – Et maintenant « l’homme blanc de plus de 50 ans » de Françoise Nyssen, ministre de la Culture
Cette leçon ne relève pas exactement de la langue française, mais, comme nous avons parlé plus haut du « mâle blanc » d’Emmanuel Macron, nous tenons à faire cette suite.
Françoise Nyssen, ministre de la Culture et femelle blanche de plus de 50 ans (née en 1951), a, elle aussi, des choses à reprocher à l’homme blanc, et ça devient très inquiétant ; ce rejet explicite, public, revendiqué et réitéré prend des proportions inédites et alarmantes. Extrait de son discours* du 4 juin 2018 :
Le pays des Lumières, sur ce sujet de la diversité, est hautement réactionnaire. Avec une volonté politique sans ambiguïté, notre média engagé changera les mentalités sur le terrain. Delphine**, tu as dû te sentir bien seule lorsque tu portais un constat à la fois évident et courageux : « l’homme blanc de plus de 50 ans », vous vous en souvenez. Tu n’es plus seule. Je porterai cette exigence avec autant de passion qu’au sein*** de mon ministère. Je n’aurai pas de tabou.
Racisme, racialisme, sexisme, anti-cinquantisme, propos nauséabonds... ? où sont passés les indignés habituels ?
Cette même Françoise Nyssen a déclaré le 22 mai 2018 devant la commission des affaires culturelles et la commission des lois de l’Assemblée nationale que « la capacité de discernement des citoyens » ne suffisait pas à ces derniers pour discerner le vrai du faux****, et qu’une loi anti-fausse nouvelle était donc nécessaire. Cette dame a beaucoup trop de choses à reprocher à ses concitoyens pour nous paraître sympathique. Nos gouvernants, aveugles à la colère impuissante et grandissante des gouvernés, sont chaque jour plus ouvertement cyniques, antifrançais et antipeuple. Très mauvaise pente, et sentiment de sécurité, qu’on peut tout se permettre très trompeur.
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* http://www.culture.gouv.fr/Presse/Discours/Discours-de-Francoise-Nyssen-ministre-de-la-Culture-prononce-a-l-occasion-de-la-conference-de-presse-Audiovisuel-public-presentation-du-scenario-de-l-anticipation-le-lundi-4-juin-2018
Archive : http://archive.is/uNFyi
** Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, qui déclara en 2015 : « On a une télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans et ça il va falloir que ça change. » (Rappel : 2009, première occurrence médiatisée de l’expression « mâle blanc » ; Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva, déclare : « A compétence égale [...], on choisira [...] autre chose que le mâle blanc. »)
*** Nous supposons qu’il faut ne pas tenir compte du « qu’ », et lire : « avec autant de passion au sein de mon ministère ».
**** Nyssen a noblement déclaré : il ne faut pas « pas céder [sic] à la démagogie [sic], en renvoyant à la seule capacité de discernement des citoyens » (source, ministère de la Culture : PDF ; ou vidéo de l’Assemblée nationale vers 55 minutes). Il ne faut « pas céder à la démagogie », dit-elle, mais chaque jour les gouvernants cèdent un peu plus au mépris envers le peuple, de plus en plus visiblement, et c’est bien là, personne n’en disconviendra, tout le contraire de la démagogie. Ne dirait-on pas que les politicards n’ont que deux options, la démagogie ou le mépris ?
On remarquera, une fois de plus, que des dizaines de petits médias du web ne citent pas ses propos exactement, bien qu’ils mettent des guillemets : « La capacité de discernement des citoyens ne suffit plus », aurait selon eux déclaré Nyssen. Les médias amateurs suivent les mauvais exemples des médias professionnels (voir entre autres la leçon 500 ci-dessus) et, semble-t-il, s’entre-copient.
• 11 juin 2018
Leçon 504/837. – « Les journassots, eux, ne se sont toujours pas aperçus de rien »
« Les journassots, eux, ne se sont toujours pas aperçus de rien », écrivions-nous dans la leçon 499 ci-dessus. Un lecteur ayant mis en doute la bonne grammaticalité de la phrase, nous avons écrit au service du dictionnaire de l’Académie française.
Extrait de notre lettre :
[...] J’ai une question délicate à vous poser, elle concerne l’utilisation du mot « rien ».
Étant donné qu’on peut écrire, par exemple, « Tu n’as pas sujet de rien appréhender », où « rien » a son sens originel de « une chose », puis-je écrire [...] « Ils ne se sont toujours pas aperçus de rien » au sens de « Ils ne se sont toujours pas aperçus de quelque chose » ?
Au demeurant, pour ma part et réflexion faite, « Ils ne se sont toujours pas aperçus de rien » me semble correct.
En vous remerciant [etc.].
[Signature]
Réponse (citée intégralement sauf la signature), le lendemain, du service du dictionnaire :
Monsieur,
Cette phrase n’est guère en usage parce qu’elle risque d’être mal comprise.
Cordialement,
[Signature]
Nous demandions un oui ou un non, on nous répond à côté : usage et intelligibilité.
Mais, primo, de quelle phrase (« cette phrase n’est guère en usage ») notre correspondant parle-t-il et, secundo, pourquoi parle-t-il de phrase plutôt que de tournure de phrase, seule expression adéquate ?
S’agit-il de la phrase « Tu n’as pas sujet de rien appréhender » ou de « Ils ne se sont toujours pas aperçus de rien » ? Nous penchons, sans certitude, vers la deuxième.
Si nous devions noter la réponse du service du dictionnaire, elle mériterait un franc 0 sur 10 ; et elle ressemble à une fuite.
Dans une nouvelle lettre nous avons demandé des éclaircissements, mais, connaissant un peu le service du dictionnaire, nous parions que nous n’en aurons pas (voir l’affaire de « démultiplier » dans les leçons 319 et 339 entre autres).
• 20 juin 2018
Leçon 505/838. – C’est nouveau : la « patrouille statique sur place »
Mercredi 20 juin 2018 à 10:35
Par Florence Beaudet*, France Bleu Drôme-Ardèche
[Titre] Un homme menace de "mitrailler tout le monde" au nom de Daech au palais de justice de Valence
[Texte] S’agit-il de propos d’un déséquilibré ? Y-a-t-il [sic pour l’orthographe] réellement une menace ? Les policiers de Valence ont pris l’affaire très au sérieux. La sécurité autour du bâtiment a été renforcée avec une patrouille statique sur place.
Autrement dit la mobilité immobile non mobile.
Remarquer aussi que Florence Beaudet affirme qu’il y a menace (« Un homme menace de »...), puis qu’elle se demande s’il y a menace (« Y-a-t-il [sic] réellement une menace ? »). Racolage et contradiction typiquement journassotiers (c’est le classique « Oui, mais non »/« Non, mais oui » de remplissage et d’attrape-benêt ; voir, entre autres, Anne-Gabrielle Roland-Gosselin dans la leçon 413).
https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/valence-un-homme-menace-et-se-revendique-de-daech-au-palais-de-justice-avant-de-s-enfuir-1529483670
Archive : http://archive.is/O94ag
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* « Journaliste et rédactrice en chef à France Bleu Drôme Ardèche. À Radio France depuis 1989, d’abord reporter à France Inter et France Culture, puis France Bleu Berry, je [Florence Beaudet] suis ensuite passée par Montpellier à France Bleu Hérault. » Impressionnant.
Mise à jour du 22 juin 2018. L’article a été largement modifié, mais subsiste l’archive : http://archive.is/O94ag
• 21 juin 2018
Leçon 506/839. – « Le Dicthographe, méga-dictionnaire de la langue française »
https://sites.google.com/site/ledictho/
• 21 juin 2018
Leçon 507/840. – « Abécédaire raisonné du néo-crétinisme »
Le site fourmille de remarques intéressantes sur la langue des médias.
• 22 juin 2018
Leçon 508/841. – Le bulletin blanc marqué d’une croix promis à un bel avenir
Académie française, http://www.academie-francaise.fr/actualites/election-blanche-au-fauteuil-de-m-michel-deon-f8
Élection blanche au fauteuil de M. Michel Déon (F8)
Le 21 juin 2018
Élection
L’Académie française (30 votants), dans sa séance du jeudi 21 juin 2018, a procédé à l’élection au fauteuil de M. Michel Déon (F8). Les voix obtenues, aux trois tours de scrutin, sont les suivantes :
M. Jérôme Clément : 3, 6, 1
M. Frédéric Mitterrand : 11, 11, 11
M. Bruno Racine : 8, 7, 8
M. François Taillandier : 2, 2, 3
Bulletins blancs : 2, 0, 0
Bulletins blancs marqués d’une croix : 4, 4, 7
Aucun candidat n’ayant obtenu la majorité, l’élection est blanche et reportée à une date ultérieure.
Nous découvrons le bulletin blanc marqué d’une croix, qui indique le rejet de tous les candidats ; ce bulletin a un bel avenir, il devrait être généralisé à tous les types d’élections, dont les politiques. Il a un sens moins imprécis que l’abstention (qui, semble-t-il, ne se pratique pas à l’Académie).
• 2 juillet 2018
Leçon 509/842. – « PARIS EST FIÈR·E » : la Mairie se prend une nouvelle fois les pieds dans l’inclusif, 2
La Mairie de Paris est si fière de son stupide barbarisme qu’elle en a fait un étendard.
https://twitter.com/Stephane_Fort/status/1013426048455847936
• 4 juillet 2018
Leçon 510/843. – « Le pourquoi du comment », ou le niveau monte
« Il manque le principal : le récit de cette nuit du 27 au 28 octobre 2017 où tout a basculé, sa chronologie, le mobile, le pourquoi du comment, l’avant et l’après… Bref, des faits précis », avait observé Me Florand.
Ici c’est un avocat (Me Florand) qui parle dans une affaire grave, d’homicide volontaire. « Le pourquoi du comment », expression pourtant presque aussi risiblement fautive que « à l’insu de mon plein gré » ou que « la goutte d’eau qui a mis le feu aux poudres », est passée dans l’usage sérieux, comme nous le remarquons depuis plusieurs mois. L’avocat en employant cette expression risible ne risibilise-t-il pas son client et son affaire ? n’est-ce pas bouffonner sur un sujet grave ?
Réjouissons-nous que partout le niveau monte.
Voir aussi la leçon 45.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/meurtre-d-alexia-daval-le-mari-evoque-un-complot-familial-04-07-2018-7806576.php
Archive : http://archive.is/ugd6d
• 8 juillet 2018
Leçon 511/844. – Une très agaçante et trop récurrente pratique journassotière
[Titre] Au cœur de l’usine qui fabrique vos pièces de monnaie
Une très agaçante et trop récurrente pratique journassotière, vos au lieu de nos.
Parce que toi le journassot tu n’utilises pas ces pièces de monnaie ? et tu ne paies qu’en billets de 500 euros ?
• 14 juillet 2018
Leçon 512/845. – « C’est pourquoi nous nous battons pour la langue française partout à travers le monde », 1
Sur le discours de M. Emmanuel Macron le lundi 9 juillet 2018 devant le Parlement réuni en congrès à Versailles.
Même si « seul le prononcé fait foi » comme il est déclaré sur la page du site de l’Elysée transcrivant le discours de M. Macron, il serait bon et il est même indispensable que le texte de la transcription soit irréprochable. Hélas, irréprochable il ne l’est pas. Il n’a même pas les apparences de viser à l’irréprochabilité tant il s’en éloigne (coquilles, bourdons, ponctuation absente ou fautive...). Noter que la phrase « C’est pourquoi nous nous battons pour la langue française partout à travers le monde » est extraite du discours de M. Macron.
A suivre.
http://www.elysee.fr/declarations/article/discours-du-president-de-la-republique-devant-le-parlement-reuni-en-congres-a-versailles/
Archive : http://archive.is/q7eV6
• 14 juillet 2018
Leçon 513/846. – « C’est pourquoi nous nous battons pour la langue française partout à travers le monde », 2
Voici une partie des problèmes (fautes de syntaxe, d’orthographe, pléonasmes, bourdons, lamartinisme, charabia) que nous avons rencontrés lors de la lecture de la transcription sur Elysee.fr du discours de M. Emmanuel Macron du lundi 9 juillet 2018 devant le Parlement réuni en congrès à Versailles.
... tout le monde souhaite la baisse des impôts ; parfois, d’aucuns les proposaient plus que celles qu’applique à l’heure actuelle le Gouvernement
... et de contrarier ce faisant plusieurs décennies que toutes majorités ont mises en œuvre pour la réduction des déficits publics
... ce travail de simplification, d’ouverture de notre économe, favorisant l’initiative économique et la création d’emploi
C’est des décisions radicales en la matière ont été prises : l’école maternelle obligatoire à 3 ans fait partie de ces mesures dont nous devons être fiers
Aussi je demanderai à tous un effort collectif
Or, je crois qu’il y a là aussi une voie française, celle qui permet de conjuguer en même temps le progrès économique et le progrès social
La priorité de l’année qui vient est simple : nous devons construire l’État Providence du XXe siècle [au lieu de XXIe siècle]
... auquel nous serons toutes et tous confronter
... les classes populaires et moyennes qui n’ont pas forcément choisi là où elles habitent
... il avait même peut paraître dérisoire, lorsque dès avant mon élection, je m’étais engagé en faire la grande cause du quinquennat
Il que tout le monde sache que...
... nous clarifierons cette situation en donnant à l’islam un cadre et des règles garantissant qui s’exerceront partout de manière conforme...
... un combat est en train de se livrer qui finira le projet de l’Europe à avenir
La France porte sa voix, elle est écoutée parce que c’est une voix forte de c’est la voix de la raison
... je crois dans la possibilité de défendre les valeurs universelles qui nous ont faites [au lieu de faits]
Etc.
Rien de changé depuis M. François Hollande (voir nos nombreuses leçons sur le sujet, entre autres ici), Elysee.fr est toujours une vitrine de la cacographie française. L’Elysée se décidera-t-il un jour à engager des correcteurs ? Avant d’ambitionner de se battre « pour la langue française partout à travers le monde », l’Elysée ferait bien de se battre dans son propre pays et d’abord sur le tout petit terrain de son site. Ô dérision, une fois de plus le politicard prétend vouloir faire de grandes choses, mais est incapable de faire les petites.
• Statistiques de mots très positifs, très favorablement connotés :
— cœur, 12 occurrences ;
— engager, engagement, 22 occurrences.
http://www.elysee.fr/declarations/article/discours-du-president-de-la-republique-devant-le-parlement-reuni-en-congres-a-versailles/
Archive : http://archive.is/q7eV6
16 juillet. Suggéré aux Correcteurs précaires de proposer leurs services à Elysee.fr.
• 28 juillet 2018
Leçon 514/847. – Enième citation fausse
Enième citation fausse et énièmes guillemets injustifiés chez les journassots et chez les twittos.
En effet M. Emmanuel Macron parlant de l’affaire Alexandre Benalla n’a pas dit « qu’ils viennent me chercher », mais « s’ils veulent un responsable, il est devant vous ; qu’ils viennent le chercher ».
Un exemple entre cent, une vidéo et sa transcription fautive :
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/07/24/25001-20180724ARTFIG00331-macron-sur-l-affaire-benalla-s-ils-cherchent-un-responsable-c-est-moi-et-moi-seul.php
Archive : https://archive.is/ksFlB
Mise à jour de décembre 2018. Voir aussi la leçon 676
• 1er août 2018
Leçon 515/848. – A voir sur Facebook, 1
Groupe Aide entre correcteurs : https://www.facebook.com/groups/2087886578099124/
Certaines questions relèvent plus de l’aide entre simples usagers de la langue que de l’aide entre correcteurs professionnels, mais la page peut évoluer.
Pour notre part, les groupes Facebook nous lassent très vite.
Mise à jour du 8 août. Lassé et agacé nous avons quitté le groupe. Les membres d’Aide entre correcteurs demandent des conseils, mais se vexent rapidement si on leur fait remarquer sans prendre des gants beurre frais que telle pratique n’est pas du tout professionnelle ou que telle question sur un problème très simple est un peu surprenante sous la plume d’un correcteur de métier. Fiers et ombrageux. Peu de chances que la page évolue, puisque la tenancière elle-même se vexe... et menace de nous virer ! Eh bien, discutez donc entre dilettantes.
• 1er août 2018
Leçon 516/849. – « Nom commercial, raison ou dénomination sociale, enseigne : quelles différences ? »
https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F23283
• 7 août 2018
Leçon 517/850. – A voir sur Facebook, 2
Aide entre correcteurs : https://www.facebook.com/groups/2087886578099124/, suite.
Beaucoup de relâchement dans certains commentaires (pas de capitale en début de commentaire, paresses d’écriture, coquilles — pourtant les auteurs peuvent rectifier leurs commentaires dans Facebook grâce à la fonction modifier —, syntaxe ramollie...).
Correction, relâchement de la plume (laxisme et coolitude) et amateurisme ne peuvent coexister.
Un de nos commentaires :
Lesmedias Merendentmalade
3 août, 09:53
«Les choix ortho. et typo. que j’ai faits»?
Qu’on me pardonne de me répéter. Prenons garde de donner de mauvaises idées aux débutants de cette page ou de jeter la confusion dans leurs esprits en mettant de manière répétée sous leurs yeux de mauvaises graphies sans qu’elles soient relevées.
On n’écrit pas «Les choix ortho. et typo. que j’ai faits»; c’est un peu comme si on écrivait «Je préfère regarder un film à la télé. qu’au ciné., ça me coûte moins cher».
N. B. En général les points abréviatifs se placent après une consonne (v. code typo), ainsi on pourra écrire «orthogr.» pour «orthographe» ou pour «orthographique», mais pas «ortho.» (ni «orthog.»).
On écrira donc: «Les choix ortho et typo que j’ai faits.»
(Un commentateur s’offusque qu’un correcteur exigeant comme nous le sommes ne mette pas d’espace là où il faudrait une insécable. Nous lui répondons qu’à notre connaissance on ne peut pas faire d’insécable sur Facebook et que nous ne voulons pas voir flotter en début de ligne un guillemet fermant ou un deux-points, par exemple.)
Mauvaise image, mauvaise réclame pour les correcteurs. Souhaitons que les éditeurs qui pourraient leur donner de l’ouvrage ne les lisent pas.
Rappelons qu’on ne peut pas non plus faire d’italique ni de gras (énumération non « exhaustive », comme disent les gens lettrés) sur Facebook, outil typographiquement très pauvre, donc peu adapté au sujet de la correction de la langue écrite.
N. B. « En général les points abréviatifs se placent après une consonne » : nous aurions dû écrire « se placent après une consonne et avant une voyelle (“orthogr.” et non “orthog.”) ».
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Dossiers
• Le style c’est l’homme, analyse de l’expression macronienne ici
• Lesdites « Rectifications de l’orthographe » de 1990, analyse d’un cafouillage ici
• Le style déplorable des historiens ici
• Le piège de la locution « sauf à » ici
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